mercredi 13 mars 2019

Quels sont les points importants de la pratique de la méditation ?

les deux ailes de l'oiseau-philosophe (Mongolie)

Il n'y a pas de vie intérieure ou philosophique sans maîtrise de l'attention. Dans un monde livré à "l'économie de l'attention", l'exercice de l'attention est plus que jamais nécessaire.

Cet exercice est la méditation.

Quels sont les points les plus importants de la méditation ?


  1. Varier l'intensité de l'attention, alterner entre phases intenses et phases de relâchement. Tension et détente, une clé : il ne s'agit pas de rester tendu jusqu'au dégoût, ni de dormir. 
  2. Pratiquer souvent, mais pas longtemps.
  3. Ne pas réduire la méditation à une posture ou un environnement. Méditer partout, tout le temps, varier les positions, les regards, les mouvements. C'est important pour assouplir l'attention.
  4. Avoir un objet d'attention clair, même si cela peut être un champ sensoriel, de l'eau qui coule ou le silence intérieur.
  5. Concentrer parfois l'attention sur un point, pendant quelques secondes. Très efficace. Ne pas hésiter à changer d'objet d'attention.
  6. La méditation idéale est l'attention retournée vers sa source. Mais, si cela paraît difficile, même si l'on a un siècle d'expérience et de pratique, il faut revenir à un objet plus clair pendant un moment.
  7. L'immobilité du corps est une pratique simple, accessible.
  8. L'immobilité du regard est une pratique puissante. Il y a deux possibilités : fixer un point, ou poser l'attention sur le pourtour du champs visuel.
  9. L'attention à la sensation globale du corps est une pratique très abordable, accessible à chaque instant de l'état de veille. Mettre l'accent sur la disparition des sensations dans l'espace, comme si le corps tactile était une torche enflammée.
  10. Si l'attention à la sensation globale du corps semble trop vague, on peut poser l'attention sur une zone de tension (le ventre par exemple), de détente (les mains posées, par exemple) ou de plaisir (la colonne vertébrale, par exemple).
  11. L'attention se fatigue vite : il faut une pratique simple, ce qui n'empêche de pouvoir varier les objets et les intensités.
  12. La respiration est un autre objet très accessible : l'expiration pour mettre l'accent sur la détente et remédier à l'agitation ; l'inspiration pour mettre l'accent sur l'énergie et remédier à la torpeur.
Voilà dix conseils qui me paraissent praticables. Ils permettent de pratiquer en toutes circonstances et de faire de grands progrès. La pratique a lieu dès qu'on y pense. 

Remarquez que je ne parle pas de séance ni de lieu "dédié à la pratique", etc. Pourquoi ? Parce qu'il faut commencer la pratique de la méditation par... la pratique de la méditation. Aller de l'intérieur vers l'extérieur. Être le moins dépendant possible. Il existe d’innombrables sortes de pratique de la méditation, mais elles sont toutes des pratiques de l'attention. C'est l'attention qui est au cœur de la pratique. Le reste est secondaire. Ne dépendre que de l'attention, laquelle commande le reste. Plus la pratique est souple et simple, plus nous aurons de chance de persévérer sur la durée. Sans longue durée, il n'y a pas de résultat durables.

Une fois ce cadre posé, on peut plonger dans le silence du cœur, qui est la méditation véritable, si j'ose dire. Un versant négatif : le silence intérieur. Et un versant positif : la vibration du cœur. Voyez les autres articles de ce blog pour plus de détails sur ce sujet. Les conseils proposés ci-dessus restent toujours valables : ils accompagnent la méditation essentielle.

Enfin, l'expérience seule restera toujours décevante sans un cadre qui lui donne sens. 

Ce cadre, c'est que je suis conscience et que tout est conscience, dans la conscience, par la conscience. 

C'est, disons, l'aspect plus réflexif de la vie intérieure ou philosophique. Seule cette conjonction d'expérience et de réflexion est libératrice et rend possible une évolution équilibrée. Le silence et l'expérience de la plénitude, seules, ne permettent pas d'être vraiment libre. Il est vrai que les concepts, seuls, sont creux. Mais l'expérience, en elle-même, est aveugle. Elle peut comporter un pressentiment, une intuition, mais il faut bien y réfléchir pour interpréter cette intuition, même si l'on ne peut bien sûr pas être instantanément certain de tout. Par exemple, le ressenti de la vibration du cœur comporte l'intuition d'une unité, d'une valeur et d'une finalité bonne. Mais cela ne nous donne pas les détails de ce qui se passe après la mort, ni ce qu'il faut faire dans telle situation. Pour cela, il faut d'autres expériences et de la réflexion sur l'intuition. C'est comme si l'on recevait un message elliptique, un oracle si vous préférez, que l'on devait ensuite déchiffrer. Et puis il reste encore à penser aux implications morales (les relations, l'éducation, la mort...), politiques (l'organisation, l'identité, l’environnement....), économiques (la nourriture, l'énergie...) et autres, de cette intuition. Donc la pensée est incontournable, même si elle est éclairée par autre chose.

Voilà les points importants de la pratique de la méditation.

8 commentaires:

  1. Bonjour,
    Est-ce que vous prévoyez un stage en Suisse bientôt?
    C'est toujours un plaisir de vous lire... et de pratiquer.
    Merci de votre réponse.
    Jean-Paul

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  2. Merci, c'est vraiment clair, comme tu le dis souvent, l'attention est un autre nom pour l'amour et c'est cette union qui nous délivre et nous enchante dans les fissures de Lumière. cela n’empêche pas la conscience des nuages...Développerais-tu sur cette tension en croix?

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    1. De rien. Oui, la conscience des nuages est immergée dans la conscience du ciel, elle s'en détache pour la mettre en valeur. Il y a une sorte de tension en effet, c'est exactement ça. "Une sorte de" : ineffable, une perpétuelle éclosion, une "nonchalance pleine d'ardeur". Une croix ? Je ne sais pas. Le symbole traditionnel, c'est plutôt l'étreinte. Mais la croix et l'agonie du Christ pourraient être vus ainsi sans doute.

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    2. Oui l'étreinte, je pense à la spirale de jouer de jouir à la croisée alors il faudrait dire d'un écartèlement ardent et ...tranquille! du coup je retrouve un poème:
      Roue ailée

      Tenir au centre d’une croix
      La roue ailée des paradoxes
      L’Amour sans ruse et sans pitié
      Creuse un espace spiralé
      Simplement respire entre les rayons,
      Danse et tourne avec cet instant
      Immobile et qui roule un courant
      Que tu ne peux saisir : respire
      Et tu seras le centre étoilé.

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    3. Oui, une nonchalance pleine d'ardeur...

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  3. Bonjour David :)

    je souhaiterai avoir votre avis..
    depuis longtemps je ressent que la bonne santé physique n'est pas un hasard.
    si l'on fait grandir en soi l'idée et la Confiance que ce corps est le corps de Dieu, et surtout ne pas se laisser impressionné par ce qui nous entoure,ressentir que la Vie qui nous traverse ce n'est surement pas Elle qui nous rend malade, mais bien nos fausses croyance et peurs justement d'etre malade !
    ce n'est pas une lecture ou une rumeur, c'est vraiment un ressenti Profond, bien sur cela m'appartient :)
    ceci dit un jour ou l'autre nous quitterons ce corps, mais il aura vécu en bonne santé..que je souhaite a tous !
    souvent je dit ' je veux mourir en bonne santé '


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    1. Oui, la vie intérieure (silence, vibration du coeur et réflexion) aide indirectement à une meilleure santé. Cependant, je ne vois pas pourquoi ni comment cela guérirait de tous les maux. Tous les corps vieillissent, tombent malade et meurent. Par contre, l'expérience de la vieillesse, de la maladie et de la mort est sans doute différente, illuminée par la Lumière, nourrie par le flot qui s'écoule depuis le Coeur.

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