vendredi 27 août 2010

L'âme universelle


Comment peut-on se représenter des choses distinctes, comme l'existence et l'inexistence, le conscient et l'inconscient, le bleu et le non-bleu, sans prendre appui sur la conscience ? C'est ce qu'a dit le maître Utpaladeva : "Il est certain qu'il n'y a pas de différence essentielle entre l'existant et l'inexistant, non plus qu'entre le conscient et l'inconscient, (car même ce qui est inconscient, comme ce vase, est animé par l'acte de conscience 'Cest un vase'. De même, ce qui n'existe pas existe pourtant en tant qu'objet animé par l'acte de conscience 'Cela n'existe pas !')".

Abhinavagupta, Libres commentaires sur le Tantra de la Déesse-Parole (Mâlinîvijayavârttika, 1, 269-270)

Abhinavagupta veut dire ici que tout est animé par l'acte de conscience (vimarsha, citi, caitanya). Qu'une chose soit concrète ou abstraite, réelle ou imaginaire, vraie ou fausse, elle est animée par un acte de conscience. Donc tout dépend de la conscience, comme les sujets dépendent de leur souverain, et comme les créatures dépendent de leur créateur. Or, nous sommes des êtres doués de ce pouvoir de conscience. Par conséquent, nous sommes des dieux. Comme, en outre, il ne peut y avoir de différence dans cet acte de conscience - puisque l'établissement des différences dépend de cet acte même -, on doit conclure qu'il n'y a qu'un acte de conscience. Donc nous sommes Dieu unique, Seigneur de tous les possibles.

3 commentaires:

  1. Comme quoi, Abhinavagupta il est plus malin que le roi des Kinnaras!!

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  2. Je poursuis dans mes expositions pour reprendre le même genre d'objections que sur le post précédant.

    En tant que sujet identifié à la forme et au nom, je ne saurais jamais être un dieu, puisque qu'en tant que "moi", je suis un acte de la conscience (et au delà l'un de ses objets), et non la conscience elle-même.
    Sans RECONNAISSANCE de l'identité suprême, je ne peux me percevoir que comme objet non-existant (car sujet lui-même), et donc comme extérieur et étranger à ce que je crois être (forme et nom). Et c'est cela même que l'on appelle RECONNAISSANCE, qui ne peut être qu'une reconnaissance négative sur le plan métaphysique.

    Et c'est uniquement cette connaissance qui permet d'affirmer l'identité de l'existant et de l'inexistant. En effet, ce qui apparait à la conscience ne peut être elle-même, cela n'existe donc pas. A contrario, étant perçu, cela est et ne peut être qu'une manifestation de la conscience.

    Le "nous" ou le "je" dont vous parlez ne sera jamais en tant que personne (donc objet de la conscience pure): Dieu unique, Seigneur de tous les possibles. Ca n'est que par la reconnaissance que l'identité apparait dans le champ des possibles en tant que non-dualité duelle.

    Sudama Nath

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