Philosophie et mystique, voie de la connaissance et de l'amour. Philo-sophia, amour de la sagesse, désir de vérité, expérience et réflexion. Yoga ou union du cœur et de la tête. La philosophie comme yoga, la philosophie comme pratique, éclairée et nourrie par la tradition du Tantra et autres sources que nous ont léguées nos ancêtres. Formation tantra traditionnel.
samedi 8 août 2020
Pourquoi forme et sans-forme ?
Quand je me réveille le matin, la conscience de l'unité, sans forme, semble disparaître.
Quand je m'endors, le soir, la conscience de la dualité, avec formes, semble disparaître.
Ainsi, comme dans un jeu de cache-cache, un état de conscience apparaît quand l'autre disparaît.
Mais pourquoi ?
Ce jeu est personnifié par le mythe de Shiva et Shakti : Dieu et la Déesse se cherchent et se fuient mutuellement ou tour à tour. Quand Dieu apparaît, la Déesse disparaît et Dieu part à sa recherche ; quand la Déesse réapparaît, Dieu disparaît ou s'évanouit ou se cache.
Ces deux états de conscience semblent incompatibles, car opposés.
Pourtant, leur union, leur yoga, est le but de la vie.
Le yoga est le mariage, consommé éternellement, de Dieu et de la Déesse.
Bien sûr, il existe la tentation de ne vivre qu'un seul état.
Mais sans unité, la dualité n'est même pas une dualité.
Sans dualité, l'unité n'est que néant inerte.
L'éveil est cette réalisation : un seul acte, souverain, se manifeste comme unité et comme dualité.
Si la Déesse disparaît en Dieu et Dieu en la Déesse, c'est parce qu'ils sont inséparables.
Ils l'ont oublié, mais il sont une seule essence.
D'où leur danse d'amour et de hasard. La Déesse va ainsi parcourir tout le "Pays de Bharata", l'Inde, triangle pointe vers le bas. Ce triangle - notre corps - est celui de la Déesse, son Linga aux trois facettes de désir, conscience et mouvement. Quand elle se cache en elle-même, indifférenciée, ce triangle apparaît comme point et Linga. L'extase de la Déesse est la vibration infiniment rapide entre ces deux états, triangle et point.
Ce faisant, Dieu doit apprendre qu'il n'est pas supérieur à la Déesse : Shiva sans Shakti, sans le "i" de icchâ, le désir, est shava, un simple cadavre. L'Être n'est rien, sans l'Acte qui l'anime. Mais cet Acte, quintessence de toutes les essences, n'est pas une entité. C'est pourquoi rien n'est, ni n'est pas, sans conscience. La conscience n'est pas un état, mais l'acte libre qui se donne en tous les états et en leur négation. Sans désir, le divin n'est pas même rien. Ce désir est à jamais vierge, car il ne se réduit jamais à un objet, à un état définit. Il est l'élan créateur qui ne se confine jamais dans aucune chose créée. Si la Déesse est "être", alors il s'agit de l'acte libre d'être, de se faire être (bhavana-kartritâ).
Dieu le reconnaît :
"Je ne suis jamais sans toi, ô Déesse, et tu n'es jamais sans moi"
(Shrîmatottara, II, 108)
C'est ainsi que forme et sans-forme sont destinés à s'égaliser.
Je peut en faire l'expérience dès maintenant avec ma respiration : inspir et expir semblent se fuir, comme Shiva et Shakti. Mais si je plonge mon attention dans leur jonction, à l'équinoxe du souffle, alors une égalisation se fait. Inspir et expir s'unissent autrement et engendrent un monde nouveau. C'est le yoga. Les expériences de yoga sont émerveillement, promet Shiva.
Voilà pourquoi il y a unité et dualité.
Midi ,
RépondreSupprimermilieu d'être ;
Minuit ,
de non-être .
Deux masques
de la seule face
qui jamais ne périt .