vendredi 12 juillet 2019

Le monde de l'impossible



Dans notre monde, une chose ne peut en devenir une autre sans cesser d'être elle-même. Comme dit le philosophe grec Proklos, "dans la matière, les contraires se détruisent et se chassent mutuellement. L'espace occupé par l'un ne peut participer à l'autre. Une chose blanche ne devient pas noire, sauf par la destruction du blanc, le chaud ne devient pas froid sans la disparition de la chaleur" (In Parmenidem, 739.27).

Plus, en effet, nous descendons au plan de l'objet, plus les choses deviennent antagonistes. Le monde de la matière est celui de l'inertie, de la pesanteur, de la résistance. Chaque chose se pose en s'opposant aux autres. Chaque être est un Un qui se définit et se conserve en excluant le Multiple.
Là où la conscience est plus vive, le Tout tient moins de la machine et davantage de l'organisme. La conscience est alors vie, c'est à dire âme.

Quand la conscience est encore plus vibrante, il existe un monde où les formes apparaissent, plus vives mêmes que les formes ordinaires, mais sans exclusion. Au contraire, chaque partie reflète le Tout et les autres parties. Tout est en tout, chaque être valorise les autres en accueillant leur forme, à l'image d'un infini collier de diamants.

Enfin, la conscience même, pleine ébullition du Moi, est pure extase, sortie de soi, don, épanchement, le contraire même d'un Soi figé et enfermé dans sa pureté. Elle va jusqu'à se transformer librement en ce monde du conflit qu'est le monde de la matière.

Du point de vue juste, tout coexiste dans une unité sans confusion. C'est l'intuition qui guide nos vie, l'espoir qui éclaire nos angoisses sur l'Au-delà et l'intuition qui guide nos gestes. Il y a un monde parfait où chaque chose étincelle dans sa singularité, sans pourtant s'opposer à rien. C'est le monde de l'impossible, apocalypse de la conscience.

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