lundi 10 mai 2010

Langage ou silence ?

Vrin a publié une série d'articles de Pierre Hadot sur Wittgenstein. Pierre Hadot nous a quitté il y a peu. Il est l'auteur, notamment, de deux livres qui m'ont marqué : Plotin ou la simplicité du regard, et Qu'est-ce que la philosophie antique ? Il y défend une philosophie qui serait une manière de vivre et non pas simplement une invention de nouveaux concepts. Cependant, il ne faut pas opposer réflexion et silence, comme il le précise dans cet extrait de la fin de sa préface où il critique Wittgenstein :

Si Wittgenstein insiste tant sur les limites du langage, c'est que finalement, il veut laisser entrevoir un état de sagesse silencieuse qui serait atteint pasr celui qui aurait dépassé les propositions [du livre de Wittgenstein, le] Tractatus. Tout le discours du livre aura été rejeté comme une échelle devenue inutile, se détruisant lui-même après avoir accompli sa fonction thérapeutique (...), pour laisser la place au silence d'une vie de sagesse dans laquelle le problème de la vie sera résolu par sa propre disparition (...).
Personnellement, je doute que cet idéal d'une vie de sagesse silencieuse soit réalisable. La vie de Wittgenstein lui-même montre qu'il n'a pu s'y tenir. J'aurais plutôt tendance à penser, comme je l'ai dit ailleurs, qu'il ne faut pas opposer une philosophie conçue comme un pur discours et une sagesse qui serait un mode de vie silencieux. car la sagesse n'est pas un état qui mettrait fin à la philosophie, mais un idéal inaccessible qui motive la quête sans fin du philosophe. la philosophie doit donc, puisqu'elle est effort vers la sagesse, être, à la fois et indissolublement, discours critique et exercice de transformation de soi-même.

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