samedi 23 septembre 2017

Qu'est-ce qu'un gourou ?

Gourou vient du sanskrit guru, "lourd", "grave", et donc "important".
A noter : guru a la même racine indo-européenne que "grave".


On entend souvent que guru viendrait de gu les ténèbres et ru, la lumière,
le guru étant alors la Lumière qui chasse les ténèbres de l'inconnaissance.
Il s'agit là d'une définition traditionnelle (nirukti) qui joue sur chaque syllabe
d'un mot pour en définir le sens.

Mais il existe d'autres définitions du mot guru, selon d'autres traditions.
Ainsi, dans le shivaïsme du Cachemire.
Voici ce qu'en dit un maître du shivaïsme du Cachemire
qui n'a sans doute jamais été au Cachemire :
Mahéshvara Ânanda a composé son 
Bouquet pour la Vérité intégrale (Mahârthamanjarî)
à Tchidambaram, au sud de Pondichéry,
vers le XIIIe siècle, 
inspiré par la vision d'une mystérieuse yoginî.

Dans le premier verset de son poème, il salue
"les pieds toujours immaculés
du gourou Lumière intégrale". 

Il l'explique ainsi, dans son autocommentaire en sanskrit :

"En ce monde, tout le monde s'accorde à dire qu'il faut
adorer l'ineffable (kâcit) divinité. Il y a seulement désaccord à propos
des noms et des formes qui la décrivent. 
Or, ceux qui examinent de près au moyen de la raison
cette essence qui est simplement l'évidence (sphurattâ)
de leur propre conscience, concluent que la divinité
qui doit être adorée n'est autre que la Lumière consciente. 
Quand au fait qu'elle est "intégrale",

Cette clarté évidente est l'être intégral,
non délimité par les lieux et les moments.
C'est elle que l'on proclame
Coeur du Maître suprême,
car elle est l'essence (de tout).  (Stances pour la Reconnaissance)

Selon cette pensée de la sublime (philosophie de la) Reconnaissance,
cette évidence est l'unique essence,
car elle dépasse toute contraction."

Sur cette base, il définit ensuite le gourou  :

"Or le gourou est celui qui brille,
qui manifeste la vie quotidienne,
le cours de l'univers.
Selon cette définition traditionnelle,
il est (donc) source de grâce pour tous."

(MMParimala, I, pp. 3-4 de l'éd. Dviveda)

Ce qui est remarquable, dans cette définition,
c'est que le gourou n'est pas décrit comme un être humain,
mais comme l'essence de tous et de tout.
En ce sens, le gourou est "impersonnel".
Il n'a ni nom, ni forme ;
il est "quelqu'une" (l'article indéfini est ici au féminin,
avant de passer au masculin dans la suite du propos).
De plus, il est évident.
A noter : le mot sphurattâ, qui désigne une manifestation claire,
évidente, une clarification, comme un lever de soleil,
a été aussi employé par Ramana Maharshi
dans les passages les plus importants de son enseignement.
Cette évidence est simplement la conscience,
cette Lumière qui éclaire tout,
en laquelle tout apparaît et disparaît,
et qui elle-même n'apparaît ni ne disparaît.
Plus subtile que le plus subtil,
elle est plus évidente que nos pensées,
nos sentiments, nos sensations.
Comme elle envelope absolument tout,
elle est la Lumière "intégrale",
ou l'être intégral (mahâ-sattâ).
De plus, elle se manifeste comme noms et formes.
Car tel est le lien mystérieux entre universel et singulier :
la Lumière universel, emportée par son libre élan,
se cristallise en un individu singulier,
en une succession de lieux, de moments
et de formes uniques qui constituent le Temps,
la vie quotidienne (vyavahâra).
Sans cette Lumière, rien ne serait possible.
Elle est donc grâce, don gratuit.

Toute l'oeuvre intérieure
est de le reconnaître
et de s'y offrir instant après instant.

Tel est le véritable gourou.

1 commentaire:

  1. "ahambhãva. It is the transcendental ground which and trough
    which the entire range of cosmic and individual principles in the
    sphere of the subject, object and means of knowledge are
    generated,sustained and destroyed through a process in which its
    transcendantal nature immanentalises itself even as it reverts back to
    transcendence."

    dr Dyczkowski
    "Self awareness on being and egoity"


    Grâces sur grâce...

    RépondreSupprimer

Pas de commentaires anonymes, merci.