mardi 27 novembre 2012

Don't you love me ?

Le bouddhisme est la religion la plus intéressante au vu de sa capacité à répondre aux questions contemporaines dans un monde désacralisé par les découvertes scientifiques et dans lequel "Dieu est mort". Je dis ceci d'autant plus aisément que je ne suis pas bouddhiste, ni rien d'autre d'ailleurs.

Mais le système comporte des failles. Il engendre des abus de pouvoir - donc des abus de faiblesse : sexe et argent. Et pas seulement chez les "les lamas tibétains". 
La réponse standard à ces scandales consiste soit à rejeter le bouddhisme en bloc ; soit à accuser les individus jugés responsables : tel maître a eu une faiblesse en raison de son caractère, etc. Mais personne, ou presque, ne remet en cause le système. Comme dans le films hollywoodiens, la mise en avant des travers d'un individu (le méchant) permet de détourner l'attention du système lui-même (le système capitaliste, par exemple). Or, si les scandales se succèdent depuis des décennies, n'est-ce pas que le système lui-même - et non quelques brebis galeuses - les engendre ? Plutôt que de rejeter le bouddhisme, ou le bouddhisme tantrique, ou encore certains lamas ou roshis, il faudrait examiner les structures idéologiques, sociales, institutionnelles qui rendent possible ces abus et leur dissimulation. Sans parler de la responsabilité des "disciples".

Voyez ces documents en anglais (chose significative - alors que la France est le pays qui a la plus grande densité de centres bouddhistes !). N'oubliez pas que vous pouvez traduire avec "Google traduction":

Retour sur la carrière de Sogyal, l'un des cas les plus révoltant. Mais ce qui est encore plus révoltant, c'est l'absence d'esprit critique de ses disciples et des célébrités qui le soutiennent. 

Petite vidéo sur quelques victimes d'icelui :


J'entends déjà les chacaux aboyer contre "les horreurs du bouddhisme tantriste". Mais les maîtres zen ne sont pas en reste. Voyez ce site bien informé - "Un Coup de balais dans le zen" - et au ton assez neutre. Après Shimano et Genpo "Big Mind" Merzel, c'est le tour d'un vénérable vieillard, Sasaki Roshi. Or, il n'y a là rien de tantrique. Mais quoi alors ?

Sur le même site, le cas de Ken "I want your picture" Mac Leod, un disciple de Kalou devenu coach-consultant au Canada. Son site donne pourtant l'impression d'être bien pensé, "pragmatique", ouvert et conscient des abus possibles au sein des structures traditionnelles.

Voyez enfin l'article décapant (un parmi d'autres) de Mathias Steingass. Il donne l'impression d'être un theravâdin en guerre contre les superstitions du mahâyâna, mais cette réserve faite, ses remarques ne manquent pas de pertinence. J'aime bien son observation selon laquelle le dharma est dominé - étouffé ? - par la pratique du "j'aime" de Facebook, bref le "pouvoir de la pensée positive" : la dictature du "cool", du "positiver", de "l'amour" au goût de guimauve qui cachent à peine une lâcheté féroce et un égoïsme puérile. J'aime cette idée. Pas vous ?

P.S. : l'un des documents cités ci-dessus mentionne le controversé Nagkpa Chögyam. Selon quelques pieux chiens de garde de la pureté du vajrayâna, son terma serait un faux. Mais il n'est que trop évident que ces attaques contre un individu ne sont qu'une façon de détourner l'attention de la vraie question, celle qui ferait mal à leur cher système de croyances : comment savez-vous que vos "vrais" termas sont de vrais termas ? Comme Chögyam a de plus le malheur d'être un Occidental, les Occidentaux - qui se haïssent eux-mêmes comme jamais dans l’Histoire une civilisation ne s'était détestée - lui tombent dessus à bras raccourcix ; alors que Sogyal passe pour un sage authentique... Quel triste spectacle que celui des hommes !

Tenez, un peu de chant du grand, de l'immense Mukul Shivputra. Cela n'a rien à voir, mais j'aime bien ! :
उड़ जायेगा हंस अकेला,जग दर्शन का मेला ....


2 commentaires:

  1. Des déviances ou des abus sexuels, il y en a plein la société. Il me semble donc logique que l'on retrouve ces faiblesses dans les églises ou écoles de spiritualité

    Je me souviens d'ailleurs d'un certain Leonard Cohen (1er numéro hebdo des Inrockuptibles) qui se targuait d'avoir créé un monastère zen et d'en profiter pour faire l'amour aux jeunes donzelles qui se présentaient... Belle mentalité bouddhiste, s'il en est.

    Mais la doctrine n'a rien à voir avec ces dérives, qui sont possibles dans tous les courants (chrétien, musulman, juif, yoga, etc.) et, qui plus est, si ancrées dans notre société moderne.

    Au passage, j'ai vu bien plus de pédophiles laïcs en Thaïlande (hommes et femmes d'affaire, personnalité) que de prêtres. Comprenne qui pourra.

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  2. Oups, j'ai oublié de commenter votre dernier paragraphe (avant le post scriptum).

    Il y a certainement une forme de dictature du cool, mais qui me semble bien négligeable face à la dictature de la violence qui nous entoure, et qui me semble bien plus égoïste car égocentrée.

    Mais c'est à chacun de savoir si le chemin qu'il prend est le bon et d'expérimenter. Pour reprendre un titre d'un livre d'Eric Rommeluère, les Bouddhas naissent dans le feu.

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