lundi 4 mai 2015

L'approche corporelle


La vie intérieure est une vie incarnée. 
Quand on vit dans un silence tout d'écoute, le corps résonne. Plus d'identification au corps, et le corps se rempli de félicité, tel une eau insipide infusée par un arôme puissant : 
encore un paradoxe !

Un tantra sur cette félicité qui inonde le corps :

Dans les roues du soleil et de la lune
(Le sujet et l'objet, l'homme et la femme) fusionnent.
Ces deux roues s'unissent intimement,
L'une s'ouvre quand l'autre se ferme
Et vice-versa.

Linga et yoni font jaillir un nectar
Quand ils s'unissent.
De même, quand le feu (en bas de la colonne vertébrale)
Et la lune (située dans la tête) s'unissent,
(Le nectar de félicité) se met à couler,
Assurément.

Si dans la nuit
Ces deux roues se pressent l'une à l'autre,
Une lumière jaillit qui dépasse
Ce soleil et cette lune.
Qui contemple cette splendeur absolue
S'éveille à la Lumière en sa plénitude.

Par-delà les roues du sujet et de l'objet,
Il y a une roue à mille rayons.
D'elle naissent le corps
Et le monde.
...

C'est là que réside la félicité universelle
Pour ceux qui pratiquent
L'union sacrée.
Là, on gagne à la fois l'indépendance et
Une vie pleine.
...

Puis (l'énergie) s'élance à nouveau vers le haut.
Dès lors, on accède à l'Immense.
Feu et lune à égalité,
Le Soi est créé dans le Soi,
Par le Soi.

La lune est alors enflammée.
Elle vient habiter les deux jambes. 
Le feu fait fondre (la lune),
Et aussitôt, son nectar se répand clairement 
Dans les chevilles, les genoux 
Et les autres articulations (du corps).
Cette Puissance,
Allumée par le soleil de la Kundalini
Et chauffée encore (et encore),
Se met à éjaculer
Le monde fait des cinq éléments.
On peut faire cette expérience
Jusque dans les oreilles
Et dans les facultés du corps...

Le Tantra de Bhairava : La Pratique de la nuit


Jean de la Croix décrit la même expérience. La touche divine au centre du corps inonde le corps de béatitude, car le corps est dans l'âme :

"Dieu communique à l'âme sa force, sa sagesse, son amour, sa beauté, sa grâce, sa bonté... Comme Dieu est toutes ces choses à la fois, l'âme les goûte en une seule touche qu'il lui fait, et elle en jouit dans toutes ses puissances et sa substance. Parfois même, ce bien dont elle jouit laisse rejaillir sur le corps l'onction de l'Esprit-Saint, et alors la jouissance s'étend à toute la substance sensible, à ses membres, à ses os, à sa moelle, et non d'une manière faible, comme cela arrive ordinairement, mais avec un sentiment de délices profondes et de gloire qu'elle éprouve jusque dans les dernières articulations des pieds et des mains."

La Vive flamme d'amour, II, trad. P. Grégoire de st-Joseph.

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