vendredi 12 mars 2021

Comme lumière dans l'air



 "Je dis que l'essence de Dieu, certes, n'est pas communicable de telle façon qu'elle puisse se mêler à une chose et devenir une seule nature ou essence avec elle ; mais je dis que, d'une certaine, manière, en raison de l'union si intime et étroite qu'elle a avec les saintes âmes où elle se répand, on peut en quelque sorte la dire communicable...

Mais pour comprendre cela et l'expliquer d'une façon plus adéquate et sans erreur, j'ai toujours aimé les images employées par les saints Pères afin de décrire, dans une certaine mesure, la haute union de Dieu avec l'âme : union du soleil avec l'air, du feu avec le fer, du vin avec l'eau, et autres choses semblables. Entre lesquels saint Bernard, qui dit ceci au milieu de son livre Sur la manière d'aimer Dieu :

'De même qu'une goutte d'eau versée dans beaucoup de vin semble se perdre elle-même en prenant le goût et la chaleur du vin, de même que du fer, brûlant et rougeoyant dans le feu, devient entièrement semblable au feu et se défait de sa force primitive et propre, et de même que l'air, traversé par la lumière du soleil, se transforme en la clarté de cette lumière, si bien qu'il paraît moins être illuminé qu'être la lumière elle-même, de même sera-t-il nécessaire que, chez les saints, tout humain désir fonde de lui-même, d'une manière incompréhensible, et se déverse tout entier dans la volonté de Dieu ; car sinon, comment Dieu pourrait-il être tout en tous, s'il demeurait quelque chose d'humain en l'homme ?'"

Angelus Silesius, Le Voyage d'un chérubin, Avertissement au lecteur, trad. Renouard

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