lundi 28 janvier 2013

"Mais comment tout cela tient-il ?"



J'ai lu avec intérêt le dernier livre de Frédéric Nef, la Force du vide, même si je l'ai jugé assez sèchement, sans doute par précipitation.
Or je tombe sur un article de François Loth qui cite un passage que j'avais noté, puis oublié :

" Si on pense le vide comme le rien, il n’y a pas de vide dans notre monde, mais si on pense le vide comme l’absence de fondement, d’essence, d’intrinsécalité, j’estime qu’il y a des arguments solides pour soutenir qu’il y en a dans notre univers, sous notre nez. En fait, nous ne voyons pas le vide, nous voyons à travers le vide, à partir d’une vacuité centrale en nous (sinon on serait si encombrés qu’on ne verrait pas) " (p. 83).

Le vide comme absence de fondement est la vacuité d'existence propre du bouddhisme, que Nef glose aussi par la belle expression "dépendance sans point d'arrêt" (p.6).
La vacuité centrale est l'absence de formes et de couleurs, ici, au-dessus des épaules, cet espace vide à partir duquel le monde est vu, cette immensité qui accueille le monde.



Mais l'auteur de l'article soulève ensuite une série d'objections qui pourraient bien être celles d'un philosophe de la Reconnaissance adressées à un Bouddhiste : "Mais comment tout cela tient-il ? Comment rendre compte de l'unité du particulier ? Qu'est-ce qui fait tenir ensemble ce blanc, ce carré et cette valeur de lumière dans le tableau ?"
En effet.
Comment répondre sans invoquer la conscience comme acte, comme synthèse ?

dimanche 27 janvier 2013

La fin du bouddhisme ?

Le dharma du Bouddha est l'une des rares religions a avoir prévu sa propre disparition. Cette prophétie semble être en train de se réaliser. En Thaïlande, le nombre de moines a diminué de 60 % en 30 ans. Le bouddhisme Théravâda apparaît parfois comme un modèle pour les autres formes de bouddhisme, réputées plus orientées vers le luxe, comme par exemple le bouddhisme tantrique, tibétain en particulier. Or, sans pour autant nier que le bouddhisme tantrique présente maint défis, il faut aussi constater que le bouddhisme Théravâda, dit "ancien" et réputé plus proche du bouddhisme du Bouddha, est en pleine déréliction. Frappé par des scandales à répétition, la communauté des moines fond comme neige au soleil. Voyez ce petit reportage sur la Thaïlande :


Le bouddhisme en crise par france24

Mais peut-être seuls les moines sont-ils appelés à s'éteindre dans ce genre de nirvâna sociologique ? Peut-être y a-t-il une issue pour d'autres formes de pratique ? Sulak Siwaraksa, que l'on voit dans ce reportage, regrette que la communauté des moines se préoccupe plus de rites et de bénéfices que de méditation et de lutte contre les injustices. Mais une communauté bouddhiste pourrait-elle prospérer sur ces seuls idéaux ? En tous les cas, ces événements sont une invitation à réfléchir sur la place des moines et sur la forme du bouddhisme à l'avenir, s'il y en a un.




samedi 26 janvier 2013

Qui est Dieu ?



Qui est Dieu ?



Celui qui lit cette question.



"Celui" - ou "celle" !- et non pas "cela". Car cet espace est certes impersonnel en ce sens qu'il est vide de tout ce qui permettrait d'y reconnaître Untel. Mais il n'est pas impersonnel au sens d'un parking de supermarché car il est animé, vivant, sensible, pensant, percevant, désirant, éprouvant, etc.



Ceci se traduit par des expériences de félicité, de renaissance, d'amour : un sentiment de bien-être indépendant du contexte, une intuition ineffable que "tout va bien", en un sens et à un niveau que l'on ne saurait guère expliquer. Et cela vaut sans doute mieux. Qui peut encore être convaincu ou même séduit par les mythes qui, autrefois, étaient censé réconcilier le Dieu-Amour avec l'existence du Mal ? Qui prend encore les théodicées au sérieux ?



Or, cette intuition indicible est un effet du cerveau et de mille autres circonstances. Et je dis qu'il en va - peut-être - de même pour le silence simple, la présence pure, l'être-sans-pensées. Ce qui est certain, c'est que l'être-conscient-sans-concept et les extases ne me disent absolument rien sur leur cause. Une conscience transcendante ? Non. Dieu ? Non. Je le sais parce que la science en apporte chaque jour un peu plus la preuve. Mais sans cela, j'aurais pu méditer mille ans, m'absorber durant un éon, "être" depuis des temps sans commencement, sans avoir la moindre idée de ce qui cause cette conscience limpide, sans rien savoir du cerveau.


Si l'on tient compte de nos connaissances, l'on peut seulement dire ceci : la conscience ne se réduit pas à des causes physiques. Mais qu'est-ce que cela signifie exactement ? Difficile de le dire à ce stade. C'est la thèse de David Chalmers, très proche du dualisme du Sâmkhya : il y a l'objet, la matière, le monde. Et il y a la conscience-témoin, qui n'est pas un objet, pas la matière, pas le monde. Cette modestie, cette retenue spéculative sont importantes me semble-t-il sur le plan moral et politique. C'est pourquoi j'y adhère. On ne peut pas ne pas avoir d'opinions du tout. Tâchons donc d'y penser. Soyons honnêtes.



Toutefois, je répète et je confirme, dans l'espoir de bien me faire comprendre, que, du point de vue de la première personne, ici-nulle-part, tout apparaît et disparaît dans la conscience. En ce sens, presque tout ce que dit la philosophie de la Reconnaissance est, pour moi, vrai. Personne ne pense. Ce "personne" est vivant, palpitant, lumineux, transparent. Bref, regardez-y vous-mêmes.



L'on pourrait se demander pourquoi je ne suis pas bouddhiste, dans l'une de ses versions minimalistes, actualisées, postmodernes. Il est clair que, pour moi comme pour d'autres, des traditions contemplatives bouddhistes comme le dzogchen, la mahâmudrâ ou (dans une mesure moindre) le zen sont d'une grande richesse et d'un grand secours : économes en conjectures, elles sont centrées, vraiment centrées sur la description de l'expérience. Elles sont uniques et précieuses en cela.


Mais j'estime tout de même qu'il leur manque quelque chose, peut-être quelque chose d'essentiel, une expérience vitale, ou une dimension de l'expérience mystique. C'est le genre d'expérience que j'ai décrit ailleurs comme "expérience du cœur" et que l'on peut décrire comme un "je suis je", un "je-je" pareil à une basse continue, souvent perçu comme une pulsation dans la poitrine. 
 


Bien entendu, je sais que le bouddhisme parle d'expériences qui entrent dans ce registre affectif : la compassion, la dévotion, et surtout la félicité-vacuité qui est peut-être ce qui s'en rapproche le plus. Je note d'ailleurs, au passage, que le caṇḍalīyoga consacré à l'éveil de cette expérience dans notre chair parle d'un A - première lettre de l'alphabet sanskrit - qui s'unit à un HA - la dernière lettre de ce même alphabet, pour former un AHAṂ, "je" en sanskrit. "Je suis l'alpha et l'oméga". Ou "Je suis est l'alpha et l'oméga". Peut-être est-ce un simple hasard, ou un symbolisme involontaire. C'est même probable.



Quoi qu'il en soit, malgré ces éléments, le bouddhisme ne met jamais le doigt sur cette expérience, ou cette dimension de l'expérience, en sa forme chimiquement pure. Le je suis est sans doute vécu ici et là, mais il n'est pas thématisé, pas pleinement reconnu comme tel. Ce qui s'explique aisément : le Soi ou l'identité du bouddhisme, c'est... le non-Soi. Difficile, dans ces conditions, d'explorer à fond l'expérience du je suis. Contrairement aux Upanishads ; au shivaïsme du Cachemire ; à Ramana M. ; à toute une pléthore de mystiques chrétiens.


Vous me direz, pourquoi accorder tant d'importance à cette expérience ? Alors même que l'on a toutes les raisons de croire qu'elle n'est qu'un produit du cerveau ? Alors même qu'elle n'est sans doute qu'un super-ego, base de tous les petits ego-s ? Alors même que les expériences du silence, de la lucidité transparente, abyssale, sont d'une profondeur insondable ? 


En gros, pour les motifs énoncés par la philosophie de la Reconnaissance (pratyabhijñā). Pas de conscience sans "je suis je". Sans ego, oui. Sans Je, non.


Il faudrait préciser, mais pour l'heure je laisse cela.

mercredi 23 janvier 2013

Peut-on être victime de ses disciples ?

"Quand le disciple est prêt, le maître arrive", entend t-on. Il faudrait plutôt dire : "Quand le disciple veut un maître, il prend le premier venu".
De même, en effet, que l'appétit rend l'objet appétissant, plutôt que l'inverse, de même, le désir-de-maître crée le maître. Nous prenons nos désirs pour des maîtres. Et de même, bien entendu, pour le vrai, le bon, le beau et tutti quanti.

Joy Vriens m'a fait découvrir un trésor : La Grande beuverie de Daumal. Je commence la lecture de suite. Cela me rappelle The Guide, le film indien basé sur le roman de R. K. Narayan. C'est l'histoire d'un gars qui sort de prison et qui, accidentellement, devient le gourou de paysans en quête d'une pluie salvatrice. Porté (ou écrasé ?) par la dévotion de la foule, il meurt dans l'extase. Tragi-comique.



Parmi d'autres, il y a, dans la même veine, le Pendule de Foucault de l’irremplaçable Umberto Eco. Et aussi cette anecdote du Sacré Père Bouddha (Phadampa Sangyé) aux prises avec une dévote de nonne, alors qu'il est quasi sur son lit de mort. Après avoir tenté de la consoler, en vain, il lui dit, excédé :
"Regardes, regardes donc ton propre esprit qui n'est pas une chose ! Alors, un gourou qui n'est certes pas moi, mais qui est mon alter ego, surgira de l'intérieur. Vas-le voir, vas-y !"
Sur ce, il retourna se coucher.

lundi 21 janvier 2013

Qu'est-ce qui pense ?

La croyance au moi est-elle une superstition ? Voilà la question posée par Nietzsche dans ce texte qu'un Bouddhiste ne renierait pas.

Tout apparaît et disparaît dans la conscience. Mais le moi, qui est-il ? Un être inséparable de la conscience ? Ou bien un objet parmi d'autres dans cet espace de la conscience-témoin ?

Nietzsche répond clairement que le moi n'est qu'un fantôme : un être qui semble être là simplement parce que nous n'y avons pas vraiment prêté attention. Si l'on cherche à le regarder en face, le moi disparaît comme un mirage, comme un mouvement que l'on a cru détecter du coin de l’œil.



"Si j'analyse le processus exprimé dans cette phrase : "je pense", j'obtiens des séries d'affirmations téméraires qu'il est difficile et peut-être impossible de justifier. Par exemple que c'est moi qui pense, qu'il faut absolument que quelque chose pense, que la pensée est le résultat de l'activité d'un être connu comme cause, qu'il y a un "je", enfin qu'on a établi d'avance ce qu'il faut entendre par penser, et que je sais ce que c'est que penser. Car si je n'avais pas tranché la question par avance, et pour mon compte, comment pourrais-je jurer qu'il ne s'agit pas plutôt d'un "vouloir", d'un "sentir" ? Bref, ce "je pense" suppose que je compare, pour établir ce qu'il est, mon état présent avec d'autres états que j'ai observé en moi ; vu qu'il me faut recourir à un "savoir" venu d'ailleurs, ce "je pense" n'a certainement pour moi aucune valeur de certitude immédiate à laquelle le vulgaire peut croire, le philosophe, pour sa part, ne reçoit qu'une poignée de problèmes métaphysiques, qui peuvent se formuler ainsi : où suis-allé cherché ma notion de "penser" ? Pourquoi dois-je croire encore à la cause et à l'effet ? Qu'est-ce qui me donne le droit de parler d'un "je", et d'un "je" qui soit cause, et, pour comble, cause de la pensée ? (...) Si l'on parle de la superstition des logiciens, je ne me lasserais jamais de souligner un petit fait très bref que les gens atteints de cette superstition n'aiment guère avouer : c'est à savoir qu'une pensée vient quand elle veut, non quand je veux, en telle sorte que c'est falsifier les faits que de dire que le sujet "je" est la détermination du verbe "pense". Quelque chose pense, mais que ce soit ce vieil et illustre "je", ce n'est là, pour le dire en termes modérés, qu'une hypothèse, qu'une allégation ; surtout, ce n'est pas une "certitude immédiate". Enfin, c'est déjà trop dire que quelque chose pense, ce "quelque chose" contient déjà une interprétation du processus lui-même [cf. : "Il n'y a pas de phénomènes moraux, mais seulement des interprétations morales des phénomènes"] : on raisonne selon la routine grammaticale : "penser est une action, toute action suppose un sujet actif, donc...". (...) Peut-être arrivera-t-il un jour, même chez les logiciens, à se passer de ce "quelque chose", résidu qu'à laissé en s'évaporant le brave vieux "moi"."  
Nietzsche, Par delà le Bien et le Mal

J'ajourerais que le moi est la base à partir de laquelle des hommes ont inventé Dieu. Car qu'est-ce que ce "Dieu", si ce n'est une extrapolation de l'ego, un super-moi ?



Le vrai moi est la conscience sans moi.  Il n'y a pas de phénomène égotique, seulement des interprétations égotiques des phénomènes. Est-ce bien vrai ? Est-ce là tout ? Mais alors d'où vient cette illusion - singulière - du moi ?

samedi 19 janvier 2013

Qu'est-ce que la non-dualité ?



Le mot "vacuité", à lui seul, ne nous dit pas encore ce qui est vide, et de quoi. En ce sens, c'est un terme vague qui appelle des précisions, faute de quoi l'employer sera assurément cause de malentendus.
Or, il en va de même pour "non-dualité". Cette expression si populaire désigne le fait de ne pas être deux. Soit. Mais qu'est-ce qui n'est "pas deux" ? On voit que le terme peut avoir non seulement des significations multiples - il est plurivoque, comme si plusieurs personnes parlaient en même temps - mais encore, antagonistes. En effet, si je dis que l'esprit et la matière ne sont "pas deux", je peux vouloir dire qu'il n'y a que l'esprit (spiritualisme) ou bien qu'il n'y a que la matière, en dépit des apparences du contraire. Deux thèses antagonistes. Ainsi, le matérialiste est lui aussi un non-dualiste.

Cela étant, la plupart des gens qui emploient cette expression veulent plutôt dire que, selon eux, il n'y a pas de jugements vrais plutôt que faux, attendu que tous sont également faux. Évidement, dire que tous les jugements sont faux, c'est dire que ce jugement-ci, s'il est vrai, est faux. Et que, s'il est faux, cela confirme que tous les jugements sont faux... D'où des dialogues de sourds (de fous ?) qui animent l'existence de ces non-dualistes du jugement. Ce n'est là qu'un des symptômes du relativisme extrême qui sévit dans la culture contemporaine.

Une autre forme de non-dualisme très répandue consiste à croire qu'il existe une conscience ou un esprit absolument et à tous égards indépendant de la matière, un sujet indépendant de l'objet, une conscience "pure" de toute visée intentionnelle. Or, c'est là du pur dualisme, à-la-Descartes, si vous me passez l'expression. Dans la même veine, dire que le sujet ne peut jamais devenir objet de connaissance, cela n'a rien de "non-dualiste". Tout le monde répète cette affirmation en chœur, comme un mantra. Mais, en Inde, patrie réputée du non-dualisme, cette thèse n'est pas spécifiquement non-dualiste. Elle est, de fait, tout ce qu'il y a de plus dualiste, même si elle est vraie et libératrice. C'est, en effet, une thèse défendue par le Nyâya et reprise par tous les théologiens dualistes, dont les shivaïtes.

A mon sens, le non-dualisme a une dimension mystique - difficile à articuler. Mais, s'il faut s'exprimer, je choisirais plutôt un non-dualisme matérialiste, selon lequel l'esprit et la matière sont deux faces d'une même réalité, l'esprit étant produit par l'interaction complexe de nombreuses causes et conditions, à l'image d'un arc-en-ciel. Et ceci, plutôt qu'un roman métaphysique - occultisme des demi-savants.

En outre, je crois que cette position prudente est compatible avec le non-dualisme du shivaïsme du Cachemire, et même avec les non-dualismes de la conscience "pure", pour des raisons que j'ai déjà formulées dans d'autres billets : la conscience "pure" équivaut à l'inconscience "pure" ; il n'y a pas de Shakti (de conscience) sans Shiva (sans objet, fut-ce l'être, ou un objet indifférencié) ; une conscience impersonnelle n'est pas différente de l'espace ou d'une matière illimitée ; et, enfin, le matérialisme est un non-dualisme.



Pourquoi faire le choix de l'hypothèse matérialiste ? Parce qu'elle me semble plus économe en termes d'hypothèses (d'hypostases) métaphysiques-pataphysiques. Or, quand je lis les textes des non-dualismes "religieux" (shivaisme, védânta, etc.), je trouve les descriptions d'états subjectifs bien plus pertinentes que leurs élucubrations à prétentions objectives et normatives sur la reproduction humaine ou encore leurs fables sur les yogis qui sortent de leur corps pour entrer dans celui d'un perroquet. Plutôt une approche phénoménologique que métaphysique, donc. Et, surtout, je ne vois pas de raison de croire... sans raison. Jusqu'à preuve du contraire, le corps ne peut se transformer en lumière, ou rapetisser, ou laisser des empreintes dans une roche rendue molle par on ne sait quel miracle. Par contre, l'ignorance des hommes explique très bien ces croyances. De plus, si l'on accepte de croire sans preuve, le pire est proche.

Donc, je propose simplement, avec d'autres et après d'autres, des lectures à tendance sobre, lucide et critique des traditions non-dualistes religieuses, à la lumière d'un non-dualisme "matérialiste".

Si vous êtes intéressé par la question des non-dualismes, sachez que mes prochaines conférences au CIPh porteront sur ce thème. La prochaine conférence aura lieu le lundi 11 février. Voir la colonne ci-contre en haut à droite.

N.B. : le terme "matérialisme" est connoté négativement dans les milieux spirituels. C'est un préjugé que j'entends dénoncer et combattre. Mais il faut également réaliser que cette étiquette - d'où les guillemets - recouvre des visions du mondes assez différentes selon le lieu et l'époque : les matérialistes de l'Inde ancienne, les matérialistes des Lumières et les physiciens quantiques matérialistes sont sur bien des points essentiels plus différents les uns des autres que le spiritualisme ne l'est du matérialisme au sens où je l'entend ici - comme une doctrine de la production du sujet et de l'objet en dépendance mutuelle.

P.S. : Joy Vriens résume un article de Tom Pepper qui propose une lecture matérialiste/ naturaliste de la doctrine du non-Soi (anâtmâ). L'un des points pertinents pour les questions qui nous occupent ici est l'idée que la thèse d'une conscience inconditionnée sert souvent à justifier une attitude passive (pour rester poli) face aux conditions de l'existence, notamment politiques et sociales. J'avais, dans cette idée, rédigé un billet sur la manière dont le non-dualisme du Vedânta servait de conservateur au système des castes.