mercredi 4 janvier 2012

Ecouter pour entendre


Hermitage a Melkote


« L’oraison des mystiques a ceci de différent de l’oraison ordinaire qu’elle se fait sans aucunes paroles articulées de la langue, comme se font les prières vocales ; et sans aucun discours de la raison ainsi que se font les prières de méditation. Car, comme les Mystiques s’accoutument à vivre en la présence de Dieu d’une manière nue, sans user que très rarement ni de paroles, ni de raisonnements envers Dieu, par un principe de respect qu’ils ont pour cette adorable présence, et de crainte de troubler la pureté de leur acte par de vaines idées de leur entendement et par de grossières affections de leur cœur qui soient tout-à-fait indignes de la Majesté de cet Être Suprême, quelque bonnes qu’elles leur paraissent, ils tâchent surtout de se mettre dans cette disposition pendant leur oraison, s’y présentant devant Dieu avec un profond et respectueux silence, comme un pauvre nécessiteux, en faveur de qui la seule indigence sollicite la divine miséricorde. »

Anonyme, La pratique de la théologie mystique, p. 79, Liège, 1709

  A propos de l’oraison passive :

« Pour la recevoir, l’âme doit être fort débrouillée, de loisir paisible et calme à la manière de Dieu : comme l’air, tant plus il est net, pur et coi, tant mieux il est éclairé et échauffé du Soleil. Partant elle ne doit être attachée à rien, ni à chose de méditation, ni à goût aucun, soit sensible, soit spirituel ; parce qu’il requiert un esprit si libre et si anéanti, que quelle que chose que l’âme voudrait alors faire, soit discourant, ou pensant à quelque chose de particulier, ou s’appuyant à quelque goût, cela l’empêcherait et inquiéterait, et ferait du bruit dans le profond silence que doit avoir l’âme tant au sens qu’en l’esprit, afin qu’elle puisse entendre cette profonde et délicate parole de Dieu, qu’il parle au cœur en cette solitude et qu’elle écoute en une très grande paix et tranquillité ce que parle le Seigneur, parce qu’il parle cette paix en elle."

Jean de la Croix, Vive flamme d’amour, III, 3, 6

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