mercredi 19 septembre 2018

Nouvelle traduction : les Hymnes à Shiva

J'ai le plaisir de vous annoncer la parution très prochaine de ma traduction d'un texte qui me tient particulièrement à cœur :

Les Hymnes à Shiva 
d'Outpala Déva,
chez l'excellent éditeur Arfuyen


Grand philosophe fondateur de l'école de la Reconnaissance, Outpala Déva (IXe siècle, Cachemire) est aussi un puissant mystique. 

Dans ces Hymnes composés au jour le jour et rassemblés par ses disciples, il partage son expérience et son intuition : l'absolu se révèle dans chaque expérience, même la plus ordinaire. Paix ou agitation, joie ou pleurs, rire ou tristesse, le mystère de la vie brille en tout, à travers tous.

La voie royale vers cette reconnaissance du divin dans la vie quotidienne est la bhakti

Bhakti est un terme sanskrit difficile à rendre : il désigne littéralement la participation entière, le fait de s'adonner tout entier à une expérience ou une activité. Par exemple, dans la tradition du tantra non-duel (kaula), on parle de faire un rituel "avec bhakti", c'est-à-dire en le ressentant à fond, à l'opposé d'une action automatique, mécanique. Dans les poèmes d'Outpala Déva chaque expérience est occasion de participation. 

Mais le choix de traduction le moins mauvais est sans doute de rendre bhakti par "amour". Car c'est bien d'amour qu'il s'agit, tout simplement. De cet amour qui est élan de tout l'être vers la fascinante folie de la vie qui se donne jusque dans les occasions les plus humbles. 

Ici, Outpala Déva ne renvoit pas à des expériences exotiques. Il n'invoque pas des savoirs ésotériques, ni des lignées de yogis cachés au fond des Himalayas. 

Non, bien qu'il appartiennent à de prestigieuses lignées, il invoque l'amour, c'est-à-dire le réveil de la conscience, qui est déjà, par nature, amour de l'insondable. Voilà sans doute pour quoi il emploie le mot "amour" à chaque verset de ses poèmes, comme une respiration, une invocation, une palpitation.

Profond, il ne cherche pas à se fabriquer une image de gourou ni d'éveillé. Il dévoile ses doutes, ses émerveillements aussi, dans une poésie éloignée de l'image du sage transcendant, retiré dans sa grotte. 

Outpala Déva nous parle comme un autre nous-mêmes, avec ses hauts et ses bas, et c'est sans doute à cause de cette franchise qu'il nous parle à travers les siècles.

Pour moi, ce texte est l'un des plus beaux de la tradition tantrique du shivaïsme du Cachemire. Il est si important et profond à mes yeux, qu'à dire vrai je ne sais si je traduirai autre chose après cela...
Un trésor de vie à découvrir, loin des spiritualités artificielles et superficielles.

Voici le premier verset :


Je salue l'être plein d'amour
à qui Dieu se manifeste
sans aucun moyen,
sans image

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