lundi 31 octobre 2016

Qu'est-ce que le mental ?


Le mental est le Diable de la culture contemporaine.

Dans le non-dualisme du Yoga selon Vasishta, le mental (manas, mind, mens)
est présenté comme la Shakti de l'Immense, du Brahman.

mental=imagination=libre-arbitre=individu=Shakti=Brahman

Vasishta dit :

"Les sages savent que
le mental est engendré
par la Shakti de volonté (samkalpa)
du Soi infini,
du grand Soi doué de toutes les Shaktis.

Cette Shakti est parfaite.
On la nomme "pensée".
Elle rend possible les décisions.
C'est elle aussi qui délimité
en acceptant ou en refusant
(ce qui se présente)."

Yogavâsishta, III, 96, 3 et V, 13, 53

On ne saurait être plus clair :
L'individu est la Shakti de l'Immense.
Le personnel est actualisation de l'impersonnel.
Si vous préférez.

jeudi 27 octobre 2016

Non-dualité et émotion

Dans le non-dualisme majoritaire, et encore plus dans le néoadvaïta, l'émotion est traitée comme un objet qui apparait et disparait dans l'espace de la conscience. Je suis espace conscient. Les émotions, les désirs et tout ce qui est de l'ordre de l'affect, apparait et disparait en moi, Témoin immobile de ces mouvements.



Or, cette vision est belle et libératrice. 
Mais elle est incomplète.
Car je vois bien que les choses, comme un nuage dans le ciel ou une voiture dans le paysage, passent dans le ciel lumineux que j'appelle "conscience".
Mais il est plus difficile de l'admettre pour ce qui est de l'ordre de l'affectif, comme les émotions.
L'émotion est un mouvement qui a sa source en moi.
Le désir aussi.
L'objet du désir, et la face extérieure de l'émotion, sont des objets, c'est vrai. 
Mais le désir et l'émotion pris en leur jaillissement ne sont pas des objets, ils ne font qu'un avec la conscience, avec moi, avec l'espace conscient. Autrement dit
espace=conscience=émotion=désir
Si vous ne comprenez pas comment le désir n'est autre que la conscience pure, c'est parce que vous confondez le désir pur avec les objets du désir. En ce sens, il n'y a qu'un seul désir sans objet, comme il n'y a qu'une seule conscience sans objet. Mais nous les confondons et nous croyons qu'il y a "des" consciences et "des" désirs. Mais il n'y a qu'un seul désir, qui est la seule conscience, le seul être.

Prenons un exemple :
j'apprend qu'une injustice m'a été faite.
Je sens la colère monter.
Les aspects extérieurs de cette colère sont des objets qui apparaissent dans l'espace conscient que je suis, Témoin immuable de ces changements. C'est vrai. Les battements de mon cœur, la modification de mon timbre de voix, de ma posture, de mes gestes, de mon expression, les circonstances, sont des objets, c'est-à-dire des manifestations limitées dans l'espace et le temps, séparées des autres manifestations. A ce niveau, la dualité règne, dans l'espace de la conscience, certes, mais il y a bien dualité, c'est incontestable.
Mais que se passe-t-il si je prends cette émotion en sa source
Tandis que les objets apparaissent, je reviens à l'émotion pure, brute, nue. Cette émotion est-elle un objet ?
Je constate qu'elle n'est pas un objet.
Pourquoi ?
Parce que, à son niveau, il n'y a pas de dualité.
Il n'y a pas "la" colère que "je" ressens, mais une seule vibration, difficile à décrire, dans laquelle le "pourquoi" et le "comment" de la colère ne sont pas clairement différenciés. Autrement dit, la colère pure n'est pas vraiment une colère, mais plutôt une sorte d'ébullition sauvage, sans dualité. Ou une énergie pure, si vous préférez.  "Pure" veut dire "sans dualité". 
Il n'y a donc aucune distinction réelle à faire entre l'espace de la conscience et la vibration de l'émotion à l'état pur.

Si je sais cela, alors je peux l'expérimenter.
Quand la colère monte, au lieu de simplement observer ses aspects objectifs et superficiels, je plonge en sa source, comme un saumon, et je ne me retrouve pas seulement "Témoin", mais Source créatrice  de tout.

Or, si je ne connais que la non-dualité comme posture de Témoin, je ne pourrais pas plonger ainsi.
Mais, me dira-t-on, la posture de Témoin n'est-elle pas suffisante ?
Cette posture - qui n'en est pas vraiment une, car la conscience est vraiment Témoin de tout ce qui arrive - ne suffira pas. Si je n'avais pas d'émotions, elle suffirait. Mais j'ai des émotions. Donc elle ne suffit pas.
Pourquoi ?
Parce que, toute mon attention étant fixée, au moment de la colère, sur ses aspects objectifs et superficiels, l'énergie sous-jacente continuera de jaillir. Et d'alimenter les aspects superficiels, objectifs, qui persisteront, même si je les "observe" avec intensité. Et le sentiment de perte de contrôle et de désagrément persistera...
Alors que si je plonge dans la Vibration créatrice, je plonge au niveau où la colère n'est plus colère, mais pure énergie, pure conscience, pure clarté, pure émotion sans objet, sans dualité. Et même, je dis que cette "vibration" (parce que c'est un mouvement immobile) amour. Et donc je me sentirai réellement mieux. C'est à ce niveau que le ressenti, autrement souvent trompeur, devient précieux et fiable. Dans ce jaillissement originel.

Evidemment, il faut aussi s'exercer avant les moments de colère. Se familiariser.
Mais la différence de ressenti entre 1) une simple posture de "je suis espace" et 2) ce plongeon dans la vibration nue de l'émotion prise en son jaillissement, est indubitable.

Donc, à côté et de et en complément à la "pratique" de l'espace consciente, il est bon, très bon, de pratiquer ce plongeon.

Au lieu de retourner mon attention vers moi,
je retourne mon intention vers moi.
Le retournement du désir complète
le retournement du regard.

Tel est l'apport du tantra non-duel, sa spécialité, si vous préférez.

Sur ce thème, j'animerai une conférence le vendredi 18 novembre 2016.
Cliquer ici

dimanche 23 octobre 2016

Kâlî, ou l'impermanence libératrice

Le Temps engloutit tout. 
Les bons comme les méchants. Le beau comme le laid.
Le Temps, c'est le changement.
Imaginez que tout se fige : le Temps existerait-il encore ?
Mais rien ne se fige...
Tout s'enfuit.



Nous nous plaignons que les bonnes choses passent.
La jeunesse, l'abondance, le bonheur, un état spirituel merveilleux, le silence intérieur...
Quand nous méditons ou quand nous "travaillons" sur nous-mêmes,
c'est pour stabiliser les moments les meilleurs, les moments d'ouverture de la conscience. 
Et les pensées, les sensations, les souvenirs, sont comme des parasites qui viennent
interrompre nos bons états. 
Nous cherchons donc à nous en débarrasser.

Nous nous "centrons" pour que ces parasites 
n'apparaissent pas,
nous essayons de rester présents pour que 
le silence demeure.
Ce qui est une bonne chose.
Mais les parasites reviennent inévitablement. 

Et si le Temps était la solution ?
Car, si le changement amène ces parasites, 
il les emporte aussi !

Concrètement, au lieu de me concentrer pour empêcher les pensées d'apparaître,
pourquoi ne pas observer leur disparition ?
Juste déplacer le centre de l'attention.
L'avantage est que la disparition des pensées et des sensations ne demande aucun effort, nulle tension.
Car la disparition des choses est dans leur nature.
Le Temps engloutit tout.
Pourquoi ne pas le laisser faire le travail à ma place ?
Et alors, chaque pensée, chaque sensation qui disparaît,
est goûtée comme une détente,
une énergie qui se dilate,
une main qui s'ouvre,
un pont de clarté lancé vers le silence,
comme un arc-en-ciel.
L’ébullition est ressentie comme un agréable massage,
non plus comme un parasitage.

Ainsi, par un simple déplacement de l'attention,
la terrible impermanence, l'évanescence des choses,
tourne à notre avantage.
Je ne sens plus les pensées et les sensations comme des envahisseurs,
mais comme des tintements de clochettes,
légers, transparents, ouvrants vers le silence :
des caresses d'espace.

Je suis Présence sans limite.
Les mouvements sont comme des offrandes
au mystère que je suis.



Dans la tradition de la Danse de Kâlî,
la Déesse est célébrée comme conscience
qui englouti tout.
Cette conscience qui dévore ses enfants
n'est autre que le Temps qui emporte tout.
Cette impermanence est détente.
Libération.
Méditer, c'est s 'accoutumer
à ce lâcher-prise,
par un simple déplacement d'attention.
Bien sûr, cela demande de l'attention.
Donc une sorte d'effort.
Mais sans la tension comparable
à celle du méditant qui aspire à écarter les pensées,
bien que cette dernière approche ne soit pas non plus complètement vaine.

Quoiqu'il en soit,
non seulement je suis le Témoin
de la disparition des pensées,
mais en plus, chaque disparition
est ressentie comme une détente.

Vertigineux...

mercredi 19 octobre 2016

Atelier méditation du vendredi 18 novembre 2016 - "Le désir peut-il être une voie de réalisation ?"

Le désir...
Éros est au centre de nos vies.
Qu'on le veuille ou non, nos cœurs palpitent 
et nos entrailles bouillonnent
sous ses flèches,
douces ou dures.




Le néotantra
propose de libérer les émotions en les exprimant.

Mais le tantra traditionnel,
Qu'a-t-il à nous dire sur le désir ?
Peut-on désirer sans souffrir ?
Le détachement est-il la seule voie ?
Le désir joue-t-il un rôle dans la méditation ?
Ou bien méditer, est-ce toujours renoncer au désir ?
Le désir est-il une voie ?

Nous vous proposons un atelier
d'enseignement, de méditation et d'échange
sur ce thème.

Nous nous inspirons de la tradition du coeur,
koula en sanskrit,
union du corps et de l'espace,
du souffle et du silence,
explorée simplement,
à travers les expériences ordinaires de la vie quotidienne.
Icchâ yoga, yoga du désir
aussi nommé
tuti yoga,
yoga de l'instant,
dela plongée dans l'instant
du jaillissement du désir.

Pas besoin d'être un éveillé,
ni de travailler ses chakras,
ni de dresser sa koudalini...
Il suffit d'aimer,
de se plonger sans préjugés
dans l'expérience la plus banale, 
pour y découvrir le joyau tant espéré.

Nous partagerons les instructions précises de cette tradition
du tantra traditionnel afin de reconnaître en nous le Désir qui élève et qui nourrit,
qui transmute les émotions 
et qui nous fait toucher le divin du fond de notre être.
Aucune croyance n'est requise.

Cet atelier complète ceux sur 
voie de méditation du tantra traditionnel. 

vendredi 18 novembre 2016
19-21h
Espace Divyan
1 passage du jeu de Boules
Paris - République
Participation : 20 euros
Attention : nombre de places limité !
Renseignement et réservations :
06 03 33 05 58
deven_fr@yahoo.fr

lundi 17 octobre 2016

Panpsychisme : de la conscience en toute chose !

Voici, en anglais, un montage magistral qui met en dialogue les différentes théories contemporaines sur la conscience :


Le point de vue final est celui du panpsychisme, dont l'un des formulateurs fut Whitehead.

Et ci-dessous, toujours en anglais, une critique du panpsychisme du point de vue non-dualiste de Nisargadatta :


Quelle époque passionnante !
Mais aussi, quel dommage que le fanatisme religieux et l’irrationalisme suicidaire de certains nous empêche de nous y consacrer pleinement...

La Danse des particules

Trajectoires de particules : signes de liberté ?


A mon sens, conscience est inséparable de liberté.
Nier le libre-arbitre, c'est nier la conscience.
Ce qui se réfute soi-même,
car se nier, c'est encore s'affirmer, comme conscience.
Et, du même coup, comme liberté...

Mais le déterminisme ?
Si le libre-arbitre existe, comment se fait-il qu'on ne l'observe jamais directement ?
De fait, quand on observe les choses, elles obéissent toujours à des lois déterminées, des rapports réguliers. L'eau bout à 100°, etc.
Toutes les choses ?
Non.
Il y a deux domaines qui échappent au déterminisme.
Tout d'abord celui des comportements humains.
Nul de peut prédire exactement ce que je vais faire.
C'est pourquoi les sciences humaines, justement, ont un faible pouvoir de prédiction.
Voilà pourquoi les économistes n'arrivent pas à prévoir l'évolution des marchés, 
voilà pourquoi les historiens n'arrivent pas à prédire le futur :
A cause du libre-arbitre.
Ensuite, il y a le domaine du comportement des particules.
La (trop) fameuse physique quantique.
Le comportement des électrons n'est pas prévisible de manière déterminée.
A une échelle plus vaste, un atome d'uranium, par exemple, se désintègre d'une manière qui ne peut être prédite. Il peut disparaître demain, dans cent ans ou dans un million d'années...
Comme s'il "décidait" de s'absenter. Ou pas.
D'où cette brillante idée du physicien Freeman Dyson :
ce qui, de l'extérieur, apparaît comme comportement aléatoire,
est un choix, vu de l'intérieur.
Mon comportement, vu de l'extérieur, paraîtra toujours déterminé par des lois. 
Le point de vue objectif, celui de la "troisième" personne et du matérialisme (et d'un certain néoadvaita) ne découvrira jamais l'intérieur : la conscience libre.
Seul le point de vue de la première personne, le point de vue "subjectif" peut éprouver la conscience et le libre-arbitre.

Mais finalement, le point de vue de la troisième personne est enveloppé dans la vision que l'on appelle la première personne car... c'est un point de vue, une vision, c'est-à-dire, une conscience.
Rien en dehors de la conscience.
Rien qui ne soit conscience.
Rien d'indépendant de la conscience indépendante.
Et donc tout "cela" n'est rien de réel.
Donc il n'y a que la conscience libre.
C'est la non-dualité.

Freeman Dyson, en anglais. Génial :
  

Y a t-il une expérience de l'Eveil ?



La plupart d'entre-nous cherchons une expérience de l'Eveil.
Souvent, nous nous plaignons de n'avoir qu'une compréhension "intellectuelle", et de ne pas sentir notre véritable nature non-duelle - ce qui serait le véritable Eveil.

Mais l'Eveil est-il à chercher dans une expérience ?
Non.
Pourquoi ?
Parce qu'une expérience change. Nécessairement. par nature. 
Elle a un début et une fin. 
Qu'elle soit une expérience ordinaire, ou une expérience d'ouverture de conscience, ou même une expérience de pure Présence, de "conscience de la conscience", de silence, d'absence de pensée... cela ne change rien à sa nature : elle passe. 
Donc la voie de l'expérience est une impasse. 
Elle me fera vivre des moments intenses, exceptionnels, mais qui laisserons toujours la place à des périodes d'angoisse, d'agitation et de "rechute" dans la confusion. Pourquoi ? Parce que telle est la nature de l'expérience. La roue tourne. Nous sommes tous plus ou moins bipolaires, passants de l'agitation à la torpeur. L'équilibre serein et transparent d'un mental pur, apte à accueillir la Lumière, change, comme tout équilibre. 
D'où la déception de ceux qui suivent une discipline de vie : méditation, ascèse, maître... Le bien-être éprouvé finit par passer. Il revient aussi. Puis il repart. Et ainsi de suite : la roue tourne, et le mal-être perdure. 
La logique de l'expérience est si cohérente qu'elle ne permet pas de sortir de l'expérience. Les expériences "transcendantes" font partie du monde de l'expérience. 
De plus, cette voie est incompatible avec la vision non-duelle : car en vérité, le Soi est l'expérience. Toute expérience est l'expérience du Soi. Il n'y a pas d'expérience spéciale qui serait l'expérience du Soi. 

D'un autre côté, si je n'ai que l'Eveil comme compréhension, sans expérience, que va t'il se passer ?
J'aurais des aperçus de la vérité. 
Mais, comme mon corps et mon esprit ne sont pas assez équilibrés, la confusion me reprendra, et la compréhension sera emportée dans le flot des aléas quotidiens. 
Et donc, je me sentirai frustré.
La voie de la compréhension seule, sans discipline de vie aucune, c'est-à-dire la voie où je vais voir un "Éveillé" qui me dit qu'il n'y a rien et qu'il n'y a rien à faire et que tout est parfait, ne peut conduire la plupart des gens qu'à la frustrations. 
Et souvent, nous concluons que notre compréhension n'était que mentale (superficielle), qu'il faut sentir, ressentir, et nous retombons dans l'impasse de la voie de l'expérience. Nous avons un aperçu fabuleux, puis nous "perdons" l'Eveil, nous avons l'impression que notre vie - notre expérience - n'est pas en accord avec notre compréhension. D'une façon ou d'une autre, cette intuition qui nous avait parue limpide sur le moment, semble à présent floue, lointaine et aussi desséchée qu'un bonsaï après Noël. Il est là. Mais il n'est plus vivant. Et le moindre brin d'air suffira à révéler la supercherie.

Pour autant, j'admet que, dans certains cas très rares, l'expérience peut mener à la compréhension. Et que parfois, la compréhension est parfaite et inébranlable du premier coup. 
Mais soyons honnêtes : c'est rare. 
La plupart d'entre nous sommes plutôt perdus. D'autant que l'expérience d'ouverture de conscience semble elle-même rare, et qu'une compréhension claire et complète de notre vraie nature est rare, elle aussi. En général, on a une ou deux expériences d'ouverture, et parfois une compréhension indirecte ou partielle, de la vérité, du genre : "L'Être est", "Il n'y a que Cela", etc. C'est inspirant au début, mais ça n'est pas cela, l'enseignement non-duel.

Que faire ?
La réponse est simple.
Il faut une discipline de vie qui nous prépare à entendre la vérité. 
Pour cela, il faut surtout comprendre comment fonctionne l'expérience - le corps et le mental. 
Mais inutile de devenir psychologue ou ascète ou grand yogi !
Il suffit d'un peu de sagesse pour vivre de manière à éviter l'agitation extrême, la paresse extrême, et cultiver tout ce qui permet l'équilibre et la clarté. Sans devenir un taliban de la pureté, bien sûr, car nous savons que l'expérience ne mènera jamais à l'Eveil. 
Mais l'Eveil est une compréhension qui passe par le corps et l'esprit - plus précisément par l'intellect - et donc il faut que ceux-ci soient prêts.
Le corps et l'esprit sont comme un miroir :
- croire qu'il suffit de le purifier, c'est l'illusion de la voie de l'expérience. Parce que, même si mon miroir est pur, encore faut-il le tourner vers la lumière !
- croire qu'il suffit de le tourner vers la lumière, c'est la voie de ceux qui misent sur le slogan "il n'y a rien à faire !". Mais cela ne marche pas, car même si j'oriente mon miroir dans la bonne direction, il ne reflétera pas la lumière, vu qu'il est sale.

Un mental agité et encrassé par l'inertie pourra bien entendre la vérité. Il ne la comprendra pas.
Même s'il la comprend, cette compréhension sera instable. 
Comme dit un maître du tantra non-duel : "A quoi bon enseigner ceux dont le cœur (=l'intellect) est impur ? Les mots se poserons en eux comme des flocons sur une pierre chaude !"

Si vraiment nous désirons l'Eveil,
si nous aspirons véritablement à la paix qui dépasse l'entendement,
alors nous devons préparer notre corps et, surtout, notre esprit,
en cultivant de bonnes habitudes.

Trois voies se présentent à nous :

- la voie de l'expérience seule. Une impasse.

- la voie de la compréhension seule. Une impasse.

- la voie de la compréhension préparée. Ça marche.

Après, comme dit le sage Vasishta, "fais ce que tu veux".

jeudi 13 octobre 2016

Le désir est-il une voie vers la liberté ?

Le désir...
Éros est au centre de nos vies.
Qu'on le veuille ou non, nos cœurs palpitent 
et nos entrailles bouillonnent
sous ses flèches,
douces ou dures.




Le néotantra
propose de libérer les émotions en les exprimant.

Mais le tantra traditionnel,
Qu'a-t-il à nous dire sur le désir ?
Peut-on désirer sans souffrir ?
Le détachement est-il la seule voie ?
Le désir joue-t-il un rôle dans la méditation ?
Ou bien méditer, est-ce toujours renoncer au désir ?
Le désir est-il une voie ?

Nous vous proposons un atelier
d'enseignement, de méditation et d'échange
sur ce thème.

Nous nous inspirons de la tradition du coeur,
koula en sanskrit,
union du corps et de l'espace,
du souffle et du silence,
explorée simplement,
à travers les expériences ordinaires de la vie quotidienne.
Icchâ yoga, yoga du désir
aussi nommé
tuti yoga,
yoga de l'instant,
dela plongée dans l'instant
du jaillissement du désir.

Pas besoin d'être un éveillé,
ni de travailler ses chakras,
ni de dresser sa koudalini...
Il suffit d'aimer,
de se plonger sans préjugés
dans l'expérience la plus banale, 
pour y découvrir le joyau tant espéré.

Nous partagerons les instructions précises de cette tradition
du tantra traditionnel afin de reconnaître en nous le Désir qui élève et qui nourrit,
qui transmute les émotions 
et qui nous fait toucher le divin du fond de notre être.
Aucune croyance n'est requise.

Cet atelier complète ceux sur 
voie de méditation du tantra traditionnel. 

vendredi 18 novembre 2016
19-21h
Espace Divyan
1 passage du jeu de Boules
Paris - République
Participation : 20 euros
Attention : nombre de places limité !
Renseignement et réservations :
06 03 33 05 58
deven_fr@yahoo.fr

Rien n'est sans l'Être

Confiant dans l'espace infini
de la Présence


Le monde semble réel.
Mais à y regarder de plus près,
il n'est rien en dehors de l'Être.
Les noms et les formes changent,
l'Être demeure.
Il est la demeure de tout,
et même du non-être !

Le monde n'est donc pas réel,
car il n'a pas d'être indépendamment
de l'Être.
Mais il n'est pas non plus un néant,
car il apparaît.

Le monde est comme un mirage :
ni réel, ni irréel.
Saint Augustin dit :
"Quand je regarde toutes les choses
qui sont au-dessous de Dieu,
je reconnais qu'elles ne sont
ni absolument réelles,
ni un pur néant.
Car elles sont,
puisqu'elles ont reçu leur être de Dieu ;
et elles ne sont pas,
puisqu'elles ne sont pas Dieu,
puisqu'il n'y a d'être réel
que l'Être qui demeure
sans altération ni changement".
Les choses sont l'Être,
mais l'être n'est pas les choses :
il ne se réduit pas à elles,
comme l'espace
ne se réduit pas à un lieu,
si vaste soit-il.
De même,
les pensées sont conscience,
mais la conscience ne se réduit pas 
à une pensée, une émotion.
Les vagues sont de l'eau,
mais l'eau ne s'épuise pas 
dans la forme de telle ou telle vague.
En Inde, Vidyâranya dit de même :
"Si l'on ôte au monde et aux corps
l'Être véritable,
ils ne sont qu'une apparence.
Comment cette apparence
pourrait-elle altérer l'Être ?"

Ainsi je suis l'Être, inaltérable.
Mais par magie,
je semble changer à chaque instant.

Et cette compréhension libère la personne
en même temps qu'elle rend libre de la personne.
Moins centrée sur un corps et une personnalité,
la personne est plus vaste,
ses énergies disponibles pour une vie nouvelle,
plus nette et franche.

lundi 10 octobre 2016

Le grand jour de l'éternité



Tout passe en cela qui ne passe pas.
Le temps est la succession des phénomènes au sein de l'éternité.
Le temps est la respiration de l'Immense,
la danse de sa conscience,
le jeu de ses vagues,
le miroitement de sa lumière, 
comme l'image mobile de l'immuable.

Selon la Reconnaissance,
la Conscience est toujours présente.
Son Acte est la Présence toujours présente
en laquelle tout se présente,
et jusqu'à l'absence des choses
- "Tiens, il n'y a rien !".

Augustin, le plus célèbre des philosophes chrétiens, ne dit pas autre chose :
Dieu est "l'être suprême, qui ne change jamais. Le jour présent", dit-il à Dieu, 
"ne passe point en vous qui êtes toujours immuable 
et toujours le même."
Dieu est "un jour qui dure toujours,
et qui n'est ni passé, ni futur,
mais toujours présent."

Du point de vue de Dieu,
qui embrasse en lui tous les points de vue,
il a tout fait, déjà.
Augustin ajoute donc
"vous avez fait aujourd'hui
tout ce que vous avez fait hier
et dans les siècles passés.
Et vous ferez aujourd'hui 
tout ce que vous ferez demain,
et dans tous les siècles à venir,
parce que vous n'agissez que
dans ce grand jour de l'éternité"
dans le jour unique,
le le jour réel
au sein duquel passent nos jours
comme des songes.

Extraits des Confessions, I, 6