mardi 14 février 2017

Comme la sensation d'une fourmi...

Quand il décrit la subtilité du toucher tactile, le Commentateur Djayaratha parle ainsi :

"Ce toucher (=cette sensation) est comme la sensation d'une fourmi qui bouge (sur la peau)".

(ad Lumière des Tantras, XI, 31)



Et il cite le Tantra de Svatchanda Bhairava, le plus ancien et le plus influent des tantras de Bhairava, la forme ésotérique de Shiva :

"Ô Déesse !
Une fois que (l'énergie) à traversé le niveau de Shakti,
elle devient l'Omniprésente au niveau de la peau.
Cette expérience est une sensation, un toucher
semblable à celle d'une fourmi (sur la peau)."

"Shakti" désigne ici l'une des douze étapes de l'énonciation du Mantra ("om" par exemple), c'est-à-dire de l’ascension de l'énergie vitale, autrement dit de l'élévation de l'attention jusqu'à l'espace de la Présence nue.

Kshémarâdja confirme que cette sensation est comme celle d'une fourmi, subtile et ineffable. Le Vijnâna Bhairava Tantra évoque aussi cette sensation (67).

Abhinava Goupta cite encore un verset des Stances sur la Vibration :

"De (l'absorption dans la Vibration) s'ensuivent
la Lumière, la Résonance,
la Forme, la Saveur.
Ce sont des facteurs d'agitation.
Mais il n'en va pas de même
du Toucher !"

Ces manifestations sont des formes lumineuses que l'on peut voir, par exemple, quand on appuie légèrement sur les yeux ou quand on se bouche les oreilles. Le Commentateur Djayaratha parle des "forme que l'on voit jusque dans l'obscurité".

Alors que Patanjali, dans ses Yoga-soûtras (III, 36), inclut le Toucher dans les facteurs d'agitation et de déviation, Abhinava Goupta privilégie le Toucher.

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