samedi 27 février 2010

Mais alors enfin quoi ?

Dharma dans un état de non état parfaitement insaisissable (sauf par la truffe)


Carotte-le-lapin : Oh, là-bas ! un hamster dans sa roue !

Dharma-le-chien : Captivant !

Carotte : Remarque une chose : Il a l'air très sur de lui.

Dharma : Et plus il court, plus la roue tourne, et plus il a l'air concentré sur son but. Un vrai samsâra en miniature.

Carotte : Oui. Mais d'un autre côté, en courant vite, il y a des chances qu'il finisse par se faire éjecter.

La-vache-cosmique : Meuh !

Dharma : Salut. T'en pense quoi toi de toutes ces innombrables théories et non-théories sur l'Éveil ?

Vache : Ce sont différentes interprétations du silence.

Carotte : Mais alors, il faut les laisser bavarder et se mettre à l'écoute, l'Écoute sans écoute (bien sûr)!

Vache : Pas nécessairement. Toutes ces interprétations sont précieuses, comme autant de personnalités uniques, incarnations de la même humanité. On ne peut les séparer du silence, pas plus qu'on ne peut séparer de la lumière blanche les taches de couleurs projetées par le prisme.

Carotte : Mais tout ça ne semble déboucher sur rien, des mots toujours des mots....

Vache : C'est vrai que le Vedânta et sa descendance néopseudopost-satsangesque paraît quelque peu aride. Mais c'est la beauté du désert. Certes, on a parfois l'impression d'entendre un logiciel essayer de comprendre la vie. Cela rappelle aussi les paradoxes du Zénon qui démontrait aisément que, quelque soit la vitesse d'Achille, il ne pourra jamais rattraper la tortue, que la flèche n'atteindra jamais sa cible, bref que le mouvement n'existe pas. Mais on a envie de répondre que ce n'est pas parce qu'une chose n'est pas possible, qu'elle n'est pas réelle! En fait, dans tous les courants "non dualistes", il y a une tension (c'est le moteur et la panne à la fois) entre d'une part une attitude hyper-rationaliste (Shankara, Sureshvara, Nagarjuna), et une tendance plus souple (Mandana, Asanga) plus à l'écoute de la vie en sa fluidité. L'entendement a du mal a saisir le mouvement. D'où, à mon humble avis, la valeur unique des non dualismes inclusivistes exprimés dans le shivaïsme du Cachemire et le dzogchen.

Carotte : C'est quoi "inclusiviste"?

Vache : Ca veut dire que la conscience-présence, ou comme tu voudras l'appeler, inclut toujours. Elle enveloppe soi et autrui, conscience et inconscience, et tous les points de vue à l'infini. Elle inclut même son contraire. Comme le fait à chaque instant la conscience-de-lire-ces-mots. Ainsi la tendance hyper-rationaliste exclusiviste ("ce n'est pas cela, pas cela!") est incluse dans la conscience, bien sûr. J'admire ses chefs-d'œuvres, sa rigueur mathématique, son sens dialectique, son élégance. Mais cela manque de ressenti. Maintenant, il ne s'agit pas pour autant de tomber dans l'autre extrême, celui de la tyrannie du ressenti, dictature qui sévi aujourd'hui d'autant plus fort qu'elle est tout à fait conforme au consumérisme. Il faut un peu de bon sens : la méditation, par exemple, n'est pas un moyen d'atteindre l'Éveil (il n'y en a pas); mais s'interdire de méditer, de faire silence, de se lasser aller, c'est comme mourir pour ne pas tomber malade.

Carotte : Mais alors, concrètement ça apporte quoi d'inclure ?

Vache : C'est bon. Et puis c'est naturel. C'est dans la nature de la conscience de transcender, de dépasser en embrassant. C'est pourquoi des mots apparaissent, puis disparaissent. C'est pourquoi il 'est impossible de fixer la conscience sur un seul objet. S'ouvrant à cela, on peut même inclure l'exclusion et écouter les purs hyper-non-dualistes dont parlait Dharma avant-hier. C'est comme boire du thé vert : je n'en bois pas souvent (vu ce que je broute), mais bien dosée, son amertume est bonne. Au final, c'est comme écouter un même râga interprété par différents musiciens.

Carotte : C'est quoi un râga ?

Dharma : C'est un thème pictural, et surtout musical, dans l'art indien. En voici 72, par ordre alphabétique :

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