mercredi 10 août 2016

Grandeur de l'effort personnel !

Le Yoga selon Vasishta est le livre de non-dualité le plus influent. Immense par sa taille, profond par son contenu, il est la source principale du non-dualisme aujourd'hui comme il le fut en Inde pendant des siècles.



Son message est que le but de la vie est la sérénité. Cette paix ne peut être gagnée qu'en réalisant que rien n'existe. Tout est imagination, fiction et songe.

Pourtant, ce livre-maître célèbre la grandeur de l'effort humain, personnel (paurusha-mahimâ). La volonté n'a pas de limites, et sans elle, impossible de rien obtenir, a fortiori l'Eveil :

"Si l'on renonce à l'effort personnel,
il est impossible de trouver un autre moyen
pour atteindre la cessation
de toutes les souffrances !"

"C'est seulement par nos propres efforts,
qu'en cette vie même surgira
en notre cœur
la joie d'une fraîcheur
pareille à celle de la lune,
et pas autrement !"

"Ô toi dont l'intellect est vaste !
Rien dans les trois mondes
n'est hors de portée
de l'effort personnel
et intrépide."

On atteint tout 
"par un effort personnel bien employé".

"Les être intelligents transcendent
les grandes difficultés
par leur effort personnel,
aisément... et non par l'inaction."

"Nous sommes notre propre allié,
et notre propre ennemi.
Si l'on ne se protège pas soi-même, 
nul autre ne le fera."

Pour anéantir toutes les émotions,
l'effort personnel excelle tout."

"Que la personne maîtrise le mental par le mental,
au moyen de l'effort personnel,
qu'il l'établisse dans la voie sacrée,
soi-même par soi-même !"

Il est vain d'espérer qu'un autre fasse cet effort à notre place :

"Le médiocre qui vit en se disant 
'quelqu'un me conditionne ainsi',
celui-là renonce à ce qu'il voit.
Il mérite qu'on le laisse tomber !"

Le Destin n'est qu'une excuse pour les faibles :

"Il n'y a pas de Destin".

"Le destin n'existe p as."

"Le Destin est à jamais inexistant." 

"Sauf à être un cadavre,
l'inaction n'existe pas en ce monde.
Or c'est par l'action que l'on obtient des résultats.
La notion de 'Destin' est donc futile !"

"Le Destin a été imaginé par des imbéciles".

"Le destin n'est qu'une consolation 
pour soulager la souffrance 
de ceux dont l'intellect est faible."

etc., etc.

Il est ironique de constater que cette célébration de l'effort personnel est devenue aussi source d'inspiration pour dénoncer l'illusion du libre-arbitre et autres variantes du matérialisme.

Mais je crois que si le pseudo-advaita, qui est un vrai matérialisme, rencontre aujourd'hui un tel succès, c'est à cause des découvertes mal assimilées de la science. Par exemple, de l'expérience de Libet (qui continue de croire au libre-arbitre !), expliquée assez clairement dans cette vidéo :


2 commentaires:

  1. Qui croit atteindre Dieu par l’effort devra faire face à une souffrance sans fin ! Et qui croit l’atteindre sans effort devra vivre avec l’illusion d’un vœu jamais réalisé.

    L'effort, comme le concept de libre-arbitre est une concession pédagogique pour aider ceux qui sont arrivés à un certain stade sur le chemin sans chemin. Ce que nous sommes vraiment, vraiment est au-delà de l'effort et du non-effort et au-delà de libre-arbitre et du déterminisme.Au-delà des paradoxes. L’intérêt du paradoxe comme du koan est de bloquer le flux des pensées et de Voir, d'a-percevoir le Visage originel.

    Comme le dit très clairement Nisargadatta Maharaj (que vous pouvez difficilement juger de 'neo-advaita', quoi que ?):

    « A moins que vous ne fassiez d’énormes efforts, vous ne serez pas convaincu que l’effort ne mène nulle part.
    L’ego est si confiant en lui-même qu’à moins d’être totalement découragé, il n’abandonnera pas.
    La simple conviction verbale n’est pas suffisante.
    La réalité des faits, seule, peut montrer l’absolu néant de l’image de soi.»

    Votre critique intéressante des enseignants néo-advaïta souffre néanmoins de nombreux biais cognitifs (généralisation, omission, mauvaise foi,...).

    Je conclurai par un autre citation, (en bon 'psittaciste' de service) de Ramana Maharshi, digne descendant de Cankara (maître de la Voie ascendante ascétique que vous n'aimez pas, y préférant la Voie immanente du désir de Abhinavagupta; la Voie de la Vision sans tête d'Harding transcende et inclue les deux):

    "Celui qui conseille à un chercheur fervent de faire ceci ou cela n'est pas un vrai maître. Le chercheur est déjà affligé par ses activités et il désire la paix et le repos. En d'autres termes, il souhaite la cessation de ses activités. Si un enseignant lui dit de faire quelque chose en plus de ses autres activités, ou à leur place, ceci peut-il lui être une aide ? L'activité est création. L'activité est destruction de notre bonheur intrinsèque. Si l'activité est indiquée, celui qui la prescrit n'est pas un maître, mais un tueur. De telles circonstances nous mènent à dire que soit le créateur [Brahma], soit la mort [Yama] se sont présentés sous l'apparence d'un maître. Une telle personne ne peut pas libérer l'aspirant, elle ne peut que renforcer ce qui l'entrave."

    Bonne journée.

    Merci pour votre site.

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  2. @ Dominique Hervé Cortina : Ramana Maharshi penche vers l'inaction personnelle parce qu'il confond action individuelle et action personnelle.
    L'action individuelle est mécanique, répétitive, non libre, tandis que l'action personnelle est libre et créatrice.
    L'action personnelle est effectivement destructrice du ressenti de notre bonheur intrinsèque mais non de ce bonheur lui-même qui est indestructible.
    Il n'y a que pour l'animal en soi que le but de la vie est ressentir un maximum de bonheur. L'être humain est au delà de cette quête égoïste.
    De nombreux exemples tendent à montrer que le sacrifice du bonheur (en tant que ressenti) est la porte d'accès au bonheur suprême.
    Nul ne peut recommander à quelqu'un de sacrifier son bonheur mais nul ne peut lui dire que c'est une erreur.
    Nul n'a connu la félicité sans préférer la vérité au bonheur.

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