mardi 30 juin 2015

L'espace embrasse tout



"Le Soi est espace.
Le souffle est mouvement.
L'ego est chaleur.
Le mental est liquide.
Le corps et ses organes sont terre.
Ainsi la vie entière
Est faite de la vie de ces facultés
(Du corps et de l'esprit)."

La Lampe de l'union du soleil et de la lune (Hathapradîpikâ), I, 14-15

Le Soi est espace.
De même que l'espace embrasse tout,
La conscience embrasse tout.
S'éveiller en conscience,
C'est embrasser tout.

lundi 29 juin 2015

Conférence sur la philosophie du tantra lundi 29 juin 2015


Ce soir j'aurai le plaisir de partager avec vous sur la philosophie de la Reconnaissance, 
c'est-à-dire la philosophie du tantra. 
Le tantra non-duel (le Kula) est une voie du corps. 
Mais aussi de l'esprit. 
Une démarche philosophique de déconstruction des croyances 
pour favoriser le retournement de la conscience vers elle-même, 
vers notre visage originel : 
liberté créatrice à la source de toute chose.

Gratuit

Lundi 29 juin


18h30-20h30

CEPC 37 bis rue du Sentier 75002 Paris

M° Sentier

samedi 27 juin 2015

Méditation ?


La Dame Reine du Lac demanda au maître :
"Quel est la clé de toutes les pratiques ?"
- Le flot sans artifice ni méditation est 
la clé de toutes les pratiques de méditation. 
Toutes les autres pratiques sont éphémères.

Pratique sans pratiquer,
Sans pensées.
Pratique sans artifices !
Ici, pas de raison de pratiquer.
Par de "méditant".
La clé de la vraie pratique
Est de réaliser cette absence.

Extrait de l'Essence du message du maître
dans Treasures from Juniper Ridge, p. 17

vendredi 26 juin 2015

Comment pratiquer si tout est un ?



Si moi et ce à quoi j'aspire ne font qu'un, y a t-il une pratique ?
En dehors de se laisser envahir par ce silence indéfinissable, non.

Mais la vie est expression. 
Il y a donc des rituels qui prennent forme, des cérémonies.
Dans la tradition du tantra non-duel, il y en a aussi.

Comme l'Immense est expansion de conscience, explosion de félicité, l'adoration (pûjâ en sanskrit) met en jeu tout ce qui peut dilater la conscience.
Selon l'Essence des livres de la divine Triade (Trikatantrasâra) :

"L'adoration est un flot de félicité.
On doit la pratiquer dans le Triangle,
Avec des fleurs, de l'encens et autres parfums.
C'est elle qui apporte à notre cœur le bonheur."

Ce "Triangle" est le cœur, le premier instant du désir, l'élan au cœur de toute émotion, mais aussi la Puissance extérieur, incarnée dans tout ce qui engendre une expansion de conscience, comme le vin par exemple.

mardi 23 juin 2015

Bain d'espace


L'espace est le roi de toutes choses, 
car il n'est pas une chose, mais il donne lieu à toutes.
Limpide, transparent, translucide, 
il n'est rien, et pourtant rien ne se fait sans lui.

L'espace s'éveille dans la méditation.
Puis, peu à peu, tout s'éveille dans l'espace.
Et cet éveil se poursuit jusque dans le quotidien, 
comme des glaçons qui fondent
(mais il y a des saisons).
"Eveil" : vraiment une sensation d'éveil, de réveil, de fraîcheur,
comme un coup de silence.

Il y a un basculement :
L'espace n'est plus l'arrière-plan,
il devient sensible.
il n'est plus dans les choses
(l'espace de ceci ou de cela),
mais les choses sont en lui, en elle.

On baigne dans l'espace,
ressenti comme notre véritable identité.
L'espace accueille "moi" et l'autre.
Il se révèle comme notre véritable moi.

Comme on se baigne pour se laver, se sentir léger, laisser passer la fatigue, 
il est bon de prendre des bains d'espace.

L'espace accueille tous les bruits, mais il est silence.
L'espace accueille toutes les formes, mais il est libre.
L'espace accueille toutes les saveurs, mais il reste disponible.
L'espace accueille toutes les odeurs, mais il reste vierge.
L'espace accueille toutes les sensations, mais il reste transparent.
L'espace accueille toutes les émotions, mais il reste frais.
L'espace accueille toutes les pensées, mais il reste impartial.

L'espace est le roi de toutes choses.

samedi 20 juin 2015

Se décentrer pour se recentrer


L'enjeu de la vie est de sortir de son trou, à l'image de la grenouille au fond de son puits.
Pourquoi ?
Pour nous affranchir de l'égocentrisme, 
source de tous les maux. 
Comment ?
En contemplant le cosmos, qui est infini.

Ainsi :


Ou à travers cette animation. 
Elle nous donne un sens de la mesure des choses :



Autre version, plus colorée :

Autre version :


Ou en regardant et en écoutant ce documentaire 
sur les galaxies :


Pour les Anciens, le cosmos est beau. Et bon. Apte à combler tous nos désirs. 
Comment ? 
Simplement en le contemplant. 
C'est le sens originel de "théorie". Contempler le divin. Car le cosmos est divin. 
Or on devient ce que l'on contemple. 
Voir le divin, c'est devenir le divin. Se diviniser, se recentrer sur le divin en se décentrant. 
C'est le salut. C'est la philosophie. 
C'est la vie divine, la "contemplation de l'océan du Beau", 
la vie véritable, bonne 
et digne d'être vécue.

jeudi 18 juin 2015

Comme les vagues dans l'océan

  
ocean waves 16840

Un maître tibétain du XIX siècle sur notre essence véritable :

"Comme dans l'exemple de la corde prise pour un serpent,
pas besoin de produire ses qualités ; 
pas besoin d'éliminer ses défaut.
C'est l'idée de serpent qui est fausse, pas la corde. 
Bien qu'on la prenne d'abord pour un serpent, on réalise qu'elle n'est qu'une corde. 
Nul besoin de prouver la corde, ni de détruire le serpent... 
De même, pas besoin de produire une conscience éveillée libre des pensées, ni d'éliminer les pensées. 
La conscience éveillée est évidente pendant les pensées...

De plus, en laissant être tel quel, nul besoin de corriger, comme un océan et ses vagues. 
Quand une vague bouge dans le vaste océan, elle s'élève dans l'océan et retourne à l'océan. 
La vague n'est pas autre chose que l'océan, l'océan n'est pas autre chose que la vague. 
Comme la vague dans l'océan, reste tranquille, d'une humeur égale."

La Conscience éveillée naturellement libre, révélé par Jamyang Khyentsé Wangpo, cité dans Treasures from Juniper Ridge, p. 3

Les pensées apparaissent dans le silence, fleurissent dans le silence, disparaissent dans le silence. Le silence n'est pas interrompu par les pensées, les pensées ne sont pas détruites par le silence. Tout est transparent. Comme les vagues et l'océan sont de l'eau.
La méditation, c'est se familiariser avec cela.

lundi 15 juin 2015

Pourquoi le plaisir dans le tantra ?


Chacun sait que le tantra est une voie qui passe par le plaisir.
Mais pourquoi ? 

Parce que l'absolu est plaisir. 
En sanskrit, l'absolu se dit brahman.
Voici comment Abhinavagupta, 
un maître du tantra de l'An Mille, 
explique ce mot :

"Fait de plénitude, 
masse homogène et unifiée de Puissance de félicité (révélée) dans la fusion de l'orgasme, 
laquelle est l'ébullition de l'énergie sexuelle universelle 
qui existe à l'intérieur (de la conscience) :
l'Immense (brahma) est ce qui se dilate, 
ce qui infuse, 
(car) il est à la fois ce qui en expansion (perpétuelle) 
et ce qui cause cette expansion.
Il n'est nullement comparable à l'Immense tel que décrit dans la "philosophie de l'Immense", c'est-à-dire tel que le comprennent les adeptes du Vedânta, qui ne sont pas éloignés de le réduire à un pur néant...
Voilà pourquoi les tantras, et spécialement le tantra non-duel, enseignent que cette (union sexuelle de l'homme et de la femme) est la manière d'adorer le Cœur, (la fusion de Dieu et de la Déesse)".

Paratrishikavivarana, p. 261

Le Cœur est la fusion de Shiva et Shakti. 
On le nomme "cœur" parce que, 
comme le cœur est ce qui irrigue le corps, 
le Cœur est ce qui irrigue toute expérience. 
Le Cœur est au-delà du sacré comme du profane, 
comme le dit encore ce verset anonyme :

"Les règles religieuses ou sociales
Ne peuvent emprisonner le Cœur.
Cette conscience ne peut être souillée
Par les opinions des gens."


Pour le tantra, l'être n'est pas simplement être. Contrairement au Vedânta et autres formes de non-dualismes, ici le désir, le plaisir 
et l'émotion fondamentale - "je suis je" - 
ne sont pas considérés comme des illusions. 
Le désir, le plaisir, sont l'essence de l'absolu. 
L'absolu n'est pas le vide, mais la plénitude, une dilatation infinie d'extase 
Une explosion sans fin qui est à la source de toute expérience. 
Toute expérience de joie, d'extase, de plaisir ou d'émerveillement est donc une révélation de l'Immense, 
est l'Immense qui se dévoile en sa nudité.

D'où l'importance du plaisir dans le tantra.

samedi 13 juin 2015

La méditation de Dieu


La fin de tout désir est de s'unir à la Source.
S'unir à elle, c'est la connaître.
Pour la connaître, il faut être elle.
Pour être elle,
il faut méditer comme elle,
sans séparation, 
comme l'espace dans un vase
s'unit à l'espace infini
quand ce vase se brise.
"Briser" le vase du corps,
c'est méditer ainsi :

Dépose les mains sur les genoux,
Les doigts bien étalés,
La bouche grande ouverte,
Et laisse le regard (ouvert)
A la hauteur de la pointe du nez.
Assis à ton aise,
Le corps en équilibre,
L'attention au dedans,
Le regard au dehors :
Tel est le geste de la méditation
Qui procure la réalisation.

Au dedans comme au dehors,
Contemple le Soi ultime,
Transparent,
Sans repère,
Sans distraction.

La Lampe du yoga du soleil et de la lune 
(Hathayogapradipika, version en dix chapitres)

Seule la Source peut se délecter de la Source.
Ou, pour paraphraser Eckhart :
La méditation par laquelle je savoure la Source
est celle-là même par laquelle elle se savoure
elle-même.

jeudi 11 juin 2015

La douleur est-elle une porte vers la Source ?


Le plaisir est une porte vers la Source.
Au premier instant du désir,
point de séparation entre sujet et objet
point de séparation entre les possibles.
Mais la douleur ?
Pareil :
au premier instant de la douleur,
au comble de la terreur
au fond de la souffrance,
point de séparation entre plaisir et douleur.

Cela est dit dans la Vision de Shiva (Shivadrishti) :

"Si l'on objecte qu'il y a une différence 
entre l'état de Shiva (qui est de pure félicité)
et la douleur et autres (souffrances),
nous répondons que, là aussi,
ces (expériences) ne sont rien d'autre que Shiva,
car même dans la douleur,
on éprouve de la joie.
(Comment ?)
Parce que la conscience se dilate."

Dans le choc de la douleur,
en sa pointe initiale,
il y a expansion de conscience,
éveil, pur explosion d'être.

A propos de l'exemple de la perte d'un être cher, un fils par exemple, Abhinava ajoute (dans sa Grande méditation, Vivritivimarshinî) :

"Même dans la douleur,
il y a cette délectation émerveillée.
Car tout ce qui est présent à l'intérieur (de la conscience)
est l'énergie (de la conscience, comme les vagues dans l'océan).
Comme, par exemple, un fils chéri.
Quand cela s'éveille et se dilate,
quand on évoque ce fils sous la forme de l'inquiétude,
quand on voit une personne qui lui ressemble,
quand on voit des gens pleurer, par exemple, 
c'est alors l'essence même de la douleur.
Cette douleur est une délectation émerveillée
et bien particulière, engendrée par le désespoir d'un
"plus jamais il ne sera !"

Ainsi, que ce soit dans le choc de la douleur physique la plus extrême, 
ou dans la peine la plus viscérale, 
l'émerveillement est là. 
L'essence de la douleur est l'essence de la conscience, l'essence du plaisir, l'essence du désir, 
l'essence de tout et de chacun.
La douleur est donc une porte vers la Source.



mardi 9 juin 2015

Avaler l'espace

Une illustration de cette approche de la méditation 
dans la tradition de la Grande Perfection


Dans la tradition de la danse de Kâlî 
larguer les amarres 
dans l'illimité
L'attention dans le regard
Le regard dans l'espace
Bouche ouverte
comme pour avaler l'espace
comme pour respirer l'infini
silence absolu

Dans son Bouquet pour l'éveil (Svabodhodayamanjari), 
le héros de cette tradition dit :

"Rester la bouche ouverte
Instant après instant
Sans hésitation ni agitation
Les mouvements du souffle s'immobilisent
Alors le mental s'arrête"


samedi 6 juin 2015

Les mystères du désir


Le désir est-il mauvais ?

Les traditions spirituelles semblent unanimes : le désir est la cause de toutes nos souffrances ; et l'éradication du désir, ou du moins sa réorientation vers le divin, est la condition sine qua non de la félicité en cette vie.

A ce jugement négatif s'ajoute l'idée que le corps est la source du désir. C'est en lui que gît cette mystérieuse puissance, féminine et (donc) difficile à dompter.

Mais en est-il bien ainsi ?

Lisons ce passage d'Abhinavagupta, un maître du tantra de l'An Mille. Avant le passage qui suit, il vient d'expliquer que tout plaisir vient de la conscience universelle. Et il ajoute :

"Même une forme ne peut être source de plaisir pour l’œil, que si elle s'unit à la grande extase qui n'est rien d'autre que l'excitation de l'énergie séminale (présente dans le corps sous forme de sang et de sperme). Et il en va de même pour l'oreille, quand elle entend par exemple une douce chanson. Les autres sens, de même, ne savourent (du plaisir) dans leur objets respectifs qu'en savourant l'extase créatrice en sa plénitude, et non par une simple excitation confinée à eux-seuls."

L'oeil, l'oreille et les autres sens, en effet, ne sont que des objets matériels, privés de conscience propre et incapable d'éprouver la moindre excitation. Si excitation il y a, elle ne vient ni des objets, ni des sens. L'excitation est l'écho du souvenir d'une plénitude absolue, qui transcende les limites physiques, et qui est donc susceptible de nous arracher à ces limites. Mais poursuivons :

"C'est pourquoi même les formes d'un très beau corps d'une femme au visage charmant, dont les hanches se balancent et dont le chant est exquis, n'engendrent pas une pleine félicité en ceux qui sont comme des pierres, en ceux dont l'énergie séminale n'est pas arrivée à maturité, en ceux en qui la félicité de la passion - laquelle n'est que l'excitation de cette énergie séminale - fait défaut.
L'émerveillement de la délectation survient dans la mesure où (l'énergie séminale) parvient à maturité. Car si (cette énergie) est entièrement absente, (on observe) qu'il n'y a qu'inertie, puisqu'il n'y a ni émerveillement, ni délectation. Et il est dit (dans les traités d'esthétique) qu'être doué de cœur, c'est être possédé par un surcroît d'émerveillement et de délectation, laquelle consiste (justement) en une excitation de l'énergie séminale."

Abhinava, Parâtrîshikâvivarana, p. 202

L'énergie séminale, c'est le sperme ou son équivalent féminin, le sang. Subjectivement, cette énergie est le désir.

Que dit Abhinava ?

Il dit que sans désir, rien n'est désirable. 
Autrement dit, il renverse la vision classique, à l'instar de Spinoza en Occident :

Ce n'est pas la chose qui suscite le désir, 
mais le désir qui rend la chose désirable.

Chacun peut en faire l'expérience : quand on a très faim, un simple débris de biscotte peut faire saliver. Alors que quand on est rassasié, l'odeur d'un poulet rôti fumant nous laisse indifférents. Ou alors, tel corps qui nous excitait avant l'amour, nous laisse froid après. 
Pourtant, ce corps n'a pas changé ! Mais qu'est-ce qui a changé alors ? Le désir ! C'est lui la source de l'excitation, et non le corps ou tel objet. Voilà pourquoi le désir, une fois satisfait, c'est-à-dire une fois disparu, échoue à faire notre bonheur.

On peut en tirer deux leçons :

-Le désir n'a pas son origine dans le corps, ni dans aucun objet. Ou, alors ? Dans la Source divine universelle, comme le révèle l'expérience du premier instant du désir : nous percevons alors que tout ce que nous désirons, avons désiré ou désirerons jamais, ne fait qu'un avec notre essence.

-Le désir est un bien précieux. En d'autres termes, le désir est désirable. Sans lui, il n'y a plus de plaisir, plus d'excitation, plus de vie, plus de conscience. "Malheur à qui n'a plus rien à désirer !", dit Rousseau. Pourquoi ? Parce que le désir est l'essence de la conscience, qui est elle-même l'essence de tout. Le désir est donc le Cœur du cœur, L'Âme de l'âme.

Mais alors pourquoi le désir est-il cause de souffrance ?

En réalité, ce n'est pas lui qui nous fait souffrir, mais uniquement la croyance que l'objet désiré est séparé du désir. Que nous sommes séparés de ce que nous désirons. Or, l'expérience du premier instant du désir, sans séparation entre le sujet et l'objet du désir, suffit à faire ressentir l'unité, et donc une plénitude. Qui n'est ni la souffrance de la séparation. Ni l'ennui qui fait souvent suite à la satisfaction.

jeudi 4 juin 2015

La mort de la mort


Implicite dans tout ce que nous faisons, la peur de la mort.
Pourtant, la mort n'est pas un mal en soi. 
Elle n'est un mal que parce que nous sommes profondément persuadés que la mort est la fin de notre essence, de la vie, de notre moi profond.
Seule une expérience aussi profonde que peut l'être cette angoisse de la mort peut nous en délivrer. 
Une expérience aussi viscérale et irrationnelle. 
Aussi inexpugnable, invincible et réfractaire à tout discours.
Cette expérience est toujours disponible, 
selon l'orientation que nous choisissons.
Vers les choses dans l'oubli de soi.
Ou vers le Soi dans l’accueille de tout.

Le Serpent éternel dit :

Qui se connait soi-même
Traverse la tristesse
Car celui qui voit
N'a peur de rien,
Pas même de la mort.
N'ayant plus peur d'elle,
De quoi d'autre aurait-il peur ?


Ainsi, se retourner vers soi (ne demandez pas comment !), c'est tuer la mort.

mercredi 3 juin 2015

Le plaisir est-il une porte vers la Source ?


Le tantra est la voie du plaisir. De la douleur aussi; mais on verra ça une autre fois.

Classiquement, le plaisir est considéré comme une sensation qui nous détourne de la vérité et nous enfonce dans le bourbier du monde sensible.

Mais le tantra a un point de vue différent. 
Car l'absolu, la Source (brahman en sanskrit) est conscience ET félicité. Dans les spiritualités classiques aussi, certes. Mais dans le tantra, le plaisir est pris au sérieux. Plaisir et conscience sont inséparables. Du coup, la conscience n'est pas considérée comme un simple espace infini, tout d'immuable calme, mais plutôt comme une expansion perpétuelle, une dilatation infinie. Or, comme chacun l'aura remarqué, plaisir rime justement avec dilatation. La Source est un bâillement, une ouverture sans fin, qui va sans cesse englobant tout. Elle est donc félicité. Ou plaisir.

Abhinavagupta explique comment et pourquoi une sensation de plaisir est une porte vers la Source, vers le Soi :

"Une seule forme ou n'importe quelle autre sensation, gorgée de puissance par la (virilité incarnée dans la substance séminale), a le pouvoir d'exciter tous les sens, car en chacun, tout est en tout."

En effet, en notre âme reposent les souvenirs d'innombrables expériences accumulées depuis des temps sans commencement. De plus, nous sommes doués d'une énergie vitale totale, faite de toutes les expériences possibles à l'état achevé, ce qui nous rend capables de créer.

"Quand l'énergie vitale qui est notre Soi est excitée, il y a alors pour l'adepte intrépide un flot de bien-être. Ce bien-être n'est rien d'autre que l'extase totale, un frémissement qui transcende l'espace et le temps. En essence, il est la conscience divine en son absolue plénitude. Il est liberté souveraine. Il est l'énergie de félicité".

Abhinava, Paratrishikavivarana, 1, p. 202

Pour le dire simplement : le plaisir est le mouvement de la conscience qui s'éveille à elle-même. Mais dans le quotidien, la conscience, même dans ces moyens, est comme recouverte d'un voile de stupeur. Et surtout, elle est prise dans un filet de croyances qui la persuadent que le plaisir n'est...que du plaisir, évanescent et dépourvu de sens. D'où l'importance d'être éveillé à cette possibilité que le plaisir soit autre chose, une porte vers l'infini. L'attention s'éveille alors, on devient "intrépide", et le plaisir devient l'éveil de l'absolu à lui-même, à elle-même. 



Pour le reste... c'est à chacun d'en faire l'expérience.

lundi 1 juin 2015

Comme l'eau dans l'eau


conscience est l'essence
de tout et tous
rien en dehors
rien sans
rien de séparé
rien en plus
mais par jeu de sa magie
richesse illimitée
en plus

"rien n'existe"
=
rien n'existe en dehors
séparé
pas de vagues 
en dehors de l'océan
juste silence
inutile d’observer les pensées les sensations
silence inconditionnel
sans conditions
libre des conditions
sans posture
sans attendre
maintenant

Le Serpent éternel le dit :

Comme l'eau dans l'eau
Le lait dans le lait
Le vent dans le vent
On devient l'Immense immaculé
En le réalisant.

En comprenant ainsi la dualité
Elle "redevient" l'Immense
Qui est dans la confusion ?
Qui est dans la peine ?
Partout, en tout
(L'Immense) voit l'Immense.

...

Tout ceci est le Soi !
Quand on le réalise,
A la fois riche et simple,
A la fois un et multiple,
On est délivré des ténèbres profonde
De la confusion.
On "devient" le Maître des maîtres. 

Âdishesha, Paramârthasâra, 58, 59, 64