vendredi 30 décembre 2016

Secret


Il existe bien des sortes de secrets.
Mais il en est un qui est au cœur de tous les autres ; 
qui ne peut être dévoilé ni même gardé par nul autre, 
et qui est pourtant celui qui rend possible 
tous dévoilements et toutes occultations.
Tout secret, en ce monde et ailleurs,
n'est un écho de ce mystère originel.
Il s'offre à chaque instant, mais nul ne peut s'en emparer.
Plus il se révèle, plus il se cache.

Offert à chacun, il échappe à tous.
Quel est-il ?

Tous les univers, tous les mondes, toutes les vies, toutes les existences sont le murmure de la réponse à cette question.


mercredi 28 décembre 2016

Atelier Lille février 2017 - L'éveil du désir

Atelier - L'éveil du désir


On parle beaucoup d'éveil de la conscience...

Mais d'un éveil du désir ?

Éveiller le désir, ça n'est pas forcément l'exciter.

Éveiller le désir, c'est découvrir

le désir éveillé, délivré de ses limites.

C'est reconnaître le désir originel,

inconditionné, ouvert.

L'élan vers le divin.

Dans la tradition du Cœur (koula en sanskrit),

l'éveil du désir

est la voie royale vers la plénitude, 

l'unité du corps, du monde et de soi.


Nous vous proposons de faire l'expérience 

de cet éveil du désir

à travers des méditations guidées,

dans la tradition du Cœur,

mais sans dogme.

Simple et clair.


Initié en Inde à cette approche de la méditation, David

Dubois explore cette voie depuis 25 ans. Il est aussi 

sanskritiste, indianiste, musicien et enseigne la philosophie

 sous l'égide de son chien Dharma.




Horaires :



dimanche 5 février 2015 : 10h-17h30



Lieu : Lille - Yoga Sésame


Tarif : 70€

Important Le confort est essentiel. Apportez votre tapis de yoga, un coussin de méditation et un châle ou une pièce de tissu large et assez longue pour être nouée, qui puisse servir de ceinture de méditation. N'hésitez pas à apporter un tabouret ou tout autre accessoire nécessaire à votre confort. Habillez-vous chaudement.

Contact : deven_fr@yahoo.fr 


06 03 33 05 58

La tribu des sans-tribus



On me demande souvent mes opinions. Pas de cette manière, bien sûr, mais c'est tout comme. 
Voici :

Je crois en l'existence de l'âme. Immortelle.
Plutôt qu'"impersonnel", je préfère "universel".
Je ne me reconnais en aucune religion ni tradition, bien que le christianisme et le kaulisme (la "tradition du Cœur" d'origine indienne) m'inspirent. 
Je crois que les livres sont des personnes, et que lire, c'est dialoguer avec quelqu'un.
Le surnaturel est souvent un obstacle à la véritable spiritualité.
Je considère le relativisme comme un poison, mais la relativité est un fait à ne jamais oublier.
Les religions sont source de violence, même si certaines le sont plus que d'autres.
Je crois que tout est lié, pas magiquement, mais réellement.
Le complotisme est... comment dire ?
Le pouvoir corrompt.
Personne n'est aux commandes.
L'univers est infini. Les univers sont infinis, en quantité et en qualité.
Je crois au Big Bang et à l'Evolution. 
L'univers est favorable à la vie.
Les anges existent.
La crédulité humaine est plus crédible, comme explication des miracles, que les miracles.
Je ne suis pas de gauche, car je ne crois pas que toutes les cultures se valent.
Je ne suis pas de droite, car je crois à la République et à l'égalité des chances, au service publique, etc.
Je crois que l'islam est l'une des plus graves menaces qui pèsent aujourd'hui sur l'homme. Mais je ne suis pas identitaire.
Je ne suis pas multiculturaliste, mais universaliste.
Liberté de conscience.
Je crois que la science est source de spiritualité, d'émerveillement et de salut pour la vie.
Je ne suis pas de droite ni catholique, car la liberté sexuelle est une valeur pour moi.
Mais je ne suis pas de gauche ni alter-machin-truc, car je crois au Progrès, à la démocratie, aux Droits de l'Homme, et je crois que l'Occident est la civilisation la plus humaine ou, disons, la moins inhumaine, la plus féconde.
Je crois qu'il ne faut pas tolérer les intolérants. Et que la racine de toute violence est dans les idées, non dans le pétrole, etc. Et que donc le combat des idées est le meilleur, indispensable pour résoudre et prévenir les conflits.
Je ne suis pas "athée", mais j'aime la sobriété en matière de croyances. Une certaine économie.
Pourtant, j'aime le tantra et ses mondes de symboles foisonnants.
Je ne suis pas catholique, mais j'aime ses traditions riches et baroques.
J'espère que la démocratie républicaine s'imposera peu à peu, partout, que les religions perdront de leur pouvoir, que la culture scientifique se diffusera de plus en plus, que les fanatiques disparaîtront à force de connaissance et de patiente pédagogie, et que tous les humains pourront enfin se consacrer à l'essentiel, qui est la vie intérieure et l'exploration de l'univers.

Bref, je ne suis d'aucun bord. D'aucune tribu. Je n'éprouve pas ce manque.
Chaque point de vue a sa part de vérité, inégale. Il nous appartient de discerner le meilleur, et de laisser le pire. 
Je ne suis d'aucun clan, de nul parti.
Et pourtant, j'ai le sentiment réconfortant de ne pas être seul.
Je ne suis pas cynique. J'ai des valeurs.
Je suis un individu unique. Mais je ne me sens pas seul, ni coupé de mes semblables.
J'ai même le sentiment d''être de moins en moins seul.
La connaissance et l'amour sont inévitables.

L'avenir nous appartient. 

vendredi 23 décembre 2016

Les visages de la Koundalinî - II

Dans la tradition orale du Coeur-Corps (koula), il y a deux pratiques principales de la Koundalinî.

Comme je disais dans un billet précédent, la Koundalinî est le potentiel créateur, l'énergie du souffle et, finalement, la conscience.


La première pratique, décrite dans un billet précédent, est celle de l'écoute du va-et-vient du souffle dans les narines, et en particulier de la fin de l'expir. Ces instants de suspension à la fin de chaque expir, avant que ne reparte l'inspir suivant, "éveillent" l'énergie, le ressenti, la conscience - la Koundalinî, comme des coups de soufflet sur la braise qui couve sous la cendre.  Tel un cobra qui se redresse (mais ça n'est qu'une image parmi d'autres), elle s'élance à la verticale. Le souffle s'affine, les sensations se fondent en un espace de plus en plus vivant.
C'est la Koundalinî "vers le haut", la première pratique donc.

La second pratique est celle de la Koundalinî "vers le bas" (adhah). Concrètement, c'est une écoute de ce qui se passe quand on fait l'amour. Pas de techniques exotiques, juste une attention au ressenti. La tradition du Cœur propose une petite aide, en évoquant six centres subtils qui vont du centre du Cœur, vers le bas, jusqu'à l'espace au-dessous du sol. Cette pratique est donc l'image-miroir de celle du souffle. Dans cette dernière, le souffle partait du Cœur vers le haut, traversait six centres (oubliez les "sept chakras" !), jusque dans l'espace au-dessus de la tête.
Dans la pratique "vers le bas" (du corps), l'énergie s'éveille toujours du Cœur, mais part d'abord vers le bas. C'est l'excitation sexuelle, tout simplement. Au seuil de l'orgasme, l'énergie s'est déployée vers le bas, dans l'équivalent du "lotus à mille pétales" situé dans l'espace au-dessous du corps, et jusque dans les pieds, dit Abhinavagoupta. On reste alors dans la délectation de cette sensation, et surtout, on la laisse se diffuser et "remplir" tout le corps, vers le haut, puis dans l'espace alentour, à l'infini. 
Vous voyez qu'il n'y a rien de très compliqué. 
Il suffit de se familiariser avec le seuil de l'orgasme. Sans se retenir. La tradition orale préconise des aller-retours. On frôle l'orgasme, puis on laisse l'énergie s'apaiser, puis on revient vers l'orgasme, et ainsi de suite. Pas de "technique de rétention", juste une exploration douce, mais intense. L'orgasme n'est pas interdit ici. L'important est que la sensation de plaisir ne soit plus limitée à la zone génitale, mais qu'elle soit la plus étalée et la plus forte possible.
Une autre clé est que les pratiques de la Koundalinî "du haut" et "du bas" sont des images-miroir l'une de l'autre. L'écoute du seuil de l'orgasme est l'équivalent "en bas" de l'écoute de la fin de l'expir "en haut". Voilà pourquoi la pratique de l'écoute du souffle est fondamentale. Elle constitue la base de l'écoute du ressenti lors de l'acte amoureux.

Finalement, vous voyez qu'il n'y a là rien de bien exotique, en dehors de quelques mots, dont on peut d'ailleurs se passer. Mais à la place de cet exotisme, il y a l'intensité de l'expérience et la profondeur du mystère.

Voilà pourquoi on parle de "reconnaissance" dans cette tradition. La clé est l'attention aux expériences les plus banales. C'est cette attention, cette observation pleine d'amour et de respect, qui ouvre aux expériences extraordinaires.

Bon et joyeux Noël à tous !

mercredi 21 décembre 2016

Atelier Lille février 2017 - L'éveil du désir

Atelier - L'éveil du désir


On parle beaucoup d'éveil de la conscience...

Mais d'un éveil du désir ?

Éveiller le désir, ça n'est pas forcément l'exciter.

Éveiller le désir, c'est découvrir

le désir éveillé, délivré de ses limites.

C'est reconnaître le désir originel,

inconditionné, ouvert.

L'élan vers le divin.

Dans la tradition du Cœur (koula en sanskrit),

l'éveil du désir

est la voie royale vers la plénitude, 

l'unité du corps, du monde et de soi.


Nous vous proposons de faire l'expérience 

de cet éveil du désir

à travers des méditations guidées,

dans la tradition du Cœur,

mais sans dogme.

Simple et clair.


Initié en Inde à cette approche de la méditation, David

Dubois explore cette voie depuis 25 ans. Il est aussi 

sanskritiste, indianiste, musicien et enseigne la philosophie

 sous l'égide de son chien Dharma.




Horaires :



dimanche 5 février 2015 : 10h-17h30



Lieu : Lille - Yoga Sésame


Tarif : 70€

Important Le confort est essentiel. Apportez votre tapis de yoga, un coussin de méditation et un châle ou une pièce de tissu large et assez longue pour être nouée, qui puisse servir de ceinture de méditation. N'hésitez pas à apporter un tabouret ou tout autre accessoire nécessaire à votre confort. Habillez-vous chaudement.

Contact : deven_fr@yahoo.fr 


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Les visages de la Koundalinî

Dans la tradition de la Triade, branche de l'arbre de la tradition du Cœur, la Koundalinî est l'énergie cosmique, l'énergie vitale et l'énergie de la conscience. L'éveil de la Koundalinî est la reconnaissance que ces trois aspects n'en font qu'un.



Concrètement, il y a deux pratiques : la Koundalinî "du haut" et celle "du bas".

La Koundalînî "du haut" (oûrdhva) est l'écoute du souffle, l'attention à la sensation du va-et-vient du souffle dans les narines. Le yogi ressent l'expir qui part  du Cœur, au centre de la poitrine, pour aller mourir à "douze largeurs de doigts" de l’extrémité du nez.  Ce trajet fait trente-six largeurs de doigts, mesurés d'après le propre corps du yogi. A ce stade, l'énergie Koundalinî est "endormie", courbé, l'énergie est extravertie, fragmentée, inattentive, oublieuse d'elle-même et courbée : le trajet du souffle fait un crochet, il monte, puis il va se perdre vers l'extérieur. L'attention est comme happée par les choses, l'énergie est perdue. Puis l'énergie revient avec l'inspir, dans le Cœur. Ce va-et-vient, plus ou moins ample selon l'intensité de l'activité, symbolise la dualité, le tiraillement permanent entre l'intérieur et l'extérieur, entre la conscience et le monde, entre l'acceptation et le rejet, entre avaler et vomir, entre le "oui" et le "non", et ainsi de suite. Selon la tradition, l'énergie circule alors dans deux canaux qui entourent, comme un caducée, le canal central de la pleine conscience. Ce canal ne disparait pas, car la conscience ne disparaît jamais, sans quoi l'expérience de la dualité elle-même deviendrait impossible ! Mais les deux canaux latéraux, dits "du soleil et de la lune", font comme des noeuds autour de cette conscience originelle. La conscience qui est notre nature véritable est ainsi prisonnière de sa propre énergie sauvage. Du coup, elle dort et elle est voûtée, courbée, contractée, recroquevillée.
Par l'attention à la fin de l'expir et à la fin de l'inspir, l'énergie se réveille. Le ressenti change : peu à peu, l'énergie se "redresse" comme un feu qui s'allume et se lance à la verticale. L'espace au-dessus de la tête s'éveille, prend vie, devient de plus en plus sensible. L'énergie-conscience se détend, se redresse. En parallèle, le va-et-vient de la respiration dans les narines se fait plus doux. Il s'amenuise, s'allège. Les intervalles entre les respirations deviennent conscients. Chaque instant de repos attentif dans ces intervalles est comme un coup de soufflet sur les braises, et alors la conscience "se met à cracher des étincelles" : l'énergie s'allume, s'ouvre vers sa plénitude. Il y a comme des chatoiement de fraîcheur, des reflets de lumière, qui s'expriment différemment selon les cinq sens. Puis le feu s'allume, les pensées et l'imagination se calment. L'énergie s'élance vers le haut, à la verticale telle une flamme vive. Peu à peu, les "nœuds" se dénouent, la conscience bâille et se relaxe. Le ressenti s'élargi vers le haut et dans toutes les direction.
 La conscience s'unit à l'espace, la Déesse rejoint le Dieu.
Puis l'énergie se contracte de nouveau, la conscience rentre dans le corps et les choses comme dans un gant. Mais le parfum de l'infini demeure. Au fur et à mesure que cette expérience se répète, ce parfum devient de plus en plus persistant, jusqu'à l'emporter sur tous les autres. Tout devient alors harmonieux et comme homogène, mais sans uniformité.

Telle est, selon Abhinava et la tradition orale de la Triade, la pratique de la Koundalinî "supérieure".

Pour la pratique "vers le bas", j'en parlerai un peu plus tard.

mardi 20 décembre 2016

Les deux vides


Le vide est célébré, espéré, recherché, et pourtant redouté.

Nous sommes prêts à payer pour "faire le vide" ; et pourtant, nous sommes aussi bien prêts à payer pour "remplir le vide".
Comment expliquer cette contradiction ?

C'est qu'il y a, sans doute, deux vides.

L'un est l'absence de pensées, de choses, de personnes. Comme une place vide. Il dépend de la présence et de l'absence des choses. 
dans la pratique de la méditation, ce vide résulte de l'effort. Il n'est pas découvert, mais construit.
Avec de l'entraînement, il se prolonge. Presque à volonté. Il est perçu. On s'en souvient. On le cherche et le recherche, on le perd et on le retrouve. Il apporte du repos aux nerfs. Il est sûrement un passage important de la vie intérieure. Tôt ou tard, chacun est appelé à en passer par lui.
Mais aussi, ce vide ne connaît pas grand'chose. En lui, je ne me connait pas. Je le contemple, sans me contempler moi-même. Il n'y a pas de retournement de l'attention. Quand il s'impose sans être désiré, ce vide peut être lourd, stérile, une malédiction.



L'autre est la présence à soi. De qui ? - De soi. Qui est "soi" ? - A quoi bon répondre à une question dont la réponse est à la fois si évidente et si insaisissable ? Ce vide est une paix, mais une paix qui ne dépend par de l'absence ou de la présence des phénomènes intérieures ou extérieurs. Ce vide est un silence de soi. Toute présence à soi implique un silence de soi, comme les deux plateaux d'une balance. Bien sûr, les gens d'expérience me répondront que ce silence de soi est "éloquent", il "parle". Oui, mais sur un tout autre registre que les pensées bavardes, parasites qui empoisonnent l'ordinaire des âmes. Ce silence ne peut être dérangé que par une chose : le manque d'attention à soi. Aucun bruit extérieure, nulle pensée n'est capable de le perturber. C'est ainsi. On peut certes l'expliquer, mais il est bon surtout de le savourer. Ce silence est ignorance mentale, mais savoir de l'âme, sentiment simple d'être connecté à tout, relié à chacun, à chaque instant même et à chaque détail singulier des existences innombrables. Et il ne résulte pas seulement d'un effort. Il y a bien l'Acte de se retourner "vers soi", mais ensuite autre chose prend le relais. Il n'y a plus qu'à acquiescer, bien que cet acquiescement, étrangement, soit plus ardu que n'importe quel effort. Mais surtout, il y y en ce vide une connaissance, un éveil à soi, mais cette connaissance est aveugle du point de vue mental. Une docte ignorance. Je n'y sais rien mentalement, mais j'y accède à ce qui, en moi, sait tout. Le silence mental découvre alors un torrent de connaissance et de lumière. Enfin, ce vide n'est pas le résultat d'un entraînement, le produit d'une habileté, mais une découverte, bien qu'il exige une familiarisation sur la très longue durée. Il nous emporte, nous fond en lui, au moins autant que nous nous fondons en lui, comme si nous embrassions un être cher.
Ce vide a aussi ses souffrances, ses ombres, ses nuits. Il a aussi ses hauts et ses bas, ses aventures et ses épreuves. Il se fait une sorte de travaille intérieur, où toute notre part consiste à dire oui.

Voilà, il y a donc quatre vides. Peut-être les quatre pattes d'une sorte de vache cosmique... qui sait ?

dimanche 18 décembre 2016

Ressentir que "je suis elle/lui"

D'abord, l'écoute du souffle. 
Fin de l'expir, délivrance. Silence. Transparence.
Fin de l'inspir, plénitude. Touche d'amour.
Shiva et Shakti, toujours.
Par la magie de cette écoute, l'âme (l'oiseau migrateur, hamsa) devient divine ("je suis lui/elle", so'ham).


Puis, l'union de deux êtres : 
Shiva et Shakti, toujours.
Dans notre corps, puis dans nos deux corps.
Abhinava décrit cette dernière expérience :

"Quand nous entrons
dans le royaume de l'extase totale, 
c'est alors que nous faisons l'expérience
de l'enseignement selon lequel
'par les baisers et les coups de rein...'
Maîtres en ce (royaume),
(notre) Canal du Centre,
éclat suprême (de la Vie),
anime le corps entier.
Ensuite, et dès lors que l'énergie féminine
a été excitée, nous allons vers
le royaume (de l'orgasme),
l'éjaculation, merveille de félicité.
A elle seule, elle n'est pas complète.
Mais quand elle l'est,
elle est Dieu.
C'est ainsi que cette énergie d'extase 
se déploie."

"Coups de rein" : manthana, littéralement "baratter".
"Le Canal du Centre" : l'atemporelle conscience, d'abord découverte entre deux respirations, puis entre les deux corps, entre deux mouvements. Puis ce frémissement envahit la respiration, les mouvements. Dans la pratique à deux, cette Présence est d'abord découverte dans le plaisir génital. Puis cette sensation se répand "en haut, en bas et au milieu", comme dit Kshémarâdja, cousin d'Abhinava, qui parle lui de "l'éclat suprême qui anime le corps entier".
"L'extase" : visarga, littéralement "éjaculation". C'est le terme employé pour désigner l'Acte créateur, l'extase divine, l'orgasme humain, et le résultat de cet orgasme - les sécrétions féminines et masculines, offertes ensuite.
"Quand elle n'est pas complète" : si le déploiement des sensations n'est pas reconnu comme manifestation divine, s'il n'y a pas d'émerveillement, de délectation. C'est là qu'une certaine lenteur est mise en valeur par Abhinava, même s'il ne parle jamais de "rétention", idéal des yogis ascètes en quête d'immortalité physique. Ce sont deux modèles opposés.
Ce rituel englobe tout, contient toutes les expériences, il est potentiellement gros de tous les savoirs. Voilà pourquoi, dans la tradition du Cœur, on le nomme "Sacrifice (="qui rend sacré") primordial", originel, âdi-yâga
Cet état de "je suis elle/lui" est un état d'unité, mais aussi de non-dualité.
Car ici, dans la tradition du Cœur, l'unité n'est pas un but en soi.
On n'aspire pas à l'unité en rejetant la dualité, car la dualité est un concept, mais l'unité aussi...
Car voyez : "concept", ici, désigne simplement une expérience artificielle, factice, construite, et non pas seulement une pensée abstraite. C'est le point où la plupart des adeptes du Néotantra s'égarent, et tombent dans un culte du corps qui ne saurait combler personne. Le but est plutôt de réconcilier unité et dualité en réconciliant les pôles de la dualité, en célébrant la dualité dans l'unité et l'unité dans la dualité. 
Concrètement, homme et femme fusionnent. Car 
"cette extase naît de l'excitation (des deux partenaires).
'ha' (symbolise la conscience) qui engendre les consonnes (et donc la création extérieure).
Et 'sa', uni à la résonance  'm' emporte tout dans l'Absolu ('a'), royaume de notre nature véritable.
Tout ceci est l'état de 'je suis lui'".
En ce royaume du suprême Éclat,
nous sommes à la fois excités, et tirés vers le centre de nous-même. C'est la magie du visarga, de l'extase, qui désigne aussi, en sanskrit, une syllabe qui s'écrit avec deux points ":". Double extase : épanchement vers l'extérieur, vers l'autre ; et vers l'intérieur, dans le feu conscient au cœur de soi. Et ces deux se nourrissent mutuellement. La paix de l'homme excite la femme, qui excite l'homme, qui en retour apaise la femme... et ainsi à l'infini, de sorte qu'extérieur et intérieur, unité et dualité, s'égalisent. Comme le souffle. Comme moi et le monde.
Tout est là.
Nous sommes alors loin du néotantra, semble-t-il,
mais proches de l'expérience ordinaire.
C'est la reconnaissance de l'expérience qui rend l'expérience extraordinaire,
et non pas l'expérience en elle-même.
Sans compréhension, sans attention, c'est-à-dire sans amour,
l'expérience reste "incomplète",
incapable de combler le couple,
quelques soient les techniques.
Bien sûr, on peut transposer à toutes les autres expériences de la vie.

A-ha-m = "je" 
Shiva-Shakti-Individu.
C'est clair :)

(les extraits sont traduits de la Libre méditation sur la Déesse-Parole, I, 896-899)

samedi 17 décembre 2016

L'amour de Shiva pour Shakti

Tout est engendré par l'union de Shiva et Shakti, dit-on.
Mais comment s'aiment-ils ?



Comme la Lune et le Soleil.
La Lune croit. Jusqu'à la Lune Pleine. 
Pleine conscience.
Puis elle décroit. Jusqu'à la Lune Nouvelle. 
Immortelle conscience.
Cet aspect de la Lune ne meurt jamais : 
il est la source de la fraîcheur lunaire
à laquelle s'abreuve toute vie.
Cet astre n'est pas seulement dans le ciel, 
mais aussi au fond de notre cœur.
C'est elle qui nous sauves quand nous sommes desséchés,
vidés, quand plus rien ne va, quand tout s'en va.
"La roue tourne", dit-on.
La respiration sélène fait partie de sa beauté.
Elle se vide, parce qu'en vérité elle est pleine,
ni vide, ni pleine,
au-delà...
Elle respire parce qu'elle est au-delà de l'inspir et de l'expir,
elle y joue en s'en jouant..
Voilà pourquoi nous vivons 
comme si nous n'allions jamais mourir.
Cette essence de la Lune se découvre 
à la fin de chaque expir ;
à la fin de "om", aussi. 
A la fin de chaque expérience.
La Lune nourrit. Elle apaise, rafraîchit, 
comme un lait immortel.
Cette Lune est la Vibration,
la Présence. 
La Shakti.
C'est elle qui se déverse à chaque instant
pour se cristalliser sous telle ou telle forme.
C'est à travers elle que Shiva émane toute chose.
Cette Lune est l'extase de l'Invisible,
la chair du Non-né
qui se fait homme
pour que l'homme puisse être transformé 
en une beauté plus merveilleuse.
La Lune est la Shakti d'extase de Shiva, dit-on.
Comment en faire l'expérience ?
"Tout est en tout".
Dans la respiration.
Dans la perception.
Shiva et Shakti s'aiment ainsi.
Dans l'extase. 
Dans la sortie de soi et l’entrée en l'autre,
comme le va-et-vient du souffle.
Deux moments ; un seul mouvement.

Shiva est Soleil.
Il boit la Lune,
reflète son ardeur sur elle
et se nourrit de son suc.
Cette extase est le divin, la vie, l'univers.
Tout s'écoule vers elle, en elle, d'elle,
"comme des reflets bleutés dans un saphir azur",
dit Abhinava.

Là, Shiva est Shakti,
et Shakti est Shiva.
Lune et Soleil se fondent en un inconcevable émerveillement,
"beau de la félicité qu'est ce monde,
engendré par soi,
créé selon son désir,
à chaque instant évident,
orné par le nectar délectable
de l'extase en sa plénitude.
Telle est l'union fusionnelle
de Shiva et Shakti
qui est leur amour, dit-on."

(Abhinava, Libre méditation sur le Tantra de la Déesse-Parole, 887-895)