jeudi 3 février 2011

L'absolu comme écosystème

"Les gouttes tombées des nuées, évaporées de l'océan, ne trouvent nul repos tant qu'elles n'ont pas atteint, malgré tous les obstacles, leur demeure océane. L'âme incarnée selon Ta volonté peut certes errer pour un temps par diverses voies de son choix, mais elle ne peut trouver la paix tant qu'elle ne te rejoint pas, Toi la source. Un oiseau peut bien voler de-ci, de-là, il ne peut demeurer dans le ciel. Il doit retourner sur ses traces jusqu'à trouver sur la terre ferme son repos. De même, l'âme doit se convertir à Toi, ô Mont Arunâchala, et s'absorber de nouveau en Toi seul, océan de félicité. "

Ramana, Cinq hymnes à Arunâchala, trad. à partir de la traduction anglaise du Pr. Swaminathan, p. 125


La métaphore du cycle de l'eau est filée par Longchenpa dans Le Coffre aux trésors des écritures, commentaires à L'Elément réel - un précieux trésor, chapitre treize, Où il est montré [comment] on se “ré-Éveille” sans effort ni pratique (selon la traduction de S. Arguillère). Le passage ressemble à ceci, si l'on se réfère à la belle traduction de Richard Barron (pp. 395-396) :

"L'essence est pareille au soleil qui brille en toute clarté
dans l'étendue de l'espace élémentaire de tous les phénomènes.
Toute chose se manifeste sans limite à cause de son énergie dynamique,
pareille aux rayons du soleil.
Ils diffusent leur chaleur sur la terre et sur les masses d'eau, de sorte qu'un déploiement de nuages se manifeste, formé de vapeur d'eau.
Ceci obscurci l'essence elle-même et son énergie dynamique.
De même, à cause de la manifestation impure de l'énergie dynamique qui dérive naturellement de l'essence même, notre perception de la réalité - l'essence pareille au cœur - est voilée.
L'univers des apparences et des possibilités consiste en un nombre inconcevable de perceptions basées sur la confusion.

L'énergie dynamique des rayons du soleil met en branle le vent
qui disperse les nuages.
De même, quand on réalise l'essence de l'être,
sa manifestation est perçue comme son ornement.
La confusion, qui a toujours été libérée, est à présent libérée
sur place."

Madame Guyon a consacré un livre entier, l'un de ses meilleurs, à l'exploration de cette image. Larges extraits dans cette anthologie.

Dans la Reconnaissance de même, le Soi s'emprisonne lui-même et se délivre "lui-même", c'est-à-dire en toute liberté, sans avoir recours à quoi ou à qui que ce soit. :

"Le Souverain des dieux se lie lui-même et se libère lui-même.
Il est lui-même le sujet qui éprouve (jouissance et douleur)
Et il est lui-même le sujet qui connaît.
Qu'il s'examine donc lui-même ! "

Traité de l'Essence (Sâra-shâstra)


L'image de l'oiseau quittant le mât d'un navire (technique autrefois employée pour détecter la présence d'une terre émergée) se retrouve bien sûr dans les textes de la Mahâmudrâ et de ses dérivés, mais aussi dans l'Amanaskayoga, traduit par T. Michael dans Aspects du yoga.


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