samedi 15 avril 2017

Reconnaître Dieu en soi

Vivre d'une vie "intérieure",
c'est simplement laisser le désir suivre sa pente,
mais jusqu'au bout.
Ce bout, cette fin, est le repos en la Source.

Pourtant, la Source est déjà en nous.
Elle est nous, 
Vie en qui nous avons la vie,
Être en qui nous avons l'être.
Sans elle, il n'y a que des corps.
Et encore...



La philosophie de la Reconnaissance (Cachemire, An Mille),
invite ainsi à reconnaître la Source créatrice en soi.
Elle est déjà "là", sans quoi il n'y aurait ni "ici", ni "là".
Mais la reconnaître, c'est plonger en elle,
se laisser inonder et rénover à sa manière,
indicible, mystérieuse.

Par cette reconnaissance,
grâce à cette prise de conscience de l'Être
par qui nous somme,
qui nous donne notre être,
nous accédons à un être nouveau,
une vie nouvelle,
instant après instant.

Tel est, dans la Reconnaissance,
le yoga : l'union de l'âme et de sa Source,
de l'humain et du divin.

Rien de nouveau n'est créé donc.
La Source est simplement reconnue.
Elle se reconnaît en l'âme,
pour que l'humain se divinise.

Cette idée est apparemment éloignée du christianisme.
On la retrouve pourtant sous la plume du Docteur Mystique,
Jean de la Croix, dans ce passage très clair :

"Pour comprendre quelle est cette union dont nous sommes en train de parler,
il faut savoir que Dieu, en quelqu'âme que ce soit,
fût-ce celle du plus grand pécheur du monde,
demeure et se tient substantiellement.
Et cette manière d'union est toujours réalisée entre Dieu et toutes les créatures ;
en elle, il leur conserve l'être qu'elles ont ;
de manière que s'il venait à leur manquer de cette façon,
aussitôt elles s'anéantiraient et cesseraient d'être.
Et ainsi, lorsque nous parlons de l'union de l'âme avec Dieu,
nous ne parlons pas de cette union substantielle qui est toujours faite,
mais de l'union et transformation par amour de l'âme
avec Dieu qui n'est pas toujours faite,
mais seulement lorsqu'il
vient à y avoir ressemblance d'amour."
Montée du Carmel, V, 3

Dans le langage de la Reconnaissance, on dirait que l'âme est toujours conscience,
sans quoi elle n'existerait pas, ne vivrait pas, ne penserait pas.
Cette "union" là est toujours déjà réalisée.
En ce sens, Dieu n'oublie jamais l'homme,
même quand ce dernier l'oublie.
Il n'y a jamais séparation d'avec la Source,
sans quoi il n'y aurait plus rien du tout !
Car la Source est notre "substance",
l'âme de notre âme, l'être de notre être.
La Source.
Ce qu'il faut "réaliser", en revanche,
c'est cette présence en nous de la Source de tout vie.
Si nous prenons conscience de la conscience,
présents à la Présence,
alors nous réalisons que la Source est en nous,
ce qui nous rend libres.
Comment ?
En aimant, en adhérant à cette Présence
source de tous les présents,
de tous les biens.

En effet, comme dit Jean de la Croix,
nous ressemblons à ce que nous aimons.
L'amour transforme.

Là est la vie intérieure.

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