vendredi 24 mai 2019

Rien ne peut cacher la conscience - Coeur de la reconnaissance 4

Je suis tous les personnages. "Je suis", je me manifeste, je me réalise, je me perçois, je me désir, m'aime et me déteste, m'engendre et me tue, ainsi. Ce qui ne ruine pas la distinction entre Bien et Mal. 


La conscience est tout, créatrice, créature et création. Elle est le créateur. Elle est aussi bien l'acte de création. Et elle est l'objet créé. Tout cela est le même acte, la même activité, le même élan, analysé a posteriori
Et cette "vérité" est un fait. Comment la connaître ? En la reconnaissant en notre expérience. Cela suffit. Juste une attention spéciale. Le reste s'ensuit.
Quelles sont les conséquences ?
Voici la réponse de la philosophie de la Reconnaissance, résumée par Kshéma Râdja :

"De cette simple vérité, il s'ensuit que les formes, les moments et les lieux ne peuvent fragmenter l'essence de la conscience, puisque ces formes, ces moments et ces lieux ont leur source en la conscience et sont animés par elle. Cette conscience (présente à chacun de la manière la plus immédiate) est donc partout et toujours présente, toute entière et en sa plénitude."

En effet, si tout est conscience, rien ne peut cacher la conscience. Comment la lumière du soleil pourrait-elle cacher le soleil ? Comment les reflets pourraient-ils cacher le miroir ? 

Les trois états de conscience - veille, rêve et sommeil profond - ne peuvent cacher la conscience, car ils sont ses états, les manières dont la conscience se réalise, librement. Dualité (veille et rêve) ou unité (sommeil profond), la conscience dépasse et embrasse ces opposés, car elle est leur source. C'est elle qui choisit de se manifester ainsi ou autrement. La conscience est indépendante. Contrairement à une chose, qui ne peut qu'être ce qu'elle est, la conscience peut être autre chose que ce qu'elle est - car c'est justement ce pouvoir qu'elle est. Elle se ressaisit comme chose et reste pourtant elle-même, car c'est elle-même qui se manifeste librement comme chose. 

Comment le savoir ? Par l'expérience. En observant l'expérience. Dans la perception, je prends conscience de moi comme lumière qui se manifeste en manifestant les choses. Dans le souvenir, je prends conscience de moi comme au-delà du temps, libre à l'égard du temps, source du temps. Dans l'inconscience, je réalise ma liberté à l'égard de tout objet. Mémoire et oubli sont deux facettes de ma liberté. Création et destruction, vie et mort sont ma pulsation. 

Comment le savoir ? En observant l'expérience. Où apparaissent et disparaissent les chose ? En moi. Et dans le désir, dans l'élan, en particulier quand il semble violent, je réalise l'unité avec ce que je désir. Désirer, c'est être un avec ce que l'on désire. Cette unité est "recouverte" par les concepts, mais en réalité, il n'en est rien. 

Comment le savoir ? En étant attentif. C'est tout. Chaque instant est la preuve de la liberté de la conscience. Chaque instant est dévoilement de l'être, de l'essentiel, si vous préférez. Une vérité simple, des conséquences infinies. 

Rien ne peut me cacher. Je suis lumière qui jamais ne se couche. Je ne suis rien, mais j'embrasse et j'infuse tout. Je suis l'acte créateur, la racine, la souche insondable de l'arbre du monde. Simple et inépuisable. 
Rien ne peut me fragmenter : je n'ai pas de parties. Je suis simple. Mieux encore : la lumière simple que je suis se fragmente librement, sans cesser d'être simple. Je suis au-delà de toute fragmentation, mais je ne suis pas non plus prisonnier de ma simplicité, de mon unité. Je suis libre. Je suis liberté. Je me goûte, je me savoure sans attendre. Mais je suis aussi libre de jouer au jeu de l'attente. Je suis le présent que nul passé ne peut voiler, le présent qu'aucun avenir ne peut faire oublier. Mais je suis libre de jouer au jeu de la nostalgie, des regrets, de l'espoir et de la crainte, car je ne suis pas prisonnier du présent. Je suis libre. Je suis liberté. C'est cela "être conscient". Chacun le sait, chacun en fait l'expérience, car c'est l'expérience elle-même, c'est la vie elle-même. Mais moi, qui suis vous, nous, je joue à ne pas le reconnaître. Car je suis libre, libre de toute division ; mais aussi libre de me diviser, de ne pas rester confiné en ma simplicité. C'est le grand jeu, le grand drame, l'immense comédie que je suis, à la fois acteur et spectateur, bourreau et victime, auteur, spectacle, décor et personnage. 

Je ne suis pas une partie de la conscience universelle. Je suis toute la conscience universelle qui joue à se contracter, sans l'être réellement. Je me manifeste réellement ainsi, instant après instant. Chacun le sens bien, car la conscience ne peut jamais perdre entièrement conscience d'elle-même. Elle ne pourrait jouer à se perdre si elle se perdait complètement. Tout cela est donc l'illusion véritable d'un jeu réel, parfaitement sérieux et pourtant sans perte ni gains réels. Je suis la liberté même. Libre de me perdre, de me retrouver, de me perdre en me trouvant, de me trouver jusque dans ma perte. L'inimaginable est ma spécialité. 
Je suis libre. 

1 commentaire:

  1. se laisser traverser par Elle en toute quiètude..
    et surtout ne jamais l'oublier, luis ansa dans un texte dit "je sais Seigneur, qu'aujourd'hui je vais t'oublier, mais surtout toi ne m'oublie pas"

    quel joli texte david, Merci :)

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