samedi 12 décembre 2020

Toutes choses sont Dieu


 Parmis les hérésies pourchassées sans pitié par l'Eglise figure celle d'Amaury de de Bène et de ses disciples. Le 19 novembre 1209 "dix condamnées subirent la peine du bûcher... Ils moururent sans manifester le moindre repentir. Le sous-diacre Bernard prétendit même qu'aucun incendie, aucun supplice ne pouvait l'affecter, parce qu'il était Dieu pour autant qu'il possédait l'existence... L'on accorda le pardon aux femmes et à ceux qu'une crédulité naïve avait amenés dans la secte..." (Histoire du panthéisme populaire, p. 22).

Leur enseignement :

"Tout est un, car tout ce qui est, est Dieu. Actuellement Dieu est revêtu de formes visibles au moyen desquelles il veut être vu des créatures. il se manifeste par le moyen d'accidents extérieurs. Le corps du Christ se trouve donc présent sous les accidents visibles du pain avant la consécration (=tout est Dieu manifesté). Le Fils s'est incarné en se soumettant à une forme visible. Le Fils incarné n'a pas été autrement Dieu que ne l'est l'un de nous. Le Saint-Esprit, incarné en nous, nous révèle toutes choses, c'est en cette révélation que consiste la résurrection des morts. C'est pourquoi nous prétendons être déjà ressuscités. Les enfants issus de l'union de l'un d'entre nous avec une femme de la secte n'ont pas besoin de baptême.. Dieu a parlé par la bouche d'Ovide aussi bien que par celle d'Augustin. Le corps de Christ n'est pas autrement dans le pain consacré que dans tout autre pain ou dans n'importe objet. Si quelqu'un vit au sein de l'Esprit, et qu'il commet les plus grossiers péchés, il ne pèche pas car l'Esprit, qui est Dieu, ne peut pécher, et l'homme, qui n'est rien, ne peut pécher aussi longtemps que cet Esprit, qui est Dieu, est en lui. Cet Esprit opère tout en tous. L'homme possède en lui la connaissance de Dieu. L'enfer habite dans l'âme quand l'homme commet des péchés mortels. Aucun péché n'est imputé à ceux qui vivent dans la charité. La créature se transforme en Dieu et elle retrouve en lui son propre être et son principe. L'âme, lorsqu'elle monte à Dieu au moyen de l'amour, se dépouille complètement de sa nature particulière et retrouve en Dieu son immuable et éternelle essence. Une telle âme perd son propre être et reçoit l'être de Dieu. Elle n'est plus une créature, elle ne voit plus et n'aime plus Dieu, mais elle est Dieu lui-même, objet de toute contemplation et de tout amour." (id., p. 26)

"Toutes choses sont Dieu. Aucun mouvement ne saurait être attribué à Dieu, parce que toutes choses sont en lui et qu'il est lui-même toutes choses. Dieu est l'essence de toutes les créatures et l'être de toute chose. De même que la lumière n'est point perçue en elle-même, mais dans l'air, ainsi Dieu ne peut pas être compris en lui-même, mais seulement dans les créatures. Dieu est appelé la foin de toutes choses, parce que toutes choses doivent retourner en lui et demeurer en Dieu dans un repos inaltérable, au sein de l'unité indivisible." (id. p. 27) 

"Tout est un, car tout est Dieu. L'homme de bien, en s'unissant à l'être absolu, peut devenir Dieu comme le Fils l'a été. De même que l'incarnation du Fils a aboli les prescriptions de l'ancienne alliance, ainsi le Saint-Esprit, s'incarnant dans les hommes disposés à le recevoir, abolit pour eux les sacrements de la nouvelle alliance.  Désormais le culte des saints et des reliques est une idolâtrie et la hiérarchie sacerdotale, persécutrice de la vérité, une abominable institution." (id. p. 30)

Un prélat raconte : "j'ai entendu une mère et sa fille, atteintes de ces mêmes erreurs, quoique d'opinion différente sur certains points, faire preuve d'une connaissance très approfondie des propositions qu'elles défendaient ; elles furent brûlées toutes les deux."(id. p. 33)

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