vendredi 9 août 2019

Reliques éparses du pays des yoginîs


sarvathā avicchinnacamatkāranirapekṣasvātantryāhaṃvimarśe ahaṃ tiṣṭhāmīti parābhaṭṭārikodayo yatrottamatvaṃ puruṣasya /

C'est inévitable :
quand il y a la conscience "j'existe",
cette conscience "je" est liberté,
c'est-à-dire indépendance,
c'est-à-dire émerveillement ininterrompu :
la première personne est toujours
la manifestation de la suprême Déesse.

Abhinava Goupta, Méditation sur le Tantra de la Déesse, souveraine des trois Shaktis, p. 212

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Tu es la femme.
Tu es l'homme.
Tu es le garçon
et tu es aussi la fille.
Tu es le vieillard
qui se traîne sur sa canne.
Tu es es le nouveau-né,
tu tournes ta face vers toutes choses.
Tu es la mouche bleue,
tu es le vert perroquet aux yeux rouges.
Tu portes les éclairs,
les nuages, les saisons et les océans.
Tu es sans origine,
présent partout,
de toi naissent les mondes.

Shvetâshvatara Oupanishad, IV, 4

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Je prend refuge en Shiva et Shakti,
unis, ardents, tournés l'un vers l'autre
et qui engendrent ainsi l'univers.
Elle est la Parole transcendante
manifesté comme "je".
Il est l'incarnation du Soi,
Lumière frémissante.

Shrî Vatsa, Le Clair de lune du ciel de la présence, 6

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Extrait de la transmission orale (mukha-âgama) des yoginîs du Sanctuaire du Nord :

L'intuition non-duelle
est la lettre A
qui s'incarne dans les cinq vagues,
(des cinq sens)
présence des déesses.
Que dire de plus ?

Elle est cette résonance assourdissante
au-delà du bruit et du silence,
fondement des cinq espaces,
source inaltérable des cinq espaces.
Les déesses et autres énergies 
sont en elle.

Elle vit au centre du vide,
elle est digestion des objets,
essence de toutes les expériences,
source des cinq sens.
C'est en elle que vivent les déesses,
esquisses de la gloire atemporelle,
incarnation de la (présence) non-duelle.

Ainsi, les déesses viennent du vaste océan impénétrable.
En vérité, c'est l'évidence de 
l'immense vague intérieure
de la conscience tactile.
C'est là, dans cette fusion,
que les déesses brillent à jamais.

La Lumière de la grande doctrine (Mahâ-naya-prakâsha) par Arna Simha, 32-36

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Quelques citations inédites d'Abhinava Goupta (Mâlinî-vijaya-vârttika, II) :

śīlanāviṣayībhāvaṃ śrayedyadi muhūrtakam | 
māyāvigalanādbhūmirbhairavīyā virājate ||103||

"Si l'on s'abandonne une demi-heure
à cette expérience d'intimité 
[le regard et la bouche grandes ouvertes],
l'état de Shivâ resplendira
dans la disparition de la dualité."

vastuto'sti na kasyāpi yogāṅgasyābhyupāyatā |

"En réalité, aucun auxiliaire (anga) du yoga n'est utile."

anādaraviraktyaiva galantīndriyavṛttayaḥ | 
yāvattu viniyamyante tāvattāvadvikurvate ||112||

"L'agitation des sens s'apaise
seulement par un détachement nonchalant.
Tant qu'on cherche à les contraindre,
ils se rebellent."

aviveka eva paramiha saṃsāra iti pravādamātramidam | 
aviveka eva hi paraṃ niḥśreyasalābhasopānam ||116||

"La cause profonde du samsâra
est l'absence de discrimination" :
simple rumeur, car :
"L'absence de discrimination est 
vraiment l'échelle qui permet
d'atteindre le bonheur !"

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abhedavṛttitaḥ paśyandṛśyaṃ citicamatkṛteḥ | 
arthakriyārthitādainyakāritāṃ kātarāṃ sthitim ||82|| 
vihāya yāvadāsīta tāvacchāṃbhavabhūmikām | 
bhairavīmāviśatyeva parāṃ bhūmimayatnataḥ ||83|| 
...
mahāsāhasasaṃyogavilīnākhilavṛttikaḥ | 
puñjībhūtasvaraśmyoghanirbharībhūtamānasaḥ ||86|| 
akiṃciccintakaḥ spaṣṭadṛṣṭabhedojjhitasthitiḥ |

"Tant que l'on regarde sans distinguer,
acte de conscience qui est émerveillement,
délaissant l'état d'agitation,
- cette misérable obsession de l'efficacité -
alors c'est l'état de Shiva.
On se laisse posséder sans effort
par cette expérience libre.
...
Tant que toutes les opérations (des sens et du mental)
sont résorbées dans le parfait yoga
qu'est la Grande Inopinée
[=la méditation de Shiva], l'esprit débordant du flot
de nos propres rayons [=nos perceptions] mélangés,
ne pensant à rien, 
c'est alors l'état clairement libéré de la dualité."

Abhinava Goupta, Libre méditation sur le Tantra de Mâlinî, II, 82-87



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