jeudi 13 octobre 2011

Peut-on transmettre l'essentiel ?

L'essentiel, c'est la conscience, l'énergie, l'éveil, la paix... Mais en réalité, la nature de la transmission, sa possibilité, sont l'objet de conceptions différentes.

L'attitude de Socrate dans le Banquet de Platon, illustre clairement ces différentes conceptions. Son hôte veut que Socrate s'allonge à côté de lui pour recevoir ainsi sa sagesse, "comme le contenu d'un vase passe en un autre par le truchement d'un fil de laine", c'est-à-dire par capillarité. Le sens de la métaphore est clair. La sagesse, la connaissance, l'intelligence, sont des choses que l'on reçoit. Et il faut être à la bonne place, éventuellement être en contact physique. L'une des variantes les plus prisées est le regard du sage, ou du maître, comme on voudra.
Voyons quelques exemples de gens qui croient en cette conception de la transmission :

D'abord une transmission par la main posée sur la tête. Ceci n'est pas une initiation shivaïte, mais la "main de Shiva" est un moment essentiel de cette initiation :

Une transmission à distance et en masse, par un "maître" qui avait prévu la fin du monde pour le mois de mars 2011 :

Même genre, autre maître :

Le même :

Des yogi nathas. On ne sait pas trop s'ils font preuve d'humour. Les sadhus sont souvent à la limite de l'auto-dérision :

Une version pour citadins :

Le gars près de chez vous :

Une femme. Enfin !


Mais Socrate n'était pas tout à fait d'accord. Il dit que ce serait merveilleux, si l'on pouvait ainsi transmettre la vertu et toutes les belles et bonnes choses. Mais non. Transmettre, c'est amener l'autre à retourner son regard vers lui-même, vers la source de toute connaissance située exactement au centre de l'être.
Les expériences montrées dans ces films sont bien vécues. Ils ne jouent pas la comédie (sauf, peut-être, certains "maîtres"). Mais ils croient que la transmission vient d'une source extérieure, de même qu'Untel projette ses sentiments - nobles en eux-mêmes - sur une personne qui n'en est peut être pas digne et qui n'a peut-être rien à voir avec ces sentiments.
Ce n'est pas, non plus, qu'il ne puisse y avoir transmission d'un maître à un disciple. Mais en réalité, la "transmission" est une image, car la source se trouve à la fois dans le maître et le disciple.

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Excellent article et point de vue qui rejoint en écho mes réflexions du moment.
    Konrad.

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