mercredi 4 septembre 2013

Peut-on s'approprier l'infini ?

Une organisation s'est approprié - au moyen d'une patente "marque déposée" - l'expression dzogchen "de bref moments de conscience, répétés souvent". Elle tente ainsi d'avoir le contrôle légal d'une poignée d'expressions dzogchen et bouddhistes parmi les plus employées. On peut consulter la liste ici. Ce qui signifie qu'elle a le droit d'engager des poursuites contre les maîtres dzogchen qui enseigneraient leur tradition. Or, la tradition dzogchen est une partie importante du patrimoine contemplatif du Tibet. Longtemps resté secret, ses textes essentiels sont traduits peu à peu. Une business-woman américaine futée, du nom de Candice O'Denver, a pompé allègrement ces traductions, en particulier celle-ci. Elle prétend ne pas avoir plagié les enseignements dzogchen, mais avoir eu un éveil "spontané". Quand des lamas tibétains et des traducteurs, comme Richard Barron, l'ont confronté à ses plagiats, elle a nié l'évidence. Mais elle a depuis modifié ses livres et sa terminologie, s'inspirant désormais davantage du style "transhumaniste".

Le dzogchen n'appartient à personne. Comment peut-on oser plagier ces textes et s'en attribuer la paternité, en tentant de surcroît de se les approprier légalement ? N'est-ce pas le comble de la folie des grandeurs ? Mais le plus étrange est que des gens tombent dans le panneau, sans le moindre esprit critique. L'organisation internationale de cette business-woman, Candice O'Denver, prospère et attire des jeunes du monde entier, qui sourient en permanence dans des clips façon "Colgate Institute".

Pourtant, qu'est-ce que le dzogchen ? C'est la Grande Perfection. Laquelle ? Celle de la conscience, présence naturelle, innée, évidente au-dessus des épaules de ce qui lit ces lignes... sans couleurs, sans formes, immensité transparente, immaculée. Tout apparaît et disparaît en elle. On dirait l'espace infini. Qui pourrait se l'approprier ? Elle est indescriptible ! Quelle liberté ! Quel bonheur !


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