mardi 17 juin 2014

Faut-il incarner ?


Si l'on éprouve le besoin d'incarner une expérience que l'on a faite, une intuition que l'on a eue, c'est qu'il s'agissait d'une expérience d'unité. Comme il s'agit d'une expérience d'amour, on sent souvent un décalage entre ce que nous sommes dans ce ressenti et ce que nous somme après. C'est comme pour n’importe quel amour : parfois, on ne se sent pas à la hauteur, ou bien on a l'impression d'un décalage entre le potentiel et la réalité... plein de sentiments de ce genre. Et à juste titre.

Mais notre essence - essence de tout et de tous - n'est pas cette expérience. 
Elle est l'espace qui accueille toutes ces expériences d'unité ou de dualité, sacrées ou profanes, bonne ou mauvais, duelles ou non-duelles... elle les accueille sans condition, quelque soit l'ambiance mentale. Elle est toujours présente. En amont. Avant toute décision, acceptation ou rejet. Et elle n'est pas loin. Elle n'est pas à venir : elle est ce qui accueille ces mots en cet instant, que ces mots soient compris ou non, qu'ils soient acceptés ou non.
Elle ,n'est pas l'espace qui s'incarne.
Elle est non-duelle.
Infuse en tout et en tous,
Mais sans dualité, 
sans séparation.
Donc pas d'incarnation.
Pas de progression.
Et pourtant, la vie !

Ce n'est pas une expérience nouvelle, mais une reconnaissance indicible. Non pas dans le sens d'une extase presque insupportable comme peut l'être l'expérience de l'unité, mais comme un soulagement, un appel d'air, un éveil, un réveil. Sans que l'on puisse non plus le situer dans le temps. L'éveil non-duel, la compréhension de la non-dualité est unique. Ce n'est pas une expérience de sommet. Mais pour autant, il est clair que l'expérience s'en trouve radicalement changée. Il y a un silence absolu. C'est incroyable ! Stupéfiant. Un silence absolu. Tout est présent, plus que jamais. Étincelant, transparent, contrasté. Mais personne n'est présent. Il y a une personnalité, des choix, des émotions, des extases, tout. Mais rien. C'est incompréhensible. Et très familier pourtant. Mais pas nécessairement extatique. C'est parfait.

Sublime, simple comme un coucher de soleil :

1 commentaire:

  1. "Entendez-vous le torrent de montagne ?
    Le maître leva son doigt et, avec un regard qui semblait aussi puissant que bienveillant, il dit :
    "Entre dans le zen à partir de cet espace".
    Le disciple en fut renversé. Ce fut son premier satori, son premier aperçu de l'illumination.
    Il sut ce qu'était le zen sans savoir ce qu'était ce qu'il sut ! .
    (E Tolle. Nouvelle Terre p 201"
    C'est cette dernière phrase que je voulais souligner. Insaisissable évidence...
    Il me semble que le premier aperçu est une grâce, une troué, une fissure dans l'écran du mental par où la clarté modifiera notre regard. Ca ne s'oublie plus et revient jouer de ses rayons. La pratique je la comprends comme un débroussaillage , voir les entraves suffit pour percer au travers.
    Je ne peux homologuer ce que vous nommez une expérience d'unité ni ce silence absolu...Mais j'ai entendu dire qu'à Chidambaram on célèbre Ses noces avec l'espace !

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