vendredi 11 décembre 2020

Au port de nulle part - 12

 


Epuisée par tours et détours,
je rentre au port.
De nuit, un vent chaud ramène 
les corps vers cette chair bien ronde.
A peine le clapotis des vagues,
ultime négociation en salut nécessaire,
dernier hommage avant un trépas gratuit.
Les jambes flottent sur les eaux d'un salutaire oubli,
les bras déposés sur le vaste sein du rien.
Corps nu contre nue transparence,
ce dépouillement est toute richesse.
Seule cette nudité protège des courants glacés,
des nuits de ce monde aux rires amères.
Voire... couler est flotter :
telle est la folle loi de l'intérieur.
Chacun peut bien fuir,
nul n'échappe à ce décret d'amour.
La voile gonflée d'invisible mouvement,
toutes amarres largués, 
un navire nouveau entre 
en cette basilique sans nom.
Loin et proche,
éloignée par sa proximité,
la nef abandonnée
se rend à l'unique nécessaire.
Le carillon de poitrine bat la mesure
du sans-mesure, au pays de nulle part
où tous se rendent sans le savoir.

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