mardi 18 mars 2014

La Grande Inopinée



Dans la tradition du tantra, la non-dualité est la réalisation de l'absence de séparation entre la conscience sereine et l'activité quotidienne, entre l’œil du cyclone et le cyclone.

C'est la méditation de Shiva. J'animerais une retraite consacrée à cette pratique durant la première semaine des vacances de pâques, du 12 au 19 avril 2014, en Ardèche.

Voici comment Abhinavagupta décrit cette pratique et son expérience dans La Lumière des tantras :


En se familiarisant avec
L'état qui ne prend ni ne rejette,
On contemple toute chose
Grâce à une conscience sans dualité.
On contemple toute chose
A travers cet émerveillement,
Ce miracle, qu'est la conscience.
Laissant-là cette misère qu'est la recherche de l'efficacité
Et l'obsession utilitariste,
Que l'on vienne reposer en notre vraie nature
Qui est à la fois extérieure et intérieure !
On s'abandonnera alors à la résonance épanouie (de la conscience).
Grâce à cette résonance ouverte,
Que l'on dilate complètement le visage de la conscience.
Alors la roue des souffles, des organes et de la conscience
Ne sera plus séparée de ses objets.
Et ces objets seront réduits en poussière
Par ce feu nommé "conscience".
Une fois résorbé ainsi,
Il se résorbera encore
Dans le feu de la Puissance,
En forme de triangle.
Alors le yogin deviendra souverain,
Totalement détendu en cette existence
Pareille à une sphère,
Intime de la conscience.
Il se délassera
Dans l'essence de (toute) résorption.
Rayonnante d'une beauté à la fois universelle et différenciée,
Il existe une vibration qui est consciente,
Présente aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Elle est la triple Puissance
Qui se contracte et se dilate,
Bien qu'elle ne se contracte pas,
Bien qu'elle ne se dilate pas.
Mais elle se manifeste ainsi (librement).
Ce qui faut reconnaître est à l'intérieur,
Et le regard est posé à l'extérieur :
Ainsi savoure-t-on la meilleure part !
L'attention papillonnante portée à l'utilité des choses
Créées par sa liberté
Est (aussi) conscience.
On dit que c'est la vibration "différenciée"
Que l'on nomme autrement "extraversion".
C'est là que l'on viendra se détendre... 5, 74-82a
Telle est cette divine confluence ses sens et de l'esprit
Que l'on nomme "liberté de la conscience"
Et qui se manifeste les yeux grands ouverts.
Elle a le pouvoir de rendre le monde identique à soi-même.
Tout mouvement résorbé
Par cette parfaite union
En la Grande Inopinée,
On habite dans la nuée bouillonnante de nos propres rayons,
Débordants de plénitude.
Là, on ne pense plus à rien,
On ne se soucie plus de rien.
La claire conscience des (cinq) sens
Devient une conscience dont les étincelles
Suffisent à réduire en cendre le cycle du devenir... 5, 83-85
(Il cite le Tantra de Bhairava à trois têtes :)
Laisse l'inspir s'arrêter.
Oublie l'expir.
Fais l'expérience de la Lumière conscience qui embrasse tout,
Expérience qui procure la connaissance évidente de ce qui est évident !
Pénètre dans le temple, le sanctuaire ultime,
Grâce à la pratique répétée de ce moment (d'immobilité entre expir et inspir).
Cette activité (différenciée de la conscience, des organes et des souffles)
S'apaise et se dépose complètement.
Incomparable, elle est Śiva en personne... 5, 88-89
Reposant en elle, que l'on observe un espace,
Puis un (autre) espace, (plus vaste).
Reposant en cet espace (limité),
Que l'on s'absorbe dans cet espace (plus vaste).
Puis délaissant ces espaces (de plus en plus vastes mais limités),
Que l'on se laisse aller dans l'espace (sans limites).
Et alors, identique à l'espace, on ressentira l'espace... 5, 90b-91a
Présent au cœur de l'être,
Sans rien attendre de l'être,
On le laisse être.
Familier de cette conscience qui est à la fois être et non-être,
On contemplera la cessation de l'être et du non-être. 5,  92

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