vendredi 8 juin 2018

Science non-duelle


Mon ami José vient de publier un article de William James (1842-1910), philosophe américain original.

Dans son oeuvre, James remet en question la notion de dualité ou séparation entre le sujet et l'objet.

L'objet, la matière, n'existe pas en dehors des représentations ou perception qu'on en a. "Être, c'est être perçu", comme l'a montré Berkeley.
Le sujet, qu'il appelle Soi ou conscience, n'existe pas non plus, en ce sens que, quand je regarde vers "ce qui regarde" en moi, je ne trouve rien de concret, mais seulement une présence que James appelle "le Témoin".

Il y a aucune séparation entre sujet et objet,
mais seulement une réalité que James
appelle la "science" pour la distinguer de la notion de con-science. Cette science n'est pas "avec" les choses, mais elle
est leur substance même, leur matière, sauf qu'elle n'a rien de matériel. Elle est tout simplement l'expérience
brute, telle qu'elle se donne, avant tout interprétation.
Bien sûr, on ne peut s'empêcher d'interpréter à des fins
"fonctionnelles" (vyavahâra, comme disent les Indiens),
mais ce ne sont que des conventions, des façons de communiquer pragmatiques, et non la réalité telle qu'elle est.

Dans l'expérience vierge, sauvage,
pas de sujet ni d'objet.
C'est indicible.
Sujet et objet sont "taillés" dans ce bloc de pure présence.
L'expérience brute est toujours présente,
mais James la reconnait plus spécialement
quand on sort de l'inconscience, évanouissement ou autre.

Il y a alors pure science, simple présence non-duelle, comme dit Paul Blood (1832-1919), un poète et mystique américain qui a inspiré James :

Il y a un état - ou non-état - invariable et toujours présent
qui suit l'instant de réveil après un moment de stupeur sans perception, de "retour", dans lequel le génie de l'être se dévoile... 
Nul mot ne peut exprimer l'impressionnante certitude de qui fait cette expérience, réalisant la surprise Adamique primordiale de la Vie.

Pluriverse, p. 235



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