jeudi 24 septembre 2009

Rencontres autour du Vijnâna Bhairava

Sarasvatî, Bhaktapur



Rencontres autour du Vijnâna Bhairava Tantra
Lectures de textes du shivaïsme du Cachemire animées par David Dubois



Ce tantra est le plus célèbre et le plus commenté depuis la redécouverte du shivaïsme cachemirien au début du XX ème siècle. Extrêmement original par rapport aux autres tantras, il se présente comme un extraordinaire catalogue d'expériences spirituelles allant des techniques yogiques les plus sophistiquées jusqu'aux circonstances de la vie quotidienne la plus banale. Nous lirons ensemble le tantra en sanskrit et ses commentaires traditionnels, ainsi que plusieurs textes apparentés. Le but de ces lectures est de partager nos interprétations dans une ambiance conviviale.

Chaque séance a lieu le dimanche de 14 à 16 heures à Nogent sur Marne, non loin de Vincennes. La prochaine séance aura lieu le dimanche 4 octobre 2009. Aucune connaissance du sanskrit n'est requise. Des photocopies du texte translittéré sont distribuées.

Si vous souhaitez venir, nous vous demandons juste d'écrire à l'auteur du blog afin de recevoir l'adresse où se tiendront ces rencontres.

Sans-forme doué de toutes les formes

Linga décoré dans le petit temple de Shankara à Pashupati Nâth, Kathmandou



Sans égard pour ce qui est temporel,

Abreuvant le corps et ses roues subtiles

De la grande réalisation de l’absence de corps,

Le yogin offre le monde en sacrifice. 319


Je célèbre à chaque instant le Soi,

Sans-forme doué de toutes les formes,

Support universel sans support,

Grand Seigneur toujours (déjà) présent. 320


Je ne suis ni en haut, ni en bas.

Au centre, je suis présent partout.

Bien que j’aie toutes les formes,

Je suis sans formes.

Je suis simplement Manifestation douée de conscience (spanda). 321


Etabli en ma forme propre, je ne désire rien.

En tant que monde, je me mets à désirer.

Quand je lève le visage vers l’extérieur, je perçois les objets.

Quand je ne lève pas le visage, je suis évident. 322


L’océan n’a jamais que deux états :

Agité de vagues, ou bien au repos.

Il en va de même pour moi :

Agité ou calme. 323


En vérité, tout ce qui peut être

Connu objectivement

N’a aucune réalité.

De fait, ce Soi n’est pas objet de connaissance (connaissable « de l’extérieur »).

J’apparais par ma propre puissance (et non par un moyen séparé). 324


Avec vigueur et persévérance, laisses-là

Tout ce qui peut être connu objectivement.

Ton propre Soi peut être atteint en n’importe lequel des états

Par la prise de conscience « je ». 325


J’apparais comme Grand Seigneur,

Roi des souffles,

Ministre de l’intellect,

Lumière du royaume du corps,

Installé sur le trône léonin de la Connaissance. 326


Râmeshvar Jhâ (1895-1981), La Liberté de la conscience (Samvitsvâtantryam), Bénares 2003.

samedi 12 septembre 2009

Au-delà de la dualité de la dualité et de la non-dualité


Linga aux cinq visages (plus un invisible) et son dévot céleste, Bhaktapur, Népal




Bien que je sois un,

Je suis multiple.

Bien que je sois réel,

Je suis la source d’apparences irréelles…

Mais je laisse là le réel et l’irréel.

Alors, tout ce qui apparaît spontanément, c’est moi ! 314


Je regarde ce qui se manifeste

Depuis ma propre essence non manifestée.

Puis je le regarde disparaître.

Rien dans l’univers, totalité du corps et des autres (choses),

Rien ne m’égare, rien ne m’effraie ! 315


Délivré de la séparation (entre toi et l’absolu),

Sois le Bienfaisant, sois toi-même !

Que cherches tu jour après jour,

Comme si tu étais perdu ?

Tu es l’Un, comblé de toutes parts.

Manifesté en Dieu, c’est en toi que tout apparaît ! 316


Quand tu approches de l’absence de corps,

Quand tu approches l’Omniprésent révélé,

C’est-à-dire toi-même !

Alors il n’y a pas de corps.

Mais quand le corps apparaît,

Alors de tous côtés se manifeste la détresse.

Mais lié ou libre, ce n’est qu’un dilemme imaginaire ! 317


Le corps ne peut jamais devenir pur.

Le Soi ne peut jamais devenir impur.

Réfléchis à cela,

Et abandonne tout effort (pour purifier) ce corps.

Dans un corps ou sans corps, sois l’Incarnation de l’Universel ! 318


Râmeshvar Jhâ, La Liberté de la conscience, Bénares 2003.

jeudi 10 septembre 2009

Tiré par les cheveux ?

Jardins de la vallée du Cachemire, non loin du lieu où vécût Abhinavagupta


Lorsque nous ne tournons pas notre regard vers ce dont nous dépendons, nous ne savons pas que nous sommes un; c'est comme si nous avions plusieurs visages tournés vers l'extérieur mais attachés à une tête tournée vers l'intérieur.
Mais si l'on peut se retourner, soit de son propre chef, soit parce qu'on a eu la chance d'avoir les cheveux tirés par Athéna elle-même, on verra dieu, soi-même et l'univers.
Dans un premier temps, on ne se verra pas semblable à l'univers. Mais par la suite, parce qu'on ne trouve pas de point où, en s'arrêtant, on puisse se fixer une limite et dire "jusque là c'est moi", et parce qu'on cesse de s'exclure de la totalité de l'être, on ira soi-même vers l'univers tout entier, n'avançant vers aucun point, mais en demeurant là même où l'univers se dresse.

Plotin, p. 61