mercredi 5 mai 2021

La vie intérieure est accessible à tous

 

Bourdon mystique (Om)

La vie intérieure, c'est la vie mystique. Ce mot sonne gros, mais en vérité son sens est des plus simples :

"La Théologie Mystique... n'est autre chose que la Science de l'Oraison", de la prière sans mots. Une conversation silencieuse, la plus intime, avec la Vie.

"On la surnomme Mystique parce que tout y est secret et intérieur, la conversation y est cachée avec le Dieu caché, qui cache ses Amants dans la cachette de son visage, et les y met sous l'ombre de ses ailes, à l'abri de la contradiction des langues, et du trouble des hommes. Il ne s'y dit rien qu'entre Dieu et l'âme, de coeur à coeur, par une communication incommunicable à tout autre que ceux qui la pratiquent". (Camus, Profil de la Théologie Mystique)

Comme elle dépasse le langage ordinaire, il n'y a qu'en la goûtant qu'on la... goûte. Cela peut paraître élitiste, mais il n'en est rien, car cette Contemplation, comme on l'appelle aussi, "n'est pas une chose si rare, si difficile, si éminente, ni si peu accessible que beaucoup de gens se figurent". En effet, pourquoi serait-ce difficile ? Il n'y a même pas à supprimer les pensées pour sentir la Vie au-delà des pensées. Il suffit de se laisser aller. Cela ressemble plus à l'amour qu'à une concentration mentale. Donner de l'attention à la Source, l'unique nécessaire. De toutes façons, elle est le véritable Objet de nos désirs. 

Mais si je choisis autre chose, même si je me laisse distraire, c'est toujours ce Je-ne-sais-quoi que je désire en réalité. Cependant, cette vision embrouillée de la vie intérieure est regrettable, car elle empêche la plupart des gens de s'y plonger, elle leur coupe l'audace dans l'âme, si j'ose dire. La vie intérieure n'est, ni seulement une grâce qui tombe du Ciel, ni seulement affaire de technique. Il y faut à la fois une grâce, mais qui est toujours donnée à ceux qui se donnent, et une attention, mais sans laquelle il ne saurait y avoir d'amour.

Sans cela, cette vie intérieure de liberté, cette vie vivante plus réelle que tout, devient "comme le Phoenix dont tout le monde parle, et que personne n'a vu".

Facile de plonger, disparaître, de voir que je suis absolument transparent, rien et comme moins que rien, comme un soleil couchant dans un horizon limpide, lumineux. Comment échapper au délice de cette présence qui surgit d'elle-même, vive, infinie, infiniment patiente, présente toute nue, donnée tout entière ? Quelque soit l'effort, il est délicieux comparé à tout autre effort. Penser est difficile, plus difficile que ne pas penser. Lever le petit doigt est plus difficile. La vie ordinaire est plus coûteuse que ce délicat rien qui vibre toujours déjà au cœur. 

Tout est pénible, en comparaison de ce libre vol. Tel le bourdon qui plonge dans le pollen, épuisé de tant de butineries, laissons-nous, plongeons, simplement, librement, maintenant. 

2 commentaires:

  1. Et toujours cette joie de caresser en silence la petite fourrure douillette, frétillante de soleil et d'ombre de la vibration

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