lundi 5 décembre 2016

L’ascension de la Koundalinî

La Koundalinî est devenue centrale dans la spiritualité mondiale. On ne compte plus les livres, les stages et les interprétations...


A l'origine, la Koundalinî est la puissance créatrice présente dans l'homme.
Elle y est d'abord présente comme Parole-Souffle-Conscience.
Or, le souffle part du Cœur, au centre de la poitrine. 
C'est pourquoi les enseignements les plus anciens font partir la Koundalinî du Cœur, vers le bas et vers le haut :
 dans les instructions orales transmises par Abhinavagoupta, il y a la Koundalinî "vers le haut" (ourdhva), pratique de l'éveil à travers l'écoute de la respiration, avec six chakras du Cœur jusqu'à l'espace au-dessus de la tête ; 
et il y a la Koundalinî "vers le bas" (adhovaktra), pratique de l'éveil à travers l'union sexuelle, avec six chakras du Cœur jusqu'à l'espace au-dessous des organes génitaux, où se trouve la contrepartie du "lotus à mille pétales".

Plus tard est apparue la tradition de la Déesse Koubjikâ. C'est là que le système des six ou sept chakra apparaît. 
La Koundalinî ne part plus du Cœur ou du Hara, mais de la base de la colonne vertébrale.
Ce système a été repris par la tradition Shrîvidyâ, et popularisé dans un texte du XVIe siècle : La Description des six chakras, de Pournânanda. Ce texte a été traduit en anglais par John Woodroff. Dès lors, il est devenu LA référence en matière de chakras et de Koundalinî. Même les maîtres indiens ne parlèrent plus que de ce système, sans retourner voir les textes d'origines. C'est ainsi que la richesse de la tradition s'est un peu perdue.

Quoi qu'il en soit, voici un extrait d'un tantra de la Shrîvidyâ (son tantra fondamental, en fait), décrivant la Koundalinî en termes poétiques, comme une femme qui quitte sa famille pour aller rejoindre un "homme sans qualités" :

"La Koundalinî dance et s’élève depuis le Sanctuaire en forme de triangle,
elle perce le mandala du soleil de Shiva,
faisant (ainsi) fondre le mandala de la lune (situé dans la tête).
Elle se délecte de cette incomparable félicité
qui ruisselle de nectar !"

Vous remarquerez que, jusqu'ici, le récit est compatible avec le Tchandalî-yoga bouddhiste, lequel est manifestement dérivé du système shaiva.
Puis :

"Cette femme de bonne famille quitte alors sa famille
pour rejoindre un autre homme/ l'homme suprême,
un homme indéfinissable, sans  qualités,
sans richesses/sans forme ni famille/ sans corps.
Elle assume alors sa liberté et s'empare de ce Maître du monde.
En suivant ce chemin, comblée, 
elle retourne à sa solitude.
D'abord cachée, Tripourâ
se manifeste et jouit d'elle-même."

Nityashodâshikârnava, IV, 12-16

Kula signifie à la fois "famille" (y-compris la famille spirituelle, la lignée), corps, et totalité, groupe, ensemble.
"Quitter sa famille", c'est donc retourner au-delà des objets, c'est l'éveille de la conscience à elle-même.
Car la Koundalinî n'est rien d'autre que la conscience qui, 
en cet instant, lit ces lignes.

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