mercredi 1 janvier 2020

Se libérer du temps

Cerf - Brame - Brume

C'est quoi une année ?
C'est long ? C'est court ?
Une éternité par rapport au fragment d'un instant.
Un instant au regard de l'âge de l'univers.

Le temps se distend.
Il est élastique.
Il ralentit avec l'attente, dans la douleur.
Il accélère avec l'âge, dans l'inquiétude.

Nos âges sont peut-être des heures pour d'autres êtres.
Leurs vies sont les heures d'autres êtres encore,
et ainsi jusqu'à l'inconnu,
pour qui toute l'infini des temps n'est encore
qu'un instant.

Et pourtant, tout cela passe en moi,
ici et maintenant,
tandis que je le réalise.

Je peux le ressentir :
j'accueille le va-et-vient du souffle.
La respiration fait cycle, cercle où la fin
rejoint le commencement.

Naissance et mort, création et destruction,
été et hivers, jour et nuit, réussite et échec, joie et tristesse, gain et perte, plaisir et douleur, 
excitation et abattement : toutes les vibrations sont
dans cette vibration du souffle, car tout est vibration,
tout est alternance d'opposés, jeux d'opposition 
qui animent toutes choses. Mouvement.

Car oui, le temps est mouvement. Vibration.
En toutes choses rassemblées dans la lente respiration du souffle.
Il y a des vibrations si rapides qu'elles paraissent immobiles,
comme le frémissement des atomes dans les objets solides.
Il y a des vibrations qui ressemblent à des vibrations, comme le bruissement des abeilles. Il y a des vibrations si lentes qu'elles sont aussi prises pour de l'immobilité, comme
la danse des végétaux. Mais tout est vibration, tout est cycle.

Et tout cela est conscience, car conscience est vibration, mouvement et cycle. Le temps est donc la vie de la conscience.

Et je le ressens dans le va-et-vient du souffle. Les débuts, les fins, les souvenirs, les regrets, les espoirs, les craintes,
la générosité de la vie - sa cruauté aussi. Paisible comme
un bébé qui dort. Délicat et silencieux comme les êtres qui meurent et qui naissent, instant après instant.

Et à la fin d'un inspir, le souffle va toucher le coeur.
Là aussi, ici, vibration. Intense, douce, chaude, aimante,
pulsation de subtil plaisir. Reconnue, aperçue soudain, une chaudière qui semble se remettre en route, gros chat grave.

Qu'est-ce qui libère du temps ?
Le réveil du temps, l'éveil du souffle.
Accessible, sacré pourtant. Le savent bien, ceux qui ont senti la mort pointer à quelques respirations à peine. 

Tout est temps.
Le temps est vibration.
La vibration est mouvement.
Le mouvement est conscience.
La conscience est désir.
Le désir est émerveillement.

Tout est temps.
Le temps est cycles.
Les cycles sont respiration.
La respiration est vibration intime,
au centre des entrailles du temps,
au cœur du corps.
Extase d'être.
Mantra de silence.

Pas de libération du temps.
Juste un temps engourdi qui,
de temps en temps, s'ébroue.

Un article pour approfondir la vision cachemirienne du temps

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