jeudi 2 juillet 2015

Libre-arbitre ou déterminisme ?


Sommes-nous déterminés par les lois de la nature au même titre qu'un caillou, ou bien sommes-nous doués de libre-arbitre, c'est-à-dire d'une volonté libre, capable de se déterminer elle-même selon sa conscience ?

D'un côté, les traditions spiritualistes affirment que l'homme est doué de libre-arbitre. Ce postulat est indispensable à toute morale. 

Mais de l'autre, le progrès des connaissances scientifiques a apporté de plus en plus d’éléments qui viennent réfuter le libre-arbitre.

Or, quelque soit la force de ces arguments, il reste que l'on se ressent comme libre. Le libre-arbitre est impossible à prouver, mais le déterminisme est contredit par notre expérience la plus intime.

Comment alors réconcilier ces deux points de vue apparemment opposés ?

Il existe une solution dualiste, classique tant en Occident qu'en Inde, qui consiste à dire que la conscience est autre chose que la matière, et donc qu'elle n'est pas déterminée par elle. Mais alors, comment expliquer leurs interactions ? Comment, par exemple, fait-on pour bouger un doigt ? Cette solution débouche donc sur le problème de l'interaction du corps et de l'esprit.

Il existe une autre solution, très populaire actuellement dans les milieux non-dualistes d'inspiration védântique ou bouddhiste, et qui consiste à dire que le "moi" n'étant qu'une illusion, le libre-arbitre n'existe pas, et que donc le (faux) problème est résolu. L'arrière-plan de cette solution est clairement matérialiste. Dans cette solution en effet, la conscience ne joue aucun rôle. Du coup, le défenseur de cette solution en vient à se réfuter en affirmant qu'il n'existe aucun libre-arbitre, aucun moi, nulle conscience. Il affirme qu'il n'existe pas et, dans ce geste, il confirme qu'il existe ! C'est le problème du bouddhisme depuis le début.

Une autre solution est celle de la non-dualité intégrale, la non-dualité qui n’exclut ni l'unité, ni la dualité.
Elle consiste à reconnaître que

La liberté de la conscience universelle 
est 
la nécessité de la nature.

Ce qui apparaît comme nécessité à l'individu est la libre créativité de la conscience universelle. Mais il n'y a qu'une conscience qui assume librement ces différents rôles. Un peu comme dans un jeu où j'invente librement les personnages avant de me soumettre aux déterminismes liés à leur condition. Il en va de même pour les lois de la nature. Cet ensemble est le corps ou la personnalité librement assumée par la conscience universelle. Elle est donc à la fois libre et soumise, libre même soumise, car soumise librement à ses propres décrets. 
De sorte que liberté et déterminisme sont les deux faces d'une même conscience. 

Et nous pouvons faire l'expérience directe de cette unité du libre-arbitre et de la nécessité quand nous faisons un choix, ou même au premier instant de n'importe quelle émotion. En ce premier élan, en effet, liberté et nécessité ne sont pas encore séparées. 
De plus, l'individu est doué de libre-arbitre parce qu'en sa réalité profonde, il est conscience universelle absolument libre. Si je peux lever le petit doigt, c'est parce qu'à cet instant, je prend conscience de moi comme conscience universelle, même si d'ordinaire cette plongée dans le Soi profond passe inaperçue.

Donc liberté et nécessité sont deux versants de la même chose.
Le déterminisme existe.
Le libre-arbitre existe.

Mais plus je me reconnais comme conscience et source de ces deux versants, plus je me ressens comme vraiment libre.

2 commentaires:

  1. Sur ce probleme du libre arbitre, et de manniere general sur le problem de la conscience et de la relation subjet objet, je voudrais vous posser une question, M Dubois. Je ne suis pas un expert dans le domaine des religions orientales, mais je vois que le Shivaisme de Cachemire prend la vision plutot subjectiviste pareil a des idealismes occidentals. Par example le platonisme et, je ne le sais, Fichte? L´idee de un superego, comme conscience universelle, Dieu, Shiva, se aproche de la vision de Fichte, et de la mystique chertienne. Le ego humaime disparait dans le ego de dieu.
    Mais, le bhoudisme, je coris, est plus pareil a des philosophies physiciennes, presocratiques? Ils insisntent sur les objects, pas sur le subject.
    Je ne sais si vous connaisez le libre de Jean-Louis Gabin sur l´oeuvre de Swami Karpatri, Sri Bhagavatitattva. Il est dit que la conscience comme caitanya est a la fois pramatr-pramana-prameya: connaiseur, object de connaisance et moyens de connaisance. Donc, vous pensez que cette voie de la Srividya, en dedans du Advaita Vedanta, est plus pres du bhouddisme ou du tantrisme? Je me discuple de mon francaise et de la faute des signes diacritiques dans le sanskrit, langue que je ne connais pas.

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  2. Bonjour Carlos,
    Oui la Shrividya est une tradition du tantra non-duel, sa philosophie est celle de la Reconnaissance (pratyabhijna), purement et simplement. Swami Karpatri était adepte de cette voie et il était familier de la philosophie tantrique de la Reconnaissance.
    Oui le bouddhisme réfute le sujet et le réduit à l'objet.
    Le Védanta réfute l'objet et le réduit au sujet.
    Le tantra non-duel montre que l'objet, c'est le sujet qui se manifeste librement ainsi.

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