lundi 25 novembre 2013

Dieu existe... mais il n'est pas sûr que ce soit bon pour nous



Je viens de lire Dieu existe, de Frédéric Guillaud.

 
Il veut prouver Dieu par la raison, ressuscitant ainsi la théologie naturelle.


D'abord, c'est une lecture encourageante et stimulante. Car cette somme d'arguments qui veut prouver l'existence de Dieu et quelques uns de ses attributs, est rationnelle, "naturelle" : elle s'appuie sur les seules forces de la raison, non sur ce que Dieu aurait révélé aux hommes. Indépendamment de l'opinion que l'on peut avoir sur les démonstrations de l'existence de Dieu, on ne peut qu'être entraîné - au meilleur sens du terme - par cette profession de foi en la raison.


Comme le rappel l'auteur, la raison n'a plus aucune légitimité aujourd'hui. La raison est (pré)jugée impuissante face aux mystères de l'existence. Du coup, il ne reste que l'arbitraire subjectif. Ceci vaut, je le note en passant, particulièrement dans le domaine de la vie intérieure : l'intellect est l'ennemi. Dire, un sourire condescendant aux lèvres "mais c'est intellectuel !" vaut condamnation. Donc on ne pense plus, on laisse les idéologies, les maîtres, les préjugés, nous traverser, sans plus réfléchir qu'un légume. La salade : voilà l'idole des spirituels de notre temps. Un argument que l'on avance souvent contre la recherche rationnelle de la vérité est la tolérance. En gros, il faut que personne ne puisse avoir raison pour que les fanatiques nous foutent la paix. Chacun a le "droit" de dire ce qu'il "pense", du moment qu'il ne prétend pas dire la vérité. C'est bien évidemment la ruine de la civilisation. J'ai parlé ailleurs de ce point crucial, je ne m'y attarderais donc pas.


Comme il s'adresse à notre raison, l'auteur ne nous prend certes pas pour des courges. Il nous prend au sérieux, il respecte notre libre-arbitre et ne cherche pas à manipuler. Il ne joue pas sur les sentiments, sans carotte ni bâton. Il n'affirme pas seulement, il justifie ses opinions. En cela, il stimule, éveille, réveille en nous l'impératif du "Ose penser !"  partout oublié, surtout par ceux qui parlent d'éveil. Or avant de transcender la raison, ne convient-il pas de savoir raisonner ?  


De plus, il encourage, car il fait lui-même preuve de courage. Il n'hésite pas à critiquer, non par goût, mais par raison. Il s'attaque de fait à plusieurs monstres sacrés de l'intellect européen - ou ce qu'il en reste : Kant en prend pour son grade et Marion est renvoyé à sa pataphysique. En revanche, il loue la vitalité anglo-saxonne. Je ne peux qu'abonder dans son sens : les lecteurs de ce blogue savent que je renvoie souvent à des auteurs d'outre atlantique, tant du côté théiste (exemple : Bernard Lonergan) qu'athéiste (exemple : Sam Harris). La France et l'Europe dorment, anesthésiés par le relativisme dogmatique. Il suffit de visiter le rayon philo de la Fnac ou même les rayons consacrés aux religions : chacun exprime "juste son opinion". Circulez, il n'y a rien à penser. Ou bien, le "philosophe" d'aujourd'hui joue le rôle d'une sorte de guide du Musée des Monuments des Pensées Vénérables. 


Tout ceci, je le dis avec d'autant plus de netteté et de franchise que je ne partage pas les opinions de l'auteur, catholique, de droite et parfois plus éloquent (et non dépourvu d'humour) que convaincant. Non pas sur la question de savoir si Dieu existe, mais sur d'autres affirmations ou manières de procéder, utiles à son propos quoique non nécessaires à sa démonstration.  J'en vois au moins quatre :


La première est qu'il prétend ne pas parler pas de religion. Or, on s'aperçoit très vitre que son projet et ses moyens font appellent à une tradition religieuse : celle de la scolastique. De la scolastique néo-thomiste, plus précisément. Tout son vocabulaire en est imprégné, ses catégories, son vocabulaire et, finalement, ses arguments. Même les auteurs "laïques" qu'il invoque étant des croyants convaincus : Thomas, Al Ghazali (bien que Thomas s'y oppose sur certains points) Leibniz et des évangélistes américains. Le lecteur se sent surpris, pour le moins. De plus, pourquoi, s'il s'agit d'une entreprise rationnelle et impartiale, ne pas dire un mot des arguments développés par la tradition du Nyāya ?  Depuis l'antiquité jusqu'à ce jour compris, elle a produit une masse aussi vaste que profonde sur ces questions. Utpaladeva par exemple, bien que penseur d'une théorie du Seigneur non-duel (īśvara-advaya-vāda), est aussi l'auteur d'une Démonstration de Dieu (Īśvara-siddhi) qui est un pur exercice de théologie naturelle.
On dira que l'auteur n'est pas spécialiste. Mais alors, de deux choses, l'une : soit il parle en spécialiste de la théologie naturelle "occidentale" et sa démarche n'est pas "naturelle", mais culturelle ; soit il a vraiment voulu parler le langage universel de la raison, auquel cas ces omissions sont difficilement explicables. De nombreux textes sont traduits, depuis longtemps. Ils s'adressent à la raison, donc à tout homme. Pourquoi les ignorer ? N'est-ce pas confesser que la démarche n'est pas rationnelle, mais religieuse, sectaire, apologétique et ne faisant de la raison qu'un usage rhétorique au service de préjugés contingents ?




La seconde est que le bouddhisme est un pessimisme absurde qui ne propose aux hommes que le néant. C'est de l'ignorance crasse, ou de la malignité. Rappelons que des textes sont traduits depuis deux siècles. Guillaud cite quelques passages, mais juste pour trouver dans cet immense corpus (des centaines de milliers de pages) ce qu'il y cherchait : le bouddhisme est un nihilisme, thèse très officielle du Vatican. Donc la médecine du "meilleur des médecins" (le Bouddha) serait une forme de suicide spirituel, un proto-punkisme. C'est aussi la thèse défendue explicitement par un prêtre spécialiste de la mystique, Max Huot de Longchamps[1], et par Jean-Marie Verlinde[2]. Et très vite, il amalgame, comme ses coreligionnaires et sans autre forme de procès, le bouddhisme avec "les sagesses orientales", prises en bloc et sans la moindre nuance, qui seraient autant de cultes du néant[3]. Ratzinger l'a dit dans une encyclique, et le bouddhiste Thinley Norbu lui a répondu[4]. Cela fait des siècles que les bouddhistes tiennent les théistes pour les éternalistes - des ontothéologistes en somme - et que les théistes leur rendent la pareille en tenant les bouddhistes pour des nihilistes. Alors que bien évidemment, les choses sont plus subtiles de part et d'autre. Or un tel obscurantisme est ennuyeux chez quelqu'un qui prétend proposer une démonstration exclusivement rationnelle, donc impartiale et qui examine toutes les pièces d'un dossier avant de statuer. De fait, la France est peut-être inerte philosophiquement, mais bien vivante bouddhologiquement. En outre, comme l'auteur mentionne un "océan d'ouvrages" sur la théologie naturelle, comment se fait-il qu'il ignore tout de l'océan des livres parus sur le bouddhisme ?


La troisième est l'ignorance de la théologie mystique, c'est-à-dire de l'expérience. On répondra que cette expérience est trop exceptionnelle pour être prise en compte par le sens commun, ou qu'elle est irrationnelle, même si c'est par excès. Or, je pense que cela ne va pas de soi. L'expérience mystique est universelle au même titre que l'expérience de penser. Pour le dire vitre, de même que l'on constate des questions, des réponses et des arguments similaires en Europe et en Inde, de même on constate la présence de témoignages semblables. Pourquoi ne pas prendre en compte l'expérience de Dieu, quand on prétend partir de l'expérience pour démontrer l'existence de Dieu ?


La quatrième, plus problématique pour sa démonstration est que, plus les objections sont fortes, plus les réponses de Guillaud sont courtes. Elles pourraient certes n'en être pas moins pertinentes, mais quand, à la fin de sa somme, on arrive enfin à l'objection la plus forte contre l'existence de Dieu - celle de l'existence du Mal - il répond, en substance : j'ai démontré que Dieu existe ; quand à savoir pourquoi il fait naître des petits enfants avec des maladies incurables, seule la religion révélée peut répondre... En somme, pour le SAV, adressez-vous à votre curé !

Cependant, par la somme qu'il représente sur la question et par la clarté du propos, ce livre est assurément un excellent investissement. 

On trouverra un aperçu sur la théologie naturelle du nyâya dans l'article de François Chenet "Que prouvent les preuves indiennes de l'existence de Dieu ? Sur la théologie rationnelle d'Udayana", in L'Orient de la pensée, Les Cahiers de la Philosophie, n°14, 1992, p. 65 





[1] Oraison, n°153, février 2012. Selon ce spécialiste de la mystique chrétienne, le bouddhisme vise à "oublier la vie", "oublier la maladie", "dissoudre le moi". Il est en "apesanteur mentale", "déconnecté du monde", c'est un "suicide spirituel" alimenté par un "égoïsme inaltérable" mais qui vise à "faire disparaître le sujet" (!).

[2] Voir L'Expérience interdite.

[3] A propos de ce cliché, voir Le Culte du néant de R.-P. Droit.


[4] Voir Welcoming Flowers from across the Cleansed threshold of Hope.

15 commentaires:

  1. Etonnant de voir que certains n'ont pas avancé depuis un siècle sur la compréhension du bouddhisme.

    Si le bouddhisme est un nihilisme, ce qu'il n'a jamais prétendu et ce qui n'apparaît nulle part dans les textes, comment expliquer la bonne humeur de ses maîtres (les authentiques, hein, pas les guignols qui prennent la forme pour le fond, et l'argent au passage) ?

    En résumé, il faut donc passer son chemin devant un tel ouvrage !?

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour,

    Merci de votre recension.
    Je suis sensible à ce que vous dites sur mon ignorance du bouddhisme. Vous tapez juste : ma connaissance de cette doctrine est sûrement trop superficielle. Je n'ai jamais trouvé d'exposé qui permette de faire facilement un pont avec la conceptualité philosophique. Mais j'ai sûrement mal cherché. Peut-être du côté de Varela ?

    Cela dit, je n'entendais pas critiquer la pratique bouddhique, mais seulement montrer que la conceptualisation qu'on en donne habituellement n'est pas cohérente (j'estime en effet qu'il y a une incohérence dans l'idée selon laquelle le désir humain doit désirer s'éteindre et aspirer au Néant, et autres propositions du même genre qui me paraissent auto-réfutatives). Mais j'ai toujours nourri de gros doutes sur ce que veulent vraiment dire les bouddhistes, et toujours soupçonné que ce n'était justement pas cela (indice pour moi : une doctrine efficace ne peut pas être complètement fausse!). Je m'en suis donc tenu à la version courante en Occident pour dire que cela ne tient pas et que le plus probable est que le désir humain a bel et bien une fin.

    Pour le reste je ne suis pas d'accord avec vous sur un seul point : pour qu'une démarche ait le droit de s'appeler "rationnelle", il n'est pas nécessaire qu'elle soit exhaustive et fasse intervenir toutes les cultures. C'est trop pour un seul homme! La seule exigence est qu'elle se formule selon les règles de la logique, sans dissimuler de prémisses, et en s'exposant de bonne grâce à la critique rationnelle (portant sur une prémisse contestable ou sur une inférence logique non-valide). Que cette critique rationnelle puisse venir d'une autre culture que la culture de départ de l'auteur n'est pas gênant, et je l'accueille au contraire avec plaisir!

    Je suis preneur de conseils de lecture sur deux points :

    1. les preuves de l'existence du principe suprême dans la tradition bouddhique

    2. une explication cohérente de la conception bouddhiste du désir (le désir a-t-il oui ou non un objet; si oui, quel est-il? Est-il le principe suprême?)

    Bien à vous,

    Frédéric Guillaud

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour,

    Merci de votre recension.
    Je suis sensible à ce que vous dites sur mon ignorance du bouddhisme. Vous tapez juste : ma connaissance de cette doctrine est sûrement trop superficielle. Je n'ai jamais trouvé d'exposé qui permette de faire facilement un pont avec la conceptualité philosophique. Mais j'ai sûrement mal cherché. Peut-être du côté de Varela ?

    Cela dit, je n'entendais pas critiquer la pratique bouddhique, mais seulement montrer que la conceptualisation qu'on en donne habituellement n'est pas cohérente (j'estime en effet qu'il y a une incohérence dans l'idée selon laquelle le désir humain doit désirer s'éteindre et aspirer au Néant, et autres propositions du même genre qui me paraissent auto-réfutatives). Mais j'ai toujours nourri de gros doutes sur ce que veulent vraiment dire les bouddhistes, et toujours soupçonné que ce n'était justement pas cela (indice pour moi : une doctrine efficace ne peut pas être complètement fausse!). Je m'en suis donc tenu à la version courante en Occident pour dire que cela ne tient pas et que le plus probable est que le désir humain a bel et bien une fin.

    Pour le reste je ne suis pas d'accord avec vous sur un seul point : pour qu'une démarche ait le droit de s'appeler "rationnelle", il n'est pas nécessaire qu'elle soit exhaustive et fasse intervenir toutes les cultures. C'est trop pour un seul homme! La seule exigence est qu'elle se formule selon les règles de la logique, sans dissimuler de prémisses, et en s'exposant de bonne grâce à la critique rationnelle (portant sur une prémisse contestable ou sur une inférence logique non-valide). Que cette critique rationnelle puisse venir d'une autre culture que la culture de départ de l'auteur n'est pas gênant, et je l'accueille au contraire avec plaisir!

    Je suis preneur de conseils de lecture sur deux points :

    1. les preuves de l'existence du principe suprême dans la tradition bouddhique

    2. une explication cohérente de la conception bouddhiste du désir (le désir a-t-il oui ou non un objet; si oui, quel est-il? Est-il le principe suprême?)

    Bien à vous,

    Frédéric Guillaud

    RépondreSupprimer
  4. (réponse 1ere partie)
    Bonjour,
    C'est moi qui vous remercie ! Du reste, je n'ai pas parlé du cœur de votre ouvrage : la démonstration.
    1 - Il n'y a pas de démonstration de l'existence de Dieu dans le dharma du Bouddha, mais bien des réfutations, et cela de puis les débuts du bouddhisme jusqu'à ses évolutions les plus complexes et les plus éloignées, en apparence, du bouddhisme "ancien". Je crois que ceux qui interprètent le "silence du Bouddha" comme un théisme postmétaphysique (?), comme Raimon Panikkar par exemple le propose, se trompent.
    Mais il y a un bien un principe ultime, présenté, en gros, de deux manières :
    a) Le principe de vacuité, équivalent à la production conditionnée : toute chose dépend d'autre chose. Il sert à rendre raison et à faire rendre raison, aussi bien, de tous les phénomènes, depuis ceux du monde (paradis compris) jusqu'aux phénomènes supramondains de l'Eveil (en l'occurrence, les Trois Corps). Ne pas confondre vacuité (qui est un concept décrivant les phénomènes) avec un état de vide mental par exemple. Les preuves sont données dans les textes de la tradition Madhyamaka, particulièrement ceux de Nagarjuna.
    b) Le principe de la Nature de Bouddha. L'esprit ordinaire recouvre la Nature de Bouddha, qui est pure, éternelle, bienheureuse et essentielle. Elle explique notamment la compassion : préférer autrui est un signe de sa présence. Les preuves sont détaillées dans les Cinq enseignements de Maitreya. Ce qui nous amène au second point :

    RépondreSupprimer
  5. (réponse 2e partie)
    2 - Le désir n'est pas mauvais en soi. Pour le comprendre, il faut distinguer dans le bouddhisme une voie du renoncement au désir (à laquelle on réduit généralement tout le bouddhisme), une voie de la purification (qui réoriente le désir mondain, égoïste, vers le désir altruiste de sauver d'abord les autres), une voie de la transformation (qui considère que le désir peut être sublimé en une connaissance immédiate du réel ultime) et une voie de la reconnaissance (qui considère que le désir est, depuis toujours, un élan vers l'absolu, mais déformé par la croyance que l'objet du désir est séparé de celui qui désire).
    Donc la conception négative du désir est valable uniquement pour le bouddhisme de la Voie étroite (hinayana), axé sur les préceptes de la liberté individuelle. Cependant, même là, il est proclamé qu'il y a une fin du désir, un Non-né, un Refuge. Le but n'est pas de désirer le néant : ceci est le nihilisme. Or, le dharma bouddhiste est une "voie du milieu" qui entend ne pas tomber dans les extrêmes de l'éternalisme (désirer être toujours) et du nihilisme (désirer ne plus être). Le désir de ne plus être est aussi vain que l'autre.
    En bref donc, le désir est bon quand il est désir de faire le bien, de connaître et maîtriser l'esprit, d'atteindre la connaissance du réel (du principe ultime), etc. C'est bien pourquoi les bouddhistes passent leur temps à énoncer des "prières de souhait". On peut même dire que la doctrine de la vacuité/production conditionnée est une façon de justifier la puissance de la volonté et du libre-arbitre, sans quoi la voie serait vaine.
    Enfin, il n'y a pas de dissolution du sujet, sans quoi il n'y aurait pas de Bouddhas... Chaque Bouddha - en nombre infini, comme les êtres sensibles - est doué d'une individualité, laquelle dépend en partie des désirs qu'il a formulés avant l'Eveil.
    En ce qui concerne les livres, il est préférable de lire des textes, plutôt que des synthèses. Il y a en beaucoup en anglais. En français, il y a Stéphane Arguillère. Vous dites que connaître toutes les cultures est trop pour un seul homme. Bien sûr, mais il ne s'agit pas de cela. Concernant la théologie rationnelle, il n'existe pas mille traditions, mais trois : la grecque, l'indienne et la chinoise (nettement moins développée). La tradition indienne, celle du Nyaya avec ses développements jusqu'à aujourd'hui, est riche et accessible en quelques cliques sur le Net. Dire que l'on ne peut, humainement, en prendre connaissance, c'est comme dire que l'on ne peut étudier les philosophes femmes, au motif qu'il y a déjà tant de philosophes hommes.
    Cela dit, je suis admiratif de la maîtrise de votre démonstration. Un vrai régal !
    Bien à vous
    D. D.

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour à tous;
    En tant que bouddhiste, je souhaitais m'exprimer sur cette question, un ami m'a envoyé le lien sur cet excellent blog, mais je vois que David a répondu, dans une démonstration auprès de laquelle je me range très volontiers.
    Je rajoute simplement, si cela était nécessaire, que le Bouddha n'a jamais "nié" Dieu, en fait, il n'a rien nié du tout, mais il a réfuté, disons, l'espace à partir duquel on propulserait l'idée ou la croyance en un Dieu. De même il n'y a pas nié l'âme, le soi, l'être, mais mis cela en abîme, pourrait-on dire, perçant qu'en lieu et place d'une quelconque entité il n'y avait qu'activité interdépendante. Ici, nier ou affirmer demeure sur la même ligne de la projection psychologique. Lesquelles sont toutes conditionnées, donc "vides". C'est pourquoi, en génie pédagogique, le Bouddha débute la voie par la "noble vérité de la souffrance", commune à chaque être humain, donc invitation à se voir soi-même tel que l'on est, sans aucun fantasme d'absolu, et redevenir réellement ami avec soi-même, dans l'état actuel, confus, clair, déprimé, heureux, quoi que ce soit. C'est je crois la seule tradition qui ne démarre pas par l'énoncé d'un absolu, mais par notre propre réalité présente, avec ce qui peut se "travailler" réellement.
    Aussi je peux questionner simplement ce désir d'affirmer l'existence de Dieu. Son "background". Le désir bouddhique ne va pas dans ce sens, il va dans celui de se connaître soi-même, de se voir tel que l'on est et de voir la possibilité de mettre un terme à cette sourde insatisfaction qui met des entraves à notre intuition profonde d'une liberté et joie authentiques, ce qui amène à s'oublier soi-même et donc "pourfendre" le processus égotique, le moi, ou plutôt la "moi-ité"... Puisque le moi n'est pas une entité mais une activité, un processus, toujours d'après le Bouddha, qui se lie lui-même à travers les 5 agrégats qui nous composent et selon un procédé de production dépendante en 12 liens... Ce qui fait du bouddhisme probablement la tradition à la fois la plus raisonnable et celle qui pourfend la raison de la manière la plus incisive.
    D'autre part, on trouve qund même dans le canon Pali ce mot du Bouddha: "Si l'inconditionné n'existait pas, comment se libérer du conditionné"?
    Je pense que ce qu'il voyait était que l'approche théiste pouvait réellement être une entrave au processus de libération. D'où la doctrine du "non-soi"...
    Je trouve très étonnant que le bouddhisme ait encore cette réputation de nihilisme... C'est vrai que nirvana signifie à peu près "extinction du souffle ou lumière", mais c'est bien sûr la lumière de l'avidité, de la haine et de l'amour passionné et attaché. Et en ce sens, le désir devient "sans objet" car même le désir de libération devient à un moment une entrave.
    On pourrait développer à l'infini, mais cela n'aurait aucun sens.
    Disons que la "vacuité" n'est ni le vide ni un néant mais au fond un espace incommensurable qui provient du sens aigü de la totale conditionnalité de tous les phénomènes et qui nous sape à la base l'élancement, la projection à travers les 6 sens. La vue, l'ouï et le reste n'ont en fait aucun support réels, et agissent selon des causes et conditions, et c'est l'ignorance de ce fait qui nous pousse à désirer, projeter à travers eux et se lier à un monde ou un autre. Vacuité est équivalent à "libération" est n'ets ni un étatn ni un lieu, ni rien du tout...
    Merci de votre lecture et merci pour ce blog David. Je ne m'y exprime jamais mais apprécie grandement d'y venir de temps à autres.
    Bonne journée.

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour à tous;
    En tant que bouddhiste, je souhaitais m'exprimer sur cette question, un ami m'a envoyé le lien sur cet excellent blog, mais je vois que David a répondu, dans une démonstration auprès de laquelle je me range très volontiers.
    Je rajoute simplement, si cela était nécessaire, que le Bouddha n'a jamais "nié" Dieu, en fait, il n'a rien nié du tout, mais il a réfuté, disons, l'espace à partir duquel on propulserait l'idée ou la croyance en un Dieu. De même il n'y a pas nié l'âme, le soi, l'être, mais mis cela en abîme, pourrait-on dire, perçant qu'en lieu et place d'une quelconque entité il n'y avait qu'activité interdépendante. Ici, nier ou affirmer demeure sur la même ligne de la projection psychologique. Lesquelles sont toutes conditionnées, donc "vides". C'est pourquoi, en génie pédagogique, le Bouddha débute la voie par la "noble vérité de la souffrance", commune à chaque être humain, donc invitation à se voir soi-même tel que l'on est, sans aucun fantasme d'absolu, et redevenir réellement ami avec soi-même, dans l'état actuel, confus, clair, déprimé, heureux, quoi que ce soit. C'est je crois la seule tradition qui ne démarre pas par l'énoncé d'un absolu, mais par notre propre réalité présente, avec ce qui peut se "travailler" réellement.
    Aussi je peux questionner simplement ce désir d'affirmer l'existence de Dieu. Son "background". Le désir bouddhique ne va pas dans ce sens, il va dans celui de se connaître soi-même, de se voir tel que l'on est et de voir la possibilité de mettre un terme à cette sourde insatisfaction qui met des entraves à notre intuition profonde d'une liberté et joie authentiques, ce qui amène à s'oublier soi-même et donc "pourfendre" le processus égotique, le moi, ou plutôt la "moi-ité"... Puisque le moi n'est pas une entité mais une activité, un processus, toujours d'après le Bouddha, qui se lie lui-même à travers les 5 agrégats qui nous composent et selon un procédé de production dépendante en 12 liens... Ce qui fait du bouddhisme probablement la tradition à la fois la plus raisonnable et celle qui pourfend la raison de la manière la plus incisive.
    D'autre part, on trouve qund même dans le canon Pali ce mot du Bouddha: "Si l'inconditionné n'existait pas, comment se libérer du conditionné"?
    Je pense que ce qu'il voyait était que l'approche théiste pouvait réellement être une entrave au processus de libération. D'où la doctrine du "non-soi"...
    Je trouve très étonnant que le bouddhisme ait encore cette réputation de nihilisme... C'est vrai que nirvana signifie à peu près "extinction du souffle ou lumière", mais c'est bien sûr la lumière de l'avidité, de la haine et de l'amour passionné et attaché. Et en ce sens, le désir devient "sans objet" car même le désir de libération devient à un moment une entrave.
    On pourrait développer à l'infini, mais cela n'aurait aucun sens.
    Disons que la "vacuité" n'est ni le vide ni un néant mais au fond un espace incommensurable qui provient du sens aigü de la totale conditionnalité de tous les phénomènes et qui nous sape à la base l'élancement, la projection à travers les 6 sens. La vue, l'ouï et le reste n'ont en fait aucun support réels, et agissent selon des causes et conditions, et c'est l'ignorance de ce fait qui nous pousse à désirer, projeter à travers eux et se lier à un monde ou un autre. Vacuité est équivalent à "libération" est n'ets ni un étatn ni un lieu, ni rien du tout...
    Merci de votre lecture et merci pour ce blog David. Je ne m'y exprime jamais mais apprécie grandement d'y venir de temps à autres.
    Bonne journée.

    RépondreSupprimer
  8. Bonjour à tous;
    En tant que bouddhiste, je souhaitais m'exprimer sur cette question, un ami m'a envoyé le lien sur cet excellent blog, mais je vois que David a répondu, dans une démonstration auprès de laquelle je me range très volontiers.
    Je rajoute simplement, si cela était nécessaire, que le Bouddha n'a jamais "nié" Dieu, en fait, il n'a rien nié du tout, mais il a réfuté, disons, l'espace à partir duquel on propulserait l'idée ou la croyance en un Dieu. De même il n'y a pas nié l'âme, le soi, l'être, mais mis cela en abîme, pourrait-on dire, perçant qu'en lieu et place d'une quelconque entité il n'y avait qu'activité interdépendante. Ici, nier ou affirmer demeure sur la même ligne de la projection psychologique. Lesquelles sont toutes conditionnées, donc "vides". C'est pourquoi, en génie pédagogique, le Bouddha débute la voie par la "noble vérité de la souffrance", commune à chaque être humain, donc invitation à se voir soi-même tel que l'on est, sans aucun fantasme d'absolu, et redevenir réellement ami avec soi-même, dans l'état actuel, confus, clair, déprimé, heureux, quoi que ce soit. C'est je crois la seule tradition qui ne démarre pas par l'énoncé d'un absolu, mais par notre propre réalité présente, avec ce qui peut se "travailler" réellement.
    Aussi je peux questionner simplement ce désir d'affirmer l'existence de Dieu. Son "background". Le désir bouddhique ne va pas dans ce sens, il va dans celui de se connaître soi-même, de se voir tel que l'on est et de voir la possibilité de mettre un terme à cette sourde insatisfaction qui met des entraves à notre intuition profonde d'une liberté et joie authentiques, ce qui amène à s'oublier soi-même et donc "pourfendre" le processus égotique, le moi, ou plutôt la "moi-ité"... Puisque le moi n'est pas une entité mais une activité, un processus, toujours d'après le Bouddha, qui se lie lui-même à travers les 5 agrégats qui nous composent et selon un procédé de production dépendante en 12 liens... Ce qui fait du bouddhisme probablement la tradition à la fois la plus raisonnable et celle qui pourfend la raison de la manière la plus incisive.
    D'autre part, on trouve qund même dans le canon Pali ce mot du Bouddha: "Si l'inconditionné n'existait pas, comment se libérer du conditionné"?
    Je pense que ce qu'il voyait était que l'approche théiste pouvait réellement être une entrave au processus de libération. D'où la doctrine du "non-soi"...
    Je trouve très étonnant que le bouddhisme ait encore cette réputation de nihilisme... C'est vrai que nirvana signifie à peu près "extinction du souffle ou lumière", mais c'est bien sûr la lumière de l'avidité, de la haine et de l'amour passionné et attaché. Et en ce sens, le désir devient "sans objet" car même le désir de libération devient à un moment une entrave.
    On pourrait développer à l'infini, mais cela n'aurait aucun sens.
    Disons que la "vacuité" n'est ni le vide ni un néant mais au fond un espace incommensurable qui provient du sens aigü de la totale conditionnalité de tous les phénomènes et qui nous sape à la base l'élancement, la projection à travers les 6 sens. La vue, l'ouï et le reste n'ont en fait aucun support réels, et agissent selon des causes et conditions, et c'est l'ignorance de ce fait qui nous pousse à désirer, projeter à travers eux et se lier à un monde ou un autre. Vacuité est équivalent à "libération" est n'ets ni un étatn ni un lieu, ni rien du tout...
    Merci de votre lecture et merci pour ce blog David. Je ne m'y exprime jamais mais apprécie grandement d'y venir de temps à autres.
    Bonne journée.

    RépondreSupprimer
  9. Merci de vos explications.
    Sur le principe premier : je pense qu'il y a là matière à controverse rationnelle, précisément sur la question de savoir si oui ou non "tout a une cause". J'ai l'impression que le bouddhisme répond positivement à cette question. Comme vous savez, je pense que cela pose un problème de régression à l'infini. C'est un point important. Car la position d'un Dieu transcendant dépend en dernière instance de ce problème.

    Sur le désir : ce que vous m'écrivez me laisse entrevoir effectivement une bien plus grande richesse que celle du bouddhisme pour Occidentaux que je connais par Schopenhauer (en fait, le seul "pont" que j'utilise vers l'Orient jusqu'ici, c'est Schopenhauer! Du coup, j'ai conscience d'avoir surtout réfuté Schopenhauer, et non le bouddhisme).

    Sur l'exhaustivité, je suis d'accord pour dire qu'il faudrait idéalement connaître toutes les sagesses, mais je vous assure que la compréhension de la philosophie occidentale m'a pris jusqu'ici tout mon temps. Pour m'en consoler, je me dis que "tout ce qui monte converge". La vérité étant une, si on la découvre dans une tradition, on doit pouvoir retrouver les autres traditions, qu'on ignore, au bout du voyage.

    F.

    RépondreSupprimer
  10. Bonjour à tous;
    En tant que bouddhiste, je souhaitais m'exprimer sur cette question, un ami m'a envoyé le lien sur cet excellent blog, mais je vois que David a répondu, dans une démonstration auprès de laquelle je me range très volontiers.
    Je rajoute simplement, si cela était nécessaire, que le Bouddha n'a jamais "nié" Dieu, en fait, il n'a rien nié du tout, mais il a réfuté, disons, l'espace à partir duquel on propulserait l'idée ou la croyance en un Dieu. De même il n'y a pas nié l'âme, le soi, l'être, mais mis cela en abîme, pourrait-on dire, perçant qu'en lieu et place d'une quelconque entité il n'y avait qu'activité interdépendante. Ici, nier ou affirmer demeure sur la même ligne de la projection psychologique. Lesquelles sont toutes conditionnées, donc "vides". C'est pourquoi, en génie pédagogique, le Bouddha débute la voie par la "noble vérité de la souffrance", commune à chaque être humain, donc invitation à se voir soi-même tel que l'on est, sans aucun fantasme d'absolu, et redevenir réellement ami avec soi-même, dans l'état actuel, confus, clair, déprimé, heureux, quoi que ce soit. C'est je crois la seule tradition qui ne démarre pas par l'énoncé d'un absolu, mais par notre propre réalité présente, avec ce qui peut se "travailler" réellement.
    Aussi je peux questionner simplement ce désir d'affirmer l'existence de Dieu. Son "background". Le désir bouddhique ne va pas dans ce sens, il va dans celui de se connaître soi-même, de se voir tel que l'on est et de voir la possibilité de mettre un terme à cette sourde insatisfaction qui met des entraves à notre intuition profonde d'une liberté et joie authentiques, ce qui amène à s'oublier soi-même et donc "pourfendre" le processus égotique, le moi, ou plutôt la "moi-ité"... Puisque le moi n'est pas une entité mais une activité, un processus, toujours d'après le Bouddha, qui se lie lui-même à travers les 5 agrégats qui nous composent et selon un procédé de production dépendante en 12 liens... Ce qui fait du bouddhisme probablement la tradition à la fois la plus raisonnable et celle qui pourfend la raison de la manière la plus incisive.
    D'autre part, on trouve qund même dans le canon Pali ce mot du Bouddha: "Si l'inconditionné n'existait pas, comment se libérer du conditionné"?
    Je pense que ce qu'il voyait était que l'approche théiste pouvait réellement être une entrave au processus de libération. D'où la doctrine du "non-soi"...
    Je trouve très étonnant que le bouddhisme ait encore cette réputation de nihilisme... C'est vrai que nirvana signifie à peu près "extinction du souffle ou lumière", mais c'est bien sûr la lumière de l'avidité, de la haine et de l'amour passionné et attaché. Et en ce sens, le désir devient "sans objet" car même le désir de libération devient à un moment une entrave.
    On pourrait développer à l'infini, mais cela n'aurait aucun sens.
    Disons que la "vacuité" n'est ni le vide ni un néant mais au fond un espace incommensurable qui provient du sens aigü de la totale conditionnalité de tous les phénomènes et qui nous sape à la base l'élancement, la projection à travers les 6 sens. La vue, l'ouï et le reste n'ont en fait aucun support réels, et agissent selon des causes et conditions, et c'est l'ignorance de ce fait qui nous pousse à désirer, projeter à travers eux et se lier à un monde ou un autre. Vacuité est équivalent à "libération" est n'ets ni un étatn ni un lieu, ni rien du tout...
    Merci de votre lecture et merci pour ce blog David. Je ne m'y exprime jamais mais apprécie grandement d'y venir de temps à autres.
    Bonne journée.

    RépondreSupprimer
  11. En effet, la question de la recherche de la cause est le point décisif. Plus exactement, quel statut donne-t-on à la régression à l'infini ? Est-ce une non-explication ou pas ? Une chaîne suspendue dans le vide, ou une sage sobriété ?

    Pour les théistes, une recherche de la cause qui remonte indéfiniment vers une cause, sans jamais aboutir à une cause sans cause qui rende raison de la série entière, est une faute logique. En Inde, on parle d'absence de fondement (anavasthâ). Même si les théistes indiens admettent en général que le samsâra (l'existence phénoménale) s'écoule "depuis des temps sans commencements" (anâdi), ils estiment que seule l'hypothèse d'un agent créateur (kartâ) est à même d'en rendre raison suffisamment.

    Les bouddhistes répondent qu'il n'y a là nulle faute, car le pouvoir explicatif du principe "tout a une cause" demeure, même si son détail actuel dépasse les pouvoirs de notre entendement. Il ne s'agit donc pas, selon eux, d'une véritable régression à l'infini.

    De plus, les invoquent bien un principe qui rend possible l'ensemble de l'enchaînement : la production conditionnée et la Nature de Bouddha. Cette dernière, il est vrai, ressemble fort à Dieu, puisqu'elle est éternelle, omnisciente, souveraine et qu'elle enveloppe tous le détail des phénomènes. D'ailleurs, bon nombre de bouddhistes sont d'avis que les textes parlant d'une Nature de Bouddha ne sont pas bouddhistes, ou bien que ce sont de pures métaphores à l'usage des naïfs.En tous les cas, la présence de ces textes n'en finit pas de susciter la controverse parmi les adeptes du Bouddha.

    RépondreSupprimer
  12. Bonjour à tous,

    CQFD: "je suis d'accord pour dire qu'il faudrait idéalement connaître toutes les sagesses, mais je vous assure que la compréhension de la philosophie occidentale m'a pris jusqu'ici tout mon temps"

    L’extinction du désir, selon moi et au travers de ma modique compréhension de la voie que je suis, c'est:

    1/ Réaliser ses désirs les plus profonds (et les plus nobles, le seul critère en la matière étant ce qui compte vraiment pour soi-même); les réaliser consciemment, c'est à dire, en prenant tous, le bon et le moins bon, les conséquences et les efforts que cela peut demander le cas échéant.

    2/ Par là-même, à mesure que certains désirs soit me nourrissent soit me déçoivent finalement, voir, comprendre que réaliser un désir mène toujours à une aporie, qui bien interprétée, nous conduit non pas à l'état sans désir mais à l'état "libre du désir" (Arnaud Desjardins): que le désir se réalise ou pas, je suis déjà heureux (satisfait). Ou, si on préfère, tous les désirs n'en sont qu'un seul: être heureux (ou encore un désir d'absolu, c'est à dire, fondamentalement, dont la jouissance n'est pas dans l'objet mais dans le fait même de jouir).

    Le désir, après tout, pour chacun, c'est du concret (ma conquête amoureuse, mon nouveau boulot, mon prochain voyage, etc..., etc...).

    Ceci n'est pas une publicité, merci de ne pas forcément manger 5 fruits et légumes par jour, ni de tenter compulsivement d'arrêter de fumer. :)

    RépondreSupprimer
  13. Voilà, il y a bien un principe qui entraîne la venue à existence des phénomènes, mais aucunement, selon le bouddhisme, une "entité" extérieure aux dits phénomènes, de sorte qu'en quelque sorte nous sommes nous-mêmes engagés dans le l'apparition des phénomènes. Aucunement les créateurs, mais disons, participants. C'est d'ailleurs pour cette raison que la libération est possible, car tout cela repose sur nous, notre pratique, et la façon, névrotique ou non d'entrer en relation avec les choses. Pour que la production en dépendance fonctionne, il faut plusieurs facteurs, dont l'ignorance, la soif aveugle, le désir insatiable et la peur. Et même, cette production, comme quoi c'ets bourré d'intelligence, est là pour mettre un couvercle sur noter aveuglement: nous ne voulons pas forcément que certaines choses surviennent, mais en même temps nous le voulons car ça met un petit baume sur notre agitation intérieure, sur notre instabilité ressentie dans le tréfonds.
    Dans cette production conditionnée, qui n'est pas moi mais pas différente de moi, il n'est pas vraiment question d'une régression à l'infini, car il n'y a pas tellement à remonter en arrière, puisqu'au final tout est présent ici et maintenant. Simplement, on cesse simplement ce geste "absurde" de vouloir trouver LA cause, de s'y épuiser. Ce qu'on ne peut atteindre, on le laisse tomber "dans un souffle", et ceci concourt à l'avènement d'un espace, d'une certaine tranquillité. Si le "moi" n'a pas de début et pas de fin, alors même son "maintenant" est discutable, et d'ailleurs, je pense que c'est la cause même de l'intrusion d'un doute profond à propos de "qui je suis".
    En fait, les bouddhistes réfutent l'idée d'une causalité, pour tout dire, ce qui n'est pas l'équivalent de la production conditionnée. Si tout était causal, comment se libérer? Dans la production conditionnée, qui est plus circulaire que linéaire, "je" suis totalement impliqué et donc je peux "plonger" dans le principe. La production conditionnée est comme "pleine d'air", d'espace et elle est oeuvrable. Et comme le dit Fabien, c'est au contact des choses quotidiennes, parfois prosaïques, parfois subtiles, qu'elle est en marche.
    Quant à la "nature de Bouddha", cela dépend de notre entendement. En fait il me semble que tout dépend de notre entendement, et du rapport que nous avons institué avec les choses, s'il repose sur la névrose ou sur la santé fondamentale, sur "ce qui est", directement. Le mot "éternel" lui-même est délicat.
    Bonsoir Frédéric, oui, effectivement, je trouve très "beau" de votre part de reconnaître que c’est plus Schopenhauer (dans sa vision du bouddhisme dont il s’est servi pour appuyer ses thèses nihilistes) que le bouddhisme proprement dit que vous réfutez, ce qui est bienvenu.
    Donc le bouddha a effectivement réfuté l'idée d'un Agent créateur, autonome, stable, existant de lui-même et par lui-même, mais pas forcément un sujet, par exemple celui de la libération. Il y a de très beaux textes où il exprime la manière dont il se perçoit.... Bonne soirée.

    RépondreSupprimer
  14. Dans le Premier bouddhisme, celui de Nazarena, il n' y a pas de relation cause-efecct, parce que, a la mannier de la deconstruction poststructuraliste il n'y a pas de realite que me soit pas verbale. comme le escepticismo de Pyrron on ne peut dire ríen que soit vrai oí false.
    Dans le esconde bouddhisme, celui du Yogachra, suele peut exister la causalite de la psique, jamais de la physis. Yl n' y a pas de regresión a L' inffini, parce il n' y a pas de remos ni d'histoire. tout se pases dans L' infini de la consciente, et la tout est toujurs presente, pas de causalite ni de progresión, cause et effet son des visages qui se modifiquen le une a L' surte, la cause deviene effet, et le effet deviene cause. Dans la conscience le desir est desir de rien, car L' objet du desir modifie le sujet et le sujet est modifie par la conscience selon le objet et la conscience se manifesté comme un surte objet selon le desir su sujet.
    On peut veritablement parler de theologie natural Dans une philosophie qui a diferencia de la catholique, n' admite pas ni la physis, ni le logos verbum realiste, ni les essences anterieures a la conscience, donc L' ultima realite du monde, avec ses signes qui justifiquen une theodice.

    RépondreSupprimer

Pas de commentaires anonymes, merci.