lundi 24 février 2014

Ce qui n'est jamais connaissable

 L'espace ne peut être situé

Notre vraie nature et vraie nature de toute chose est inconnaissable. Toutes les traditions le disent. Et pourtant, elles promettent aussi bien que c'est parce qu'on l'ignore que l'on souffre et tribule.

Qu'est-ce à dire ?

Notre vraie nature est ce qui connait. Mais elle-même ne peut être connue à la manière d'un objet.
Je perçois cette table. Mais je ne peux percevoir la perception pure (la conscience) de la même manière que la table.
Pourquoi ?
Parce que ces deux entités sont opposées : l'une est manifestante, l'autre manifestée. 
De plus, les objets, à l'image de la table, sont toujours délimités dans l'espace et le temps. Leur manifestation est délimitée. Alors que la manifestation de la conscience n'est jamais interrompue. Autrement, aucune expérience des objets ne serait possible.

Les choses sont limitées.
La conscience est sans limites. Sans forme.
Mais elle accueille toutes les formes.

Mais alors, comment la connaître ?
Elle est inconnaissable au sens où elle n'est pas connaissable sur le mode du "cela" objectif.
Mais en même temps, elle n'en a pas besoin !
Pourquoi ? 
Parce qu'elle est à elle-même sa propre lumière,
sa propre preuve.
Comme une lampe.
Comme le soleil.
Si nous ne la reconnaissons pas, c'est parce que nous croyons en l'imaginaire, au langage, à la petite voix du mental, des émotions et des sensations.

"La connaissance est comme le miroir
qui reproduit la diversité des choses reflétées en lui :
par le fait qu'elle supporte les divers aspects du connaissable
la connaissance assume la multiplicité.
C'est ainsi, dans sa forme investie par les objets connaissables
que la connaissance,
support de l'univers,
devient elle-même connaissable.
Ce n'est jamais sa forme propre.
Constituant l'essence même du sujet connaissant,
elle ne peut jamais être connue de lui (comme un objet)".

La Doctrine de la déesse Tripurâ, trad. M. Hulin, p. 142

Par conséquent, il n'y a pas d'expérience de notre vraie nature comme émotion, pensée ou sensation, même si la reconnaissance de notre vraie nature se ressent dans les pensées, les émotions et les sensations. L'éveil n'est donc pas un état. Il n'y a donc pas d'éveil. Juste une clarification de notre vraie nature, qui n'est pas une chose, ni un état. 
Elle est juste cette immensité transparente qui accueille ces lignes.

1 commentaire:

  1. La difficulté, me semble t'il, réside dans le fait que nous cherchons des preuves de notre vraie nature; ces preuves ne peuvent être que mental, n'est ce pas ? Comme toutes choses émanant du mental, ces preuves ne seront finalement que momentanément vraies. Ces preuves seront elles mêmes génératrices de doutes, in fine.
    Alors, lançons nous dans le vide.
    Un vrai risque.
    Jubilatoire.

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