jeudi 11 juin 2020

Comment la religion entrave l'intérieur



Les religions se prétendent gardiennes des moyens de parvenir à l'accomplissement intérieur. Mais en réalité, elles sont un obstacle à cet accomplissement.
Les passeurs sont devenus gardiens. les gardiens sont devenus jaloux. Les jaloux sont devenus fous.

Non seulement parce qu'elles sont corrompues par leur pouvoir, mais encore parce qu'elle cachent la vérité simple sous une multitude de rites et d'obligations qui sont censées assurer une forme de sécurité : "Purifiez-vous ! Préparez-vous ! Faites ! Pratiquez ! Obéissez ! Ne réfléchissez pas !" Tel est le message de tous les prêtres, de tous les gourous, lamas, coach, prêtresses, médiums, thérapeutes, chamans, médiateurs et autres bergers. Ils cherchent à effrayer leurs ouailles, plutôt que de les encourager à faire usage de leur liberté. Sous couvert de leur assurer la survie, ils les empêchent de grandir.
Le doigt, censé pointer vers la lune, la cache bien plutôt.
C'est ce que dit ici un moine Carme, mais mystique :

"Je ne puis m’empêcher de croire que toutes les grandes méthodes qu'on a inventée pour conduire à la dévotion, ne soient cause que si peu de personnes trouvent et cherchent Dieu purement et en vérité, ou bien c'est après un si long temps que la plus grande partie de la vie se passe à les apprendre ; et, après les avoir bien routinées, le plus souvent on voit ces pauvres âmes autant attachées à leur propre intérêt et au service de leurs appétits et passions, qu'elles aient jamais été."

Tout est dit. Parti à la recherche de Dieu, on revient avec un nouvel ego, spirituel ou religieux ou autre. On devient expert en yoga, en méditation, en tantra, en thérapie-ceci, thérapie-cela, on a fait des milliers de prosternations, récité des millions de mantras, visité tant et tant de sanctuaires... Et l'on est d'autant plus attaché à soi, à ce faux Soi, à cette image de soi, qui ne vit que pour le regard des autres; c'est la religion, lien social. Comme dit Longchenpa, "une chaîne dorée entrave autant qu'une chaîne de fer".

Notre Carme poursuit :

"La raison, à mon avis, de leur défaut est qu'elles s'étudient plus à se rendre parfaites dans leurs artifices et méthodes qu'en Dieu et pour Dieu.... C'est ainsi que les hommes s'aveuglent dans la lumière, et qu'ils se bâtissent des cachots de servitude dans le palais de la vraie liberté, et s'attachant plus fortement à leur propre dévotion qu'à Dieu même, ils s'empêchent de parvenir à la jouissance par les mêmes moyens qui les y devraient conduire."

Maur de l'Enfant Jésus, Théologie chrétienne et mystique, p. 49

Pourtant, il suffit d'un doigt. Une indication. une suggestion. Mais de là l'engrenage et, de fils en aiguilles, la prison. Il appartient à chacun de s'en délivrer, car rien ni personne ne peut enfermer ce qui est libre par soi. Il y a entrave de l'intérieur, mais aucun enfermement réel.

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