mercredi 3 mars 2021

Petites pattes



A l'ouverture des yeux du myste,

des galets bien ronds

roulent dans mes muscles 

plein d'abeilles abreuvées

aux clartés de l'aube.


Un jet vertical

me soulève, tel une langue

fraîche et puissante

qui s'en va goûter les promesses

du silence plein de printemps.


Elle pousse, l'herbe gonflée 

comme voile au grand large,

elle balance, la tige dorée

gorgée de sang fondu,

à l'éclat qui vous ouvre la face.


Elle chante, la moinette

réchappée des minables perruches,

des mouettes goulues et débiles ;

ses battements de plumes

soufflent les poussière de la ville.


Elle se ballotte, la fourmi solitaire,

ultime miracle de la vie des petits,

discrète disparition

au recoin des plastiques de la vanité,

sur les rebords des enfers virtuels

flibustés de leur grenelle.

Pattes inaudibles, elle danse après 

un final d'avoines,

avant l'hiver tropical.


Le chant de l'eau vivante.

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