mardi 16 octobre 2018

Comment faire l'expérience du silence intérieur ?


L'autre jour, je me suis surpris à m'épuiser tout seul...
Comment ?

Par le bavardage intérieur. Vous savez, cette "radio" allumée presque sans interruption, cette course qui nous saoule de mots, de bribes de discours plus ou moins décousu, plus ou moins confus.

Parfois, cela me fatigue tellement, que j'allume une autre radio pour "couvrir" le bruit de la première ! 
Je mets une chanson, j'écoute d'autres voix, ou bien je lis.

Mais la fatigue persiste, car le bavardage sous-jacent ne s'arrête pas. J'ai le sentiment de vivre l'esprit couvert de poussière, fragmenté, parfois à la limite du mal de tête.

Pour me "nettoyer", je peux, par exemple, prend une douche froide. C'est efficace, essayez si vous ne l'avez pas déjà fait.

Mais peut-on se nettoyer autrement ? Que faire quand on n'a pas de douche froide sous la main ? Ou quand on a simplement pas l'envie d'en passer par le choc du froid ?

Il y a une méthode ; ou plutôt des trucs très efficaces pour moi, et que j'aimerais partager avec vous :

Avez-vous remarqué qu'il y a deux façon de lire en silence ?

-La première consiste à énoncer mentalement les mots, à "subvocaliser". Mais cela oblige à ralentir.
-La seconde façon consiste à lire sans répéter les mot dans notre tête. Essayez, c'est étonnement facile et amusant.

Le premier truc consiste à se mettre à l'écoute de ces "subvocalisations" : maintenant, là, arrêtons-nous et écoutons ces paroles mentales. Parfois, nous bougeons même les lèvres, un peu, pour accompagner et aider cette vocalisation mentale.

A présent, nous écoutons. Et nous arrêtons simplement de vocaliser mentalement. Pas besoin de subvocaliser pour comprendre ces mots que vous êtes en train de lire !
Souvent, se mettre à l'écoute des subvocalisations suffit à les faire cesser. Je ressens cela comme un réveil. 

Et alors, il se passe quelque chose de merveilleux : une sensation de silence, même s'il y a du bruit "à l'extérieur". Un silence qui est une coulée de présence fraîche, limpide. Un peu comme une douche froide, vous voyez ? Mais une douche intérieure, invisible, privée, gratuite et toujours accessible.

Ces douches de silence font un bien fou. Pour moi, c'est l'un des aspects de la contemplation, elle-même un aspect de la vie vraie, que j'appelle "vie intérieure" ou "vie philosophique".

Le second truc est le bruit au dehors. Allez dans un endroit bruyant, ou mettez de la musique fort. Mettez-vous à l'écoute de vos subvocalisations. Par contraste, le silence sera encore plus fort ! Pour ma part, je sens toujours comme un soulagement, comme si je lâchais un fardeau. L'effet est vraiment physique. La sensation d'allègement, de planer...mais en clarté, en toute lucidité.

Comme un bâillement, une porte qui s'ouvre, une serrure qui se débloque, une crampe qui s'en va...

Voilà donc le point essentiel : pour faire l'expérience du silence intérieur, il suffit d'écouter le bruit intérieur. Alors, peu à peu, ça s'apaise. 

Une autre clé est de ne pas se juger : après des dizaines années de pratique, c'est toujours ici et maintenant, la même magie. Les habitudes sont ancrées depuis si longtemps... J'aime cette humilité, je la trouve facile, car elle va bien avec le silence. Ils font un joli couple.

Et puis il y a cette sensation d'étonnement. Comme un courant d'air frais sur le visage. A sentir. Subtil, évident.

Et c'est comme sauter. A un moment, il y a peut-être le réflexe de s'accrocher, de mouliner des bras... Peu importe. Juste écouter, à l'affût des subvocalisations. 

Peu à peu, cela devient plus subtil. Des couches de vocalisations plus subtiles se dévoilent. Puis s'arrêtent à leur tout. La bouche et la gorge se détendent. C'est un voyage, l'un des plus beau que je connaisse. Pas un voyage à mesurer. Mais à savourer, curieux et courageux, comme un enfant qui explore.

Et le plus beau, c'est que je peux faire cette expérience profondément reposante sans avoir à sacrifier mon intelligence. Ma pensée s'affine même, elle gagne en force. 

Et quand je dois vocaliser, c'est-à-dire parler, cela est plus clair, le timbre, les inflexions de la voix, sont plus riches et nuancées. Nul besoin de sacrifier l'intelligence à je-ne-sais-quel bonheur débile. C'est un vrai bonheur où je me retrouve entier, intègre, sans amputation, disponible, ouvert, frais.

Essayons. Explorons, maintenant. Vivre sans mots à l’intérieur. Comme des oisillons qui s'élancent. Vertige. Ivresse. Étonnement. Émerveillement.

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