samedi 3 octobre 2015

Différentes sortes de relativité

Einstein n'était pas relativiste !

Je distingue plusieurs sortes de relativités.

Prenons l'exemple du bien et du mal.

Pour les relativistes, "tout est relatif". Le bien n'est bien que relativement au mal, et vice-versa. La relation est symétrique : aucun des termes ne préexiste à la relation. Le bien n'est pas bien avant d'être en relation avec le mal. Et leur relation n'a pas de fondement : il y a juste le bien et le mal, ces deux termes ne sont pas fondés en un troisième. Ils flottent dans le vide. Evidemment, ça n'est pas rationnel, mais les gens qui défendent cette position pensent en général que le monde n'est pas rationnel. Par exemple, les bouddhistes et les sceptiques. Pour eux, le monde est une apparence qui semble logique, donc réelle, tant qu'on ne l'examine pas de près. Impossible d'expliquer des illusions. Donc on peut dire que le bien et le mal sont interdépendant, se tiennent mutuellement, sans fondement. Ça n'est pas satisfaisant pour la raison, certes, mais le monde n'est pas rationnel. Tant pis pour notre besoin d'harmonie...

Pour les rationalistes - ce qui englobe le platonisme et ses dérivés (les monothéismes), ainsi que le tantra non-duel, il y a de la relativité, mais cette relativité, comme celle d'Einstein, est fondée dans un absolu. Là encore, je distingue plusieurs conceptions, toujours à partir de l'exemple du bien et du mal :
- le bien et mal sont relatifs, mais il sont fondés dans un troisième terme, neutre.
- le bien et le mal sont relatif, mais fondés dans un Bien transcendant, un Bien absolu.
- le bien et le mal sont relatif, mais en réalité, seul le Bien existe, le mal n'étant que l'absence (apparente) du Bien.
- le bien et le mal sont relatif, mais sont des images déformées du vrai bien.
- le bien et le mal sont relatifs, mais le bien préexiste au mal, qui n'est que son ombre.
- le bien et le mal sont relatifs, mais sont deux facettes du Bien, qui est le Tout. 
- le bien et le mal sont relatifs, mais le mal n'est qu'une déviation ou une perversion du Bien, qui est premier.

Dans cette perspective, seul le Bien est réel. Mais de par notre aveuglement ou nos choix erronés, le Bien nous parait mauvais (par exemple la perte de nos biens nous apparaît comme un mal, alors qu'elle est un bien, puisqu'elle nous conduit vers le Bien véritable) ; ou, au contraire, nous prenons un mal pour le Bien (quand par exemple nous désirons la richesse ou la réputation). La relativité existe aussi au plan sensible, au plan de l'opinion, disons, car il y a toujours du plus et du moins, indéniablement. Et le point de vue, l'état subjectif, le contexte, etc. jouent assurément un rôle. 
Mais le Bien reste premier, et le bien et le mal relatifs ne sont que des images plus ou moins déformées du Bien absolu. Alors que le bien relatif dépend de nos imaginaires, ce sont nos imaginaires qui dépendent du Bien absolu, et ainsi de suite. De plus, l'absolu n'est pas neutre, il est le Bien, c'est-à-dire le but de tous les désirs et de tous les mouvements, de l'existence même de la matière, même si cet élan est aveugle ou erroné. L'être est désir du Bien. La vie est désir du Bien. La pensée est désir du Bien. Et le mal est soit un choix erroné, soit un bien que nous prenons pour un mal, parce que nous n'avons qu'une vision incomplète du Tout.

Donc la relativité est un fait bien intégré dans les spiritualités rationalistes comme celles de Platon ou d'Abhinavagupta. Mais, contrairement aux sceptiques, aux bouddhistes (disons la majorité des bouddhistes) et à leurs rejetons post-modernes, ils ne nient pas l'absolu, ni la raison, ni l'harmonie cosmique, fut-elle relative. La découverte de la relativité devient alors un puissant outil de libration, alors qu'elle conduit à la ruine dans le cas du relativisme, comme chacun peut le constater...

Exemple de relativité fondée dans un principe supérieur, tiré de la musique de Bach :

2 commentaires:

  1. Donc ou on est rationnaliste ou relativiste.
    Le rationnalisme n'est il pas un relativisme?
    Peut on relativiser les relativismes?
    Si ce qu'on a dire n'est pas plus beau que le silence,n'est il pas préférable de la fermer definitivement et à tout jamais?
    Sauve nous David du côté obscur.

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  2. Il y a un moyen très simple, pointé par Nisargadatta :
    Il montre le problème
    "Faites très attention. Dès que vous commencez à parler, vous créez un univers verbal, un univers de mots, d’idées, d’abstractions et de concepts qui s’entrecroisent et sont interdépendants et qui, de la plus étonnante des manières, s’engendrent, se soutiennent et s’expliquent réciproquement mais qui, malgré tout, sont dépourvus d’essence comme de substance, et ils ne sont que de simples créations mentales. Les mots créent des mots, la réalité est silencieuse..."
    Et suggère la solution
    "Contentez-vous d'abandonner toutes vos idées fausses : vous n'avez pas besoin de trouver des idées vraies, il n'y a en pas".
    Attention, c'est radical : risque très grand de réalisation, mais c'est réservé à ceux que la recherche et les mots n'amusent plus, qui ne veulent plus attendre sur les rivages des mots et des concepts pour réaliser la vérité.
    Une nuance, de taille : la vérité n'est pas l'ennemi des mots et des concepts, la raison d'un "éveillé" marche très bien et il continue de penser et parler comme tout le monde : seulement, il ne se laisse plus prendre à leur jeu trompeur comme c'est le cas quand on oublie le réel au profit de l'irréel (les concepts) ; demeure à l'éveillé la liberté d'en user ou pas, de parler ou se taire, selon son bon plaisir c'est à dire avec une totale liberté.

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