dimanche 1 mars 2009

Le Grand Arcane des Parfaits - XI




Chapitre quatrième : Louange du maître divin



Louange au seigneur de la colère[1],

Incarnation de la grâce.

Par sa bonté, j’obtins le secret[2],

Suprême purification. – 1

Quand j’eus atteint ma seizième année[3],

Ce sage dont la compassion est pareille à un océan

M’apparut soudain, car son cœur avait été agréé

Par la lecture d’un hymne que j’avais composé.

M’octroyant alors la grâce,

Il m’instruisit du grand cœur de la pratique spirituelle,

Le yoga intégral[4]. 2-3

Je m’abandonne

A la divine enfant[5], à l’élue,

Pareille au feu de la fin des temps qui consume les péchés,

Semblable à l’aube d’un million de soleils,

Adorée par les trois déesses du mantra. 4

Je m’abandonne en la divinité,

Semblance de millions d’éclairs,

Sise au centre d’un lotus blanc grand ouvert,

Tenant le livre et le rosaire

Faisant les gestes du don et de l’absence de peur[6]. 5

Je m’abandonne en la divinité élue[7] (de mon cœur),

L’écarlate,

La ravissante qui réalise tous les désirs,

Dense nuée de compassion,

Origine de toute les pensées. 6


Amtavāgbhava, Le Grand Arcane des Parfaits (Śrīsiddhamahārahasyam), Jammū, 2003.


[1] « Le seigneur de la colère » est une épithète du sage mythique Durvāsa, réputé pour son caractère irascible et sa tendance à lancer des malédictions. Il est aussi un personnage central dans la transmission de la gnose śivaïte.

[2] Le « secret », selon Balajinnāth Paṇḍit, disciple de l’auteur, c’est le « sceau de Śiva » (śāṃbhavīmudrā), attitude qui consiste à contempler de Soi les yeux grands ouverts.

[3] Le chiffre seize, celui de la pleine lune, symbolise la plénitude.

[4] Le « yoga de la plénitude » ou « intégral » est le cœur de toute discipline spirituelle. C’est la contemplation du Soi mentionnée précédemment. Notons que cette expression de yoga « grand » (mahā) ou « intégral » (pūra) était employée à cette même époque par Gopināth Kavirāj et Aurobindo.

[5] La « divine enfant » est la déesse Bālā dans la tradition de la Śrīvidyā. Son essence est le mantra en quinze syllabes, fait de trois parties également divines : Vāgbhava, Kāmarāja et Śaktibīja. Dans le maṇḍala de la déesse, elles correspondent aux trois angles du triangle central.

[6] Cette déesse, « blanche comme la lune et transparente comme le cristal », n’est autre que Parā, la Suprême, déesse centrale professée par Abhinavagupta dans son commentaire au Parātrīśikātantra, et transmise dans le Sud de l’Inde, par exemple dans la Parātrīśikālaghuvtti et la tradition de la Śrīvidyā. Le « livre », ce sont Les Stances pour la reconnaissance de soi d’Utpaladeva, ou encore La Quintessence de la reconnaissance de Kemarāja.

[7] L’élue (iṣṭam) : c’est ainsi que l’on désigne traditionnellement la forme divine sur laquelle on médite, élue par l’inclination spéciale que l’on éprouve à son endroit.

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