dimanche 5 septembre 2010

Chants de l'amour pur




Les chansons sont présentes dans la vie mystique de tous les maîtres qui nous intéressent ici. Utpaladeva, le philosophe de la Reconnaissance, fût également un poète mystique et un maître de musique. Abhinavagupta de même. Les sages du bouddhisme tantrique (Saraha et les autres) nous ont laissé les plus anciens chants en langues dites vulgaires, avec les modes musicaux (râgas) adéquats.
De même, la spiritualité du pur amour a pratiqué le chant. A côté du grégorien, des gens comme Madame Guyon nous ont laissé des poèmes avec leurs airs. Voici quelques extraits d'une sélection proposée par Dominique Tronc :

L'âme ainsi qu'un fleuve s'écoule
Par la volonté dans l'Amour :
Dieu la meut ainsi qu'une boule ;
Elle obéit sans nul détour.
(...)
Je ne possède plus de moi,
Toujours étrangère à moi-même :
Je vis sans connaître de loi,
Suivant toujours la loi suprême ;
Tout ainsi qu'un petit enfant
Remué par un bras puissant.
(...)
Principe de mon mouvement,
Souverain auteur de mon être,
Tu me conduis rapidement,
Après t'être rendu le maître :
Je Te suis comme un pauvre fou,
Le plus souvent sans savoir où.
(...)
Je ne puis rien prévoir
Je ne sais qui me mène ;
Je n'ai plus aucun pouvoir,
Et je n'en ai point de peine :
Ma route est incertaine ;
Je ne puis rien vouloir.
(...)
D'abord, Il attire, unit et concentre
Les puissances rejointes en un point.
Quand Dieu possède entièrement le centre,
Les sens reçoivent, ne dissipent point.
Amour en soi peu à peu nous transforme.
Les puissances trouvent la vérité.
Même les sens changent aussi de forme,
Et tout se retrouve dans l'unité.
(...)
Plus notre amour est pur et se concentre,
Moins il paraît d'étincelle au-dehors :
Quand la charité devient notre centre,
On ne remarque plus aucun transports.
L'obstacle au feu cause les étincelles :
Sans quoi, il brûlerait tranquillement :
Quand les âmes sont souples et fidèles,
On ne voit à leur feu nul mouvement.
Le pur amour est une flamme droite,
Qui sans se recourber tend à son Dieu.
(...)
J'aime mon Dieu cent fois plus que moi-même ;
Et cependant je ne sens point d'amour !
L'homme perdu dans l'Essence Suprême
Ne connaît plus ni ténèbres ni jour.

Écoutons les chants de Hildegard de Bingen. La chanteuse, Barbara Thornton, a lancé la renaissance de sa musique, avec son groupe :

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