samedi 10 mars 2018

La Révélation du frémissement - 8


Suite de la traduction du poème sanskrit Le Poème du frémissement, avec un commentaire, traduit du sanskrit lui aussi :

"Nous le célébrons". Mais qui est-il ?
Il est celui qui est "la source" de l'apparition du monde, c'est-à-dire de toutes choses, en ouvrant les yeux, c'est-à-dire en tournant son regard vers les possibles. Il est aussi la source de la disparition du monde en fermant les yeux, c'est-à-dire en se reposant en lui-même. En effet, nul monde ne peut apparaître ou disparaître s'il est quelque chose de plus que lui. Bien plutôt, le monde apparaît et disparaît pour autant que la Shakti du maître s'élance ou se repose. D'ailleurs, le Maître Parfait le dit bien :

Le monde entier apparaît avec tous ses détails
quand ta conscience transparence "apparaît".
Et tout disparaît quand tu réintègre
ton essence.

Kallata, l'auteur du présent ouvrage, l'a affirmé lui aussi dans sa Méditation du le principe :

Le monde apparaît et disparaît de concert
avec l'expansion et la contraction de l'énergie
dont le Soi est le Bienfaisant que l'on doit connaître,
car il est le moteur de tous les phénomènes.

L'Hymne à la Déesse ajoute :

C'est vrai : l'apparition et la disparition du monde
ne sont rien d'autre que 
l'éclosion et la fermeture de ton cœur.
Ta majesté se manifeste clairement dans les perceptions
à travers le spectacle de tes créations
miraculeuses et variées.L'énergie du désir enveloppe en son sein
les énergie de pensée et d'action :
elle est expansion et élan de l'imagination,
car est l'éclosion de celui qui est libre.
La pensée et la perception découlent
toujours du désir, et chaque chose apparaît
en accord avec les causes de l'action.

Quand à la fermeture des yeux, elle est dégoût et retrait en soi. 
Dans le premier verset du Poème du frémissement, on devrait dire "l'apparition et la disparition", mais l'auteur à écrit au contraire "la disparition et l'apparition", de peur d'aller contre les règles de la prosodie. En outre, en faisant cette inversion, l'auteur place le mot "éclosion" en premier, car il est de bon augure.  Enfin, il commence par ce mot parce que la création, et donc l'éclosion, vient en premier.

Quand ils 'agit d'exprimer la réalité,
mettre l'accent sur l'ordre des mots
n'est qu'une forme d'aliénation.
Cette approche exacte est vulgaire.

L'auteur a parlé de cette expansion et de cette contraction comme d'instruments, car ils sont le moyen pour la conscience de faire apparaître et disparaître le monde, et aussi parce qu'ils sont le moyen d'atteindre à la fois la jouissance en cette vie et la délivrance. Plus précisément, l'ouverture des yeux de la conscience engendre toute la variété des jouissances en ce monde ; et la fermeture de ses yeux est la délivrance, pareille à une mer d'huile.

Mais qu'est-il encore ? Il est "la source de la roue des énergies" :

Il existe une seule et unique énergie du Maître, l'énergie de désir. Mais on distingue en elle deux aspects dès l'origine : 
la connaissance et l'action.

Le mot "roue" exprime sa richesse variée. C'est ce qui est détaillé dans le Tantra de la gloire de la Déesse-alphabet :

Cette Shakti du créateur du monde
est inséparable de lui, comme les fils d'une étoffe.
Elle est la Déesse, son désir, 
quand elle devient désir de créer.
Bien qu'elle soit une,
apprends comment elle se diversifie :
Le savoir "ceci est ainsi"
et la certitude "cela n'est pas autrement",
c'est l'énergie de connaissance,
celle qui fait connaître les choses en ce monde.
"Que tout ceci existe ainsi !" : quand la Déesse
se tourne ainsi vers la création
et qu'elle crée cela,
elle crée ces choses, elle les fait,
et on dit que c'est l'énergie d'action.
Elle a donc deux aspects,
qui à leur tour se distinguent de nombreuses façons.
Elle se multiplie ainsi à cause des circonstances
des choses qu'elle crée, comme un cristal transparent
devient "rouge" ou "bleu" 
à côté d'un tissu rouge ou bleu ;
ou bien cette Maîtresse se multiplie
comme une pierre philosophale
capable d'exaucer les désirs
sans changer elle-même.
Parce qu'elle devient la guirlande des lettres de l'alphabet,
elle est la mère et la matrice des âmes.

Et cette Matrice symbolisée par l'alphabet est de quatre sortes. Il est dit :

La roue des énergies est de quatre sortes :
Celle qui vole dans l'espace de la conscience ;
Celle qui s'ébat dans les mots ;
Celle qui joue dans les organes du corps ;
et Celle qui voyage à travers les éléments matériels.
Ces quatre sortes correspondent au quatre plans 
de la conscience comme parole,
à commencer par la parole transcendante,
avant même l'intuition.

Et dans le même sens :

Les quatre sortes d'énergie, 
à commencer par Celle qui vole 
dans l'espace de la conscience,
correspondent aux énergies de félicité, 
de désir, de connaissance et d'action.

Ce Bienfaisant est aussi la source de cette "manifestation", de cette puissance, de cette expansion et de cette gloire, de cette énergie. Il est appelé "source" parce qu'il est la terre d'origine de toute chose, car toutes les énergies tiennent leur pouvoir du fait qu'elles dérivent de l'énergie consciente en expansion. Or, cette énergie consciente est inséparable de ce Bienfaisant. D'ailleurs, la Collection de Djayâ le dit :

La félicité totale qui se fait jour dans l'absolu
- conscience incarnée sans être soumise 
à un niveau de conscience particulier -
est la Shakti transcendante de l'Omniprésent.

Dans le Tantra du Couple de l'Omniprésent et de sa Shakti, il est dit :

Parce qu'elles entendent les appels à l'aide,
et qu'elles s'incarnent pour sauver les êtres,
parce qu'elles relient l'inférieur avec le supérieur,
parce qu'elles s'appuient sur notre essence,
parce qu'elle ont exterminé les plus terribles des démons,
révélant ainsi l'énergie vitale la plus puissante,
et parce qu'elles sont la cause et source de toute chose,
on les appelle "mères".

Voilà pourquoi l'auteur de ce livre affirme que ces énergies sont le "corps" de la conscience. D'un autre côté, on pourrait dire que c'est trop en dire. On pourrait se demander à quoi bon trop en révéler sur l'essence secrète des yoginîs, secret qui ne doit être entendu que de la bouche des yoginîs elles-mêmes !

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