samedi 14 novembre 2020

Relire et relier

 


Arrive un moment où tous les livres ont été lus,

quand l'esprit ne salive plus.

Ce que je ne trouve plus alors en longueur,

je peux encore le savourer en largeur et en profondeur.

Je lis, relis et... je plonge dans l'onction de la matière des mots. 

Je lis, sans prévoir, quelques paroles, une ligne parfois suffit.

Je laisse la parole passer, au travers, elle m'emporte vers le présent.

Parfois, je la mastique. Elle descend dans mon fond où elle nourrit l'âme.

La lecture divine est une autre manière de lire.

Totale, complète, elle n'exclut rien. Toutes les portes du palais sont ouvertes.

Elle imprime ses marques sous la surface,

sème des graines en les confiant au temps invisible, l'autre durée.

Nul ne sait ce que cela peut, mais nos souterrains le goûtent.

Je m'endors en lisant : je dors, mais mon coeur lit.

Les pages se prolongent, une respiration vers une autre.

La frontière, assez floue d'ordinaire, entre veille et songe, bat en retraite.

Les verrous se défont en silence, la gorge se déploie,

prête pour d'autres breuvages.

Lire est une sieste du corps et un éveil de la conscience.

Lire, c'est manger.

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