dimanche 4 septembre 2016

L'éveil, c'est réaliser qu'il n'y a jamais de réveil



Le Soi est l'Immense.

Le Soi est le Témoin des pensées, le Regard ininterrompu qui contemple la danse de tous les esprits à l'intérieur de chacun.
Éternel, il voit le temps passer, les pensées se succéder, comme s'il avait les yeux mi-clos.

Ceci n'est pas un point de vue opposé à d'autres : c'est la Vision en laquelle toutes les visions relatives "voient". Même la vision selon laquelle tout ceci est abstrait, vain, inutile, absurde ou faux, n'existe que dans et par la Lumière qui est le Témoin immuable. 

Mais comment connaître ce Témoin ? 
Il n'y a pas de moyen. Pas besoin de moyen. Le Témoin est évident, il est sa propre lumière. Il s'éclaire en éclairant les pensées telles que "Comment réaliser le Soi ?"

Selon certains, les Bouddhistes par exemple, le Soi-Témoin est une fiction. Mais ce point de vue n'est qu'une pensée évanescente. Le Témoin est celui qui connaît, qui voit directement, comme un fruit dans la paume de la main, cette pensée. Il est le plus intérieur, le plus intime, plus proche que l'ego, lequel est une pensée, un objet qui apparaît et qui disparaît, par exemple dans le sommeil ou le coma.

Mais selon les bouddhistes, on se retrouve dans l'alternative suivante :
Si le Témoin voit les pensées, alors il est affecté par cette vision, car voir c'est changer, en étant "coloré" par ce que l'on voit. C'est devenir autre, ne plus être "soi".
Si, au contraire, le Témoin est absolument immuable, alors il est aveugle, il ne fait rien, et donc on peut tout aussi bien dire qu'il n'existe pas ! C'est une idée fictive, superflue.

La réponse est simple : en réalité, le Témoin ne voit pas les pensées, car les pensées... ne sont pas réelles ! Pourquoi ? Parce qu'elles passent. Or, ce qui n'existe pas au commencement ni à la fin, n'existe pas non plus dans l'intervalle, comme un mirage. Ce qui n'existe pas toujours, n'existe jamais.

Mais alors, pourquoi parler de Témoin ? C'est une concession provisoire à l'ignorance. Par exemple, xc'est comme pour montrer une étoile dans la nuit : on peut dire que l'étoile est "au bout de la branche de cet arbre", alors qu'en réalité l'étoile n'a aucun contact avec la branche de cet arbre, elle en est à des années-lumières ! Ici, les pensées sont comme la branche de l'arbre, et l'étoile à voir est comme le Soi. On parle des pensées pour indiquer, dans une première approximation, le Soi. Mais le Soi n'a rien à voir avec les pensées ni avec rien d'autre. Il n'est pas présent "entre deux pensées" ; il n'est pas "l'arrière-plan" des pensées, ni l'espace en lequel elles apparaissent et disparaissent. Pourquoi ? Parce que les pensées n'existent pas ! Un Témoin suppose des choses réelles dont il serait témoin. Donc cette idée de Témoin n'est qu'une approximation, un panneau provisoire, de même que le mot "Soi" ou "Je" qui m'invitent à retourner mon regard, à me détourner des choses pour voir celui qui voit. Je peux me décrire comme Témoin seulement si j'accepte la réalité des pensées (et de tout le reste). Mais finalement, les pensées n'existent pas, elles ne sont que des apparences sans vérité, car elles ne durent pas. Il ne reste donc plus que moi, pure conscience, sans rien d'autre, sans personne d'autre. Il n'y a pas non plus absence de monde ou des choses. Il n'y a que moi, sans second. Les choses ne sont pas réelles, elles se réfutent elles-mêmes, en silence, par leur impermanence. Je ne suis rien de tout cela. Rien n'est moi, rien n'est réel. Il ne "reste" que moi. Mais il en a toujours été ainsi.

Mais attention ! Dire que le Témoin n'est qu'une projection sur le Soi en relation à des objets irréels, ne doit pas conduire à croire que le Soi est un néant ! Ou que "le Témoin n'est qu'un concept". Ce qui est encore faux, dans l'expression "Témoin", c'est qu'elle suggère que les pensées sont réelles, alors qu'elles ne le sont pas ; mais cela ne veut pas dire que le Soi est un vide inerte, ou un néant vague.

En réalité, je suis Lumière consciente. Parfois, le soleil fait briller un joyaux. On dit alors qu'il éclaire ce joyau. Puis le joyau n'est plus là, pour une raison quelconque. Et on dit que le soleil n'éclaire plus ce joyau. Mais en réalité, le soleil brille toujours ! Ça n'est pas parce qu'il n'y a rien à éclaire, qu'il n'y a plus de lumière ! De même, quand l'objet disparaît, quand une pensée disparaît, je suis toujours présent, je suis le Témoin de l'absence de la pensée. 

C'est exactement ce qui se passe dans le sommeil. Quand je suis "profondément endormi, cela veut dire que tout à disparu : le monde, le corps, les pensées. Plus rien. Quand le monde réapparaît, je reconnaît qu'il a été absent : je suis le Témoin de l'absence de tout, au-delà de tout. Mais comme ces apparitions et disparitions ne peuvent être réelles à cause de leur impermanence, en réalité je ne me réveille jamais ! Le sommeil st le Soi, je suis sommeil éternel. Par erreur, je m'identifie à des pensées et des sensations, et je crois que je me réveille. Mais c'est juste un cas de confusion, comme quand je crois que verre posé sur une nappe rouge est rouge, où comme je crois que la lune bouge entre deux nuages qui bougent, ou comme quand je crois que le quais de gare bouge au moment où le train démarre... Je crois que je pense ; et que les pensées sont conscientes. Alors que je ne fais rien, et que les pensées sont aussi inertes des des nuages. Je suis infini, éternel, immuable, pure Lumière. Il n'y a rien d'autre. Les pensées, la confusion, l'ignorance, ne sont que des faux-semblants. Comment le sais-je ? Par la foi ? Par la méditation ? Par un événement mystérieux nommé "éveil" ? Non. C'est l'expérience qui le "dit", en silence.

Un sans second.
Une seule réalité.
Je suis l'Immense.
Ce Soi est l'Immense.
L'Immense est conscience.
Tu es cela. 

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