mercredi 1 avril 2020

Dieu est la conscience aliénée

Veerashaivism in India

Utpaladeva dit :

etādṛśaśuddhasvātantryavaśān naiṣa pṛthag eva labdhapratiṣṭhaṃ vastv avaiti, api tv ajñeyam ātmānam aniyantritaprabhāvatayā jñeyīkaroti / bhinnajñeyasāpekṣatve jñānakartṛtā mlāyet //

ata eva vedyaikībhāvalakṣaṇapūrṇatāmayāt svātantryāt tadānīntanam eva vedakam ātmānam īśvaraḥ śivo veditety evamādivikalpair ābhāsayati bhāvanādivyavahārārtham //

"En vertu de cette pure liberté, aucune chose ne peut exister séparément [de la conscience]. Mais, parce qu'il est doué d'une puissance sans limites, le Soi, bien qu'il ne soit pas un objet, se fait objet. S'il devenait vraiment un objet, son statut de sujet et d'agent disparaîtrait.

Et donc, grâce à cette liberté dont la plénitude consiste à s'identifier à l'objet, le Soi, qui est le sujet en cet instant même, se manifeste à travers les expressions 'Seigneur', 'Shiva', 'sujet', et ainsi de suite, afin de rendre possible les pratiques comme l'évocation, etc." (Vritti, I, 5, 15-16)

Rien n'existe en dehors de la conscience : aucune expérience qui ne soit conscience. De fait, ces deux mots sont synonymes.

Mais la conscience n'est pas confinée en elle-même. Elle se manifeste. Mais comme il n'y a rien et ne peut rien y avoir en dehors d'elle, c'est elle-même qu'elle manifeste. Elle se manifeste en prenant conscience d'elle-même, en se "réalisant". Mais pour cela, elle doit s'objectiver, se rendre chose, et donc se délimiter. Bien sur, l'objet est conscience, sans quoi il ne serait rien. Mais la conscience se manifeste librement. Elle se fait "chose". L'ensemble de ces choses est l'univers. Elle s'identifie à certaines (tel corps, tels souvenirs, etc.), en exclut d'autres (quand je perçois tel objet "j'oublie" le reste) et perçoit le reste comme séparé de soi, comme "autre". Mais tout cela se manifeste dans le champs de l'expérience.

Le plus important est que ces manifestations découlent de la liberté de la conscience, de son essence, et non d'accidents venus d'on ne sait où, comme l'affirme le Vedânta. Voilà pourquoi le corps et le monde ne son pas rejetés. Le corps est la conscience cristallisée, comme le monde. 

Et de là, la conscience conçoit (vikalpa) les idées de "Dieu", etc. Pourquoi ? Pour permettre la méditation (bhâvanâ) qui va, à son tour, rendre possible le réveil de la conscience. Le concept de Dieu désigne donc la conscience. Mais comme elle s'est oubliée dans les objets - le monde - qu'elle a créé, elle a besoin de ce concept pour se reconnaître. Le sens profond de la religion est donc la reconnaissance du Soi. C'est comme si je me perdais dans mes rêves, mais que j'avais prévu l'envoi d'une "capsule" à l'intérieur du rêve, afin de me réveiller. Dieu est la conscience présente, celle-là même dans laquelle apparaissent ces mots.

La religion et la théologie sont donc ambivalentes : ce sont des concepts qui peuvent nous éloigner de notre vraie nature, et c'est ce qui se passe dans 99,99% des cas, soit ce sont des concepts qui peuvent nous aider à reconnaître notre vraie nature, des signes qui pointent vers l'intérieur.
Dieu est la conscience qui se prend pour un être lointain, séparé d'elle. Elle doit donc se reconnaître.

Tout ceci, à mon sens, reste valide en contexte naturaliste, c'est-à-dire en admettant que la conscience n'est rien d'autre que l'univers, ou le multivers ou, disons, la réalité.



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