mercredi 9 juin 2021

Le corps est-il une maladie ?


 

Ramana Maharshi écrit :

"Ceux qui ne réalisent pas que le corps est la maladie fondamentale qui engendre les autres maladies, désirent cette maladie au lieu de la craindre et ils s'efforcent de perpétuer cette forme..." (Guruvacakakovai, 232)

"Comme il est dit dans les Ecritures, notre plus grave maladie est le corps, la 'maladie de naître', et prendre des remèdes pour le renforcer et prolonger sa vie, c'est comme un homme qui prend des médicaments pour renforcer et prolonger sa maladie." (Day by day, 18 janvier 1944)

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Ces propos me choquent. Ils expriment un dualisme extrême du corps et de l'esprit : Le corps n'a rien à voir avec l'esprit. Il n'est ni sauvé, ni transmuté. Il est un fardeau qu'il faut se presser de jeter ("anxiously looking forward...when he can throw off his burden" id.). Et Ramana rejette toute médecine, tout effort ou pratique pour nourrir le corps. Sauf la cuisine, art qu'il semblait apprécier, allez savoir pourquoi.

C'est ce rejet qui me semble maladif. Voire dans le corps une maladie ? C'est un extrême. Certes, le corps, comme tout, se transforme. Mais il y a d'autres corps. En perpétuelle transformation. Cette poésie de la nature semble totalement faire défaut à Ramana, et à l'Advaita Vedânta en général. On y trouve peu d'intérêt pour la vie, la nature, les insectes (y-compris les vilaines tiques, un fléau récent par chez moi, mais proliférant), les vivants.

Pourtant, Ramana aimait les vivants, il a construit des tombes pour une vache (passe encore), pour un chien (!!) et pour un corbeau (!!!). 

Je crois qu'il y a deux Ramanas. Ou plutôt, c'est ce que j'observe depuis que j'ai rencontré son enseignement en 1988. L'un est ascète, il rejette tout, il suit la pente du Vedânta ascétique et voit tout en noir (illusion, tromperie, folie, etc.). L'autre aime nourrir les singes, cuisiner et papoter, il s'émerveille de tout comme d'une magie et ne passe pas un jour sans se promener dans la nature. 

Cette dualité se retrouve dans ses enseignements : d'un côté, l'expérience de l'énergie de la conscience "comme une dynamo électrique", tout est manifestation de la conscience ; de l'autre, tout est illusion, il n'y a "que la conscience", immobile et abstraite, il n'y a plus rien, plus de mouvement. Il n'y a jamais eu de synthèse chez Ramana.

Il est difficile de ne pas tomber dans les extrêmes du dualisme.

Et du coup, au bout du compte je préfère résolument le Tantra, même s'il a ses travers avec ses superstitions et ses quêtes ridicules. Car il est plus inclusif, englobant, généreux, il honore davantage de vérités.

Plus concrètement, la question est celle du mouvement. 

8 commentaires:

  1. Merci pour cet article.

    Il y a une vidéo de Rupert Spira où il parle de certaines différences entre approche vedantique et tantrique: pour lui, il semble que la perspective du netineti propre au vedanta permette la reconnaissance de notre véritable nature mais " ne serait que la moitié du chemin".
    Il y aurait seulement identité au sans forme, à la vacuité.

    Mais qu il devrais y avoir ensuite une forme d intégration du perçu en tant qu expression de la Conscience.

    Cela semble faire echo au vécu unifié sujet/objet où le monde apparaît en identité avec le "Je" ( vision sans tête par ex ).

    Peut être plus proche d une perspective tantrique ?

    Baptiste

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    1. Oui, ce serait plus proche de la vision du Tantra. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas l'admettre explicitement ? Pourquoi ne pas étudier le Tantra ? Je crois que la culture néo-advaita vit sur des références obsolètes.

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  2. Tu veux dire d exprimer plus clairement que la voie vedantique serait incomplète ?

    Baptiste

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  3. double personnalité pour un sage...pas si sage alors...:)
    cette dualité disparaît t'elle un jour..on verra !

    important de prendre soin du corps, vivre dans une exellente Energie quel plaisir !

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    1. Sans doute pas une "double personnalité", mais des contradictions, oui.

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    2. est ce qu’on confondrait pas parfois immobile et fixe ? Le feu qui danse est fixe sur les bûches pourtant il bouge
      Peut on dire que l’absolu est fixe mais toujours en mouvement ?

      Fabio

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  4. Ramana m’a aider à moins déprimer quand jetait pas bien en prenant de la distance avec le perceptif par la discrimination de ce qui nes pas le soi .....mais aux final j’avais comme un malaise car oui on est pas QUE nos perception ,
    émotion et sensation mais on englobe aussi ça .
    Puis comme dirais certains c’est de la mauvaise foi s’identifier à nos perception quand ça va mais s’en détacher quand ça va pas (en mode enfant ce n’es pas moi ,je ferme les yeux )

    Je préfère maintenant m’identifier à tout sans oublier que ce n’es qu’un aspect de notre existence .

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