samedi 21 janvier 2012

Nobody's perfect

Au-delà de la pédophilie, des manipulations et autres aspects tragiques de sa vie de super-star, ce qui me frappe dans ce témoignage, c'est la confusion qui semble frapper ce jeune homme.


Mais pas n'importe quelle sorte de confusion. Je parle de la confusion linguistique, d'abord ; et culturelle, ensuite.
Sur le plan de la syntaxe, il me rappelle certains élèves. De plus en plus de jeunes arrivent dans nos classes de terminale sans maîtriser la langue. Je ne parle même pas de l'orthographe (je suis moi-même un "cas" !), mais de la syntaxe. Quel chaos dans les copies ! Confusion entre "et" et "est", entre "est" et "ai", entre "c'est" et "ces", anacoluthes, absence de ponctuation, de verbes, etc. Un désastre sans précédent. Or, je constate le même symptôme dans ce que ce jeune homme écrit sur ses pages facebook et dans ses interventions orales. Comment transmettre quoi que ce soit dans ces conditions ? Sa sincérité est touchante. Sa témérité, certaine. Mais quid de sa compétence et des implications de ses mésaventures sur la crédibilité de tout un système ?
Sur le plan culturel, ensuite. Voilà un garçon qui a été éduqué en Inde dans un milieu de classes moyennes. Il souffre visiblement de tous les défauts de la mauvaise éducation qu'on y donne : manque de structuration du langage, de la personnalité, manque de repères, en somme. Il est inquiet. Conditionné par des années et des années de programmes TV (genre MTV) à certains rythmes, habitué à certains modes d’interaction avec le réel, des modes saccadés, fragmentés, entrecoupés de "blancs" proches de l'amnésie, il semble vivre dans un ballotement perpétuel. Obsédé par la mode pseudo-occidentale qu'il voit quand il se promène dans les centres commerciaux de Delhi ou de Katmandou. Et il a à faire face à un public fasciné, lui, par l'Orient, bercé par les ambiances de "Faut pas rêver" et de  "Rendez-vous en terre inconnue"... Théâtre de boulevard à l'échelle planétaire, quiproquo aux dimensions colossales et aux enjeux substantiels.

Ne doutons pas que les disciples - les dévots - sauront faire taire ces doutes. Ils y verront un "moyen habile", une preuve supplémentaire de la sagesse inconcevable du Maître, même si l'individu en question affirme que personne n'est parfait, qu'il ne peut-être, au mieux, qu'un ami dans le dharma, et que tout sur sa page facebook hurle son amour exclusif pour un mode de vie consumériste et sa détestation du mode de vie monastique.

Scandale ou koân ?

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