vendredi 2 décembre 2016

A quoi sert la pratique ?

En caricaturant (un peu), il y a deux voies :
- l'expérience
- et la compréhension

L'expérience c'est, en essence, l'amour.
La compréhension c'est, en essence, la connaissance.
Shakti et Shiva.


L'expérience seule, disent les partisans de la voie de la connaissance, est une impasse. L'expérience mène à l'expérience. On tourne en rond. C'est le samsara. L'expérience est éphémère. Elle est addictive. Elle en demande toujours plus...
La compréhension seule, disent les partisans de la voie de l'amour, est une illusion. La compréhension est stérile sans pratique, sans expérience, sans ressenti. Elle nous laisse dans la misère et la famine spirituelle.

Il y a un peu de vrai dans ces critiques, de chaque côté.

Quelle est la vision juste ?
Il y a une compréhension, c'est certain, une reconnaissance à faire. Où à laisser faire, comme on voudra. Et cette reconnaissance est une expérience. Car "expérience" est un mot bien vague, qui s'entend en bien des sens ! 
Soyons clairs : certes, la conscience, notre essence, n'est pas quelque chose dont je doive faire l'expérience, à la manière dont je dois goûter le miel pour en faire l'expérience et savoir vraiment ce qu'est le miel. Car - et là les partisans de la voie de la connaissance ont raison - la conscience n'est pas un objet séparé de moi, dont je n'ai pas encore fait l'expérience. En fait, la conscience EST l'expérience. Elle est est l'espace, le lieu, le séjour, l'élément, le fondement, la texture, le substrat, l'étoffe, le contenant de tout. La distinction entre théorie (lire le menu) et la pratique (goûter le miel ou la saucisse) est valide, sauf dans le cas de la conscience. Ici, la théorie EST la pratique. Si je lis une description de Paris, je dois ensuite aller à Paris pour vraiment en avoir la connaissance. Il y a dans ce cas une distinction utile à faire entre connaissance indirecte et connaissance directe. Mais, dans le cas de la conscience, il n'y a rien à faire, nulle part où aller. La conscience est toujours déjà présente, sans quoi il n'y aurait ni "où", ni "quand", ni "comment"...
D'un autre côté, tous le mondes voit bien qu'il y a une différence, un abîme même, entre l'expérience ordinaire et l'expérience "éveillée" (ou endormie, selon les points de vue). 
Alors, comment résoudre cette énigme ?

La solution est simple :
La conscience (le Soi, Dieu, notre vraie nature, la Vibration originelle, la Source, etc.) EST l'expérience-toujours-déjà. C'est vrai. 
Elle ne peut donc être atteinte, comme on atteindrait Paris ou le pot de miel, après en avoir entendu les descriptions. 
Mais l'éveil n'est pas la conscience. 
L'éveil, c'est la conscience qui s'éveille à elle-même. 
Qu'est-ce à dire ? La conscience se connait toujours, certes. Sans cela, aucune expérience n'aurait lieu. Elle brille à chaque instant, sans quoi vous ne pourriez lire ces lignes. Mais elle ne se reconnait pas comme état la Source, Dieu, la Déesse, la Vibration, la Guérison, l'Amour, etc. Et donc, elle reste "contractée", comme gelée en elle-même, limitée, entravée, prisonnière de cet aveuglement. C'est comme être le roi sans le savoir. Ou comme être riche sans le savoir. Comme rêver sans le savoir. 

Et donc, pratiquer c'est adorer la conscience.
C'est laisser le corps, le mental et tout le reste, "retourner" dans la conscience.
C'est laisser notre être se savourer,
et grandir dans cette délectation,
jusqu'à L'Immense.
C'est possible et logique, parce que la conscience n'est pas une Lumière statique, comme une lumière physique, mais une Lumière libre, libre de se prendre pour ceci ou pour cela. Les hindous l'appellent Mâyâ, la Magicienne. Les néoadvaitas l'appellent "le mental". Mais c'est pareil.
Et donc, pratiquer (méditer, travailler, prier...), c'est adorer la conscience, tout immerger en elle.

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