dimanche 23 octobre 2016

Kâlî, ou l'impermanence libératrice

Le Temps engloutit tout. 
Les bons comme les méchants. Le beau comme le laid.
Le Temps, c'est le changement.
Imaginez que tout se fige : le Temps existerait-il encore ?
Mais rien ne se fige...
Tout s'enfuit.



Nous nous plaignons que les bonnes choses passent.
La jeunesse, l'abondance, le bonheur, un état spirituel merveilleux, le silence intérieur...
Quand nous méditons ou quand nous "travaillons" sur nous-mêmes,
c'est pour stabiliser les moments les meilleurs, les moments d'ouverture de la conscience. 
Et les pensées, les sensations, les souvenirs, sont comme des parasites qui viennent
interrompre nos bons états. 
Nous cherchons donc à nous en débarrasser.

Nous nous "centrons" pour que ces parasites 
n'apparaissent pas,
nous essayons de rester présents pour que 
le silence demeure.
Ce qui est une bonne chose.
Mais les parasites reviennent inévitablement. 

Et si le Temps était la solution ?
Car, si le changement amène ces parasites, 
il les emporte aussi !

Concrètement, au lieu de me concentrer pour empêcher les pensées d'apparaître,
pourquoi ne pas observer leur disparition ?
Juste déplacer le centre de l'attention.
L'avantage est que la disparition des pensées et des sensations ne demande aucun effort, nulle tension.
Car la disparition des choses est dans leur nature.
Le Temps engloutit tout.
Pourquoi ne pas le laisser faire le travail à ma place ?
Et alors, chaque pensée, chaque sensation qui disparaît,
est goûtée comme une détente,
une énergie qui se dilate,
une main qui s'ouvre,
un pont de clarté lancé vers le silence,
comme un arc-en-ciel.
L’ébullition est ressentie comme un agréable massage,
non plus comme un parasitage.

Ainsi, par un simple déplacement de l'attention,
la terrible impermanence, l'évanescence des choses,
tourne à notre avantage.
Je ne sens plus les pensées et les sensations comme des envahisseurs,
mais comme des tintements de clochettes,
légers, transparents, ouvrants vers le silence :
des caresses d'espace.

Je suis Présence sans limite.
Les mouvements sont comme des offrandes
au mystère que je suis.



Dans la tradition de la Danse de Kâlî,
la Déesse est célébrée comme conscience
qui englouti tout.
Cette conscience qui dévore ses enfants
n'est autre que le Temps qui emporte tout.
Cette impermanence est détente.
Libération.
Méditer, c'est s 'accoutumer
à ce lâcher-prise,
par un simple déplacement d'attention.
Bien sûr, cela demande de l'attention.
Donc une sorte d'effort.
Mais sans la tension comparable
à celle du méditant qui aspire à écarter les pensées,
bien que cette dernière approche ne soit pas non plus complètement vaine.

Quoiqu'il en soit,
non seulement je suis le Témoin
de la disparition des pensées,
mais en plus, chaque disparition
est ressentie comme une détente.

Vertigineux...

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